Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 51

Je me réveillai lorsque le soleil commença à me taper trop fort sur le crâne.

J'étais toujours blotti contre le pelage chaud et doux de Trù, tel que je m'étais endormi. Sa présence était particulièrement réconfortante.

Toujours allongé, je m'étirai. Puis je me levai d'un bond.

A part Trù et moi, il n'y avait personne.

Pas de traces de Rosessa ou de Luzraël. Étaient-ils partis ? M'avaient-ils abandonné à mon sort dans cette forêt que je ne connaissais absolument pas ?

Trù se releva derrière moi en grognant, et je rectifiai : j'étais avec Trù. Lulu et Rosessa m'avaient abandonné avec Trù. Je me rassurais en me répétant que j'étais avec Trù, une créature de ce monde. J'allais forcément m'en sortir.

Je me tournai vers Trù. Il avait peut-être vu quelque chose, ce matin, avant que Luzraël et Rose s'en aillent.

- Tu sais où ils sont partis, toi ?

Trù ouvrit un œil et me scruta de son regard violet. Je crus qu'il allait me donner une réponse quand il poussa un très long soupir, se calant un peu plus confortablement au pied de l'arbre. Mais il referma son œil et recommença à ronfler.

Vexé, je rétorquai :

- Ne m'aide pas, surtout !

Il ne fit que ronfler plus fort.

Je donnai un violent coup de pied dans un caillou.

- Zut ! Pourquoi est-ce que je ne les ai pas entendus partir ?

- Peut-être parce que tu dormais trop profondément, fit une voix familière derrière moi.

Je me tournai en direction de la voix. Mon regard tomba dans celui de la personne qui m'avait parlé. Un œil violet, et un œil doré. Rosessa se tenait là, devant moi. Bouche-bée, je gardai mon regard rivé sur elle pendant un très long moment.

Elle finit par détourner le regard et passa devant moi.

- Nous sommes allés chercher de quoi manger. Nous ne voulions pas te réveiller.

- C'est qui "nous" ? interrogeai-je, méfiant.

Une silhouette surgit derrière les épaules de Rosessa. Luzraël. Je poussai un soupir las en le voyant.

- Tu n'as pas réussi à te débarrasser de lui ?

Rosessa me jeta un regard interloqué.

- Pourquoi est-ce que j'aurais voulu me débarrasser de lui, Éthéas ?

Je hochai lentement la tête, commençant à comprendre. Puis je me tournai vers Luzraël, qui m'observait d'un air satisfait.

- C'est toi, n'est-ce pas ?

- Quoi ? demanda-t-il, l'air innocent.

Je me précipitai vers lui.

- Tu avais dit...

- Que je te ferai souffrir, chuchota-t-il. Elle a choisi par elle-même. Je ne l'ai forcée en rien, Éthéas, chuchota-t-il.

Je ne pus me retenir. Je le frappai violemment au visage. Ce que je n'avais pas prévu, ce fut lorsqu'il riposta, me donnant un coup au menton, ce qui me projeta à terre. Les larmes au yeux, je songeai que j'avais des efforts à faire pour devenir meilleur au corps à corps.

Rosessa  courut vers moi, et je crus qu'elle allait me réconforter et gronder ce méchant Luzraël. Mais ce ne fut pas ce qui se passa. Pas du tout.

Je levai les yeux verts Rosessa. Elle me regarda d'un air sévère.

- Pourquoi est-ce que tu l'as frappé ?

- Parce qu'il m'a provoqué, répondis-je honnêtement.

Luzraël s'approcha de nous et entoura les épaules de Rosessa d'un bras afin de la serrer contre lui.

- Ne l'écoute pas, Rosie. Tu me connais, non ?

Elle acquiesça, son regard vairon plongé dans le sien. Puis elle se tourna à nouveau vers moi.

- A l'avenir, Éthéas, évite d'accuser les autres, prononça-t-elle sèchement.

Elle vit volte-face, me tournant brusquement le dos.

Désarmée, je l'observai partir.

Luzraël esquissa un petit sourire victorieux à mon intention, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon. 

Puis il me glissa, en passant devant pour rejoindre Rosessa : 

- Je te l'avais bien dit.