Chapitre 34

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Le temps paraît se suspendre un instant, tandis que des éclats de verre tranchants se dirigent vers mes ennemis.

Je n'attendis pas que les éclats de verre touchent leurs cibles. Je ne m'étonnai pas. Ma magie finissait toujours par me sauver, et je lui en étais reconnaissant, même si elle finirait par me tuer.

Alors je courrai, avec un seul but en tête : sortir.

J'entendis des hurlements derrière moi, des vociférations puissantes. 

Mais je passai le portail. Je n'écoutai pas ce que cette créature m'avait dit. Lorsque Rose hurla à nouveau, j'étais prêt. Je serrai vaillamment les mâchoires, le cri de Rose résonnant au plus profond de mes entrailles, mais je passai le portail du parc.

Rose se tut. J'espérai qu'elle allait bien. Mais je n'avais pas le temps de m'arrêter pour le vérifier.

J'étais poursuivi. Je n'entendais rien, mais les créatures savaient se faire discrètes. Heureusement, la peur me donnait des ailes. Je ne courrai plus, je volai.

Mes pas sur les dalles au sol résonnaient dans le silence. Je n'avais plus de souffle, mais je n'avais pas le droit de m'arrêter. Pas avant d'être arrivé juste devant le dôme, où il faudrait que je me dépêche de sortir les miroirs, en espérant que ce système fonctionne une seconde fois.

Je sortis de la ville et continuai à courir. J'avais quelques kilomètres à faire, mais je ne m'arrêtai pas, ni ne regardai dans mon dos. C'était la pire des choses à faire lorsqu'on était pourchassé. 

Je n'avais pas le droit à la moindre erreur. Car, au moindre faux pas de ma part, Rose et moi mourrions aussitôt.

Je finis par arriver près de l'endroit où nous avions réussi à pénétrer à l'intérieur du dôme. C'était mon jour de chance ; il n'y avait pas de gardes. 

Je posai délicatement Rose (qui regardait toujours dans le vide) sur le sol. 

Je sortis ensuite les miroirs du sac de Rose et les positionnai sous les dôme en croisant les doigts en pensée. Je les écartai et, comme pour la première fois, le dôme se brisa, créant une petite ouverture, assez large pour nous faire passer, Rose et moi.

Il y eu des petits cris derrière moi. J'expirai pour me donner du courage, et me retournai pour aller chercher Rose.

Je vis alors des centaines de créatures se diriger vers moi à pas lents, dans un silence glaçant.

Je restai immobile quelques secondes, puis attrapai Rose et la poussai dans l'ouverture. Elle tomba par terre de l'autre côté, mais au moins, elle était toujours en vie.

Les créatures bondirent. Je saisis le sac de Rose et me jetai dans l'ouverture, tout en attrapant les miroirs pour la refermer juste derrière moi.

J'atterris dans la terre meuble, les yeux fermés. Lorsque j'ouvris les paupières, je vis les créatures me toiser depuis l'intérieur du dôme. Elle ne pouvaient pas passer, nous étions donc sauvés.

J'avais réussi, et c'était tout ce qui m'importait.

Je redressai Rose et hurlai à m'en briser les cordes vocales :

- Trù ! Trù ! Trù !

Je finis par le voir, dans le ciel. Il descendit en piquée vers nous, et se stabilisa avant d'atterrir. Je pris une Rose inconsciente dans mes bras et grimpai sur son dos en lui disant :

- Emmène-nous loin d'ici, mon vieux.

Trù fit battre ses ailes sans la moindre hésitation. Je compris qu'il avait autant confiance en moi que dans Rose.

Tandis que nous décollions, je repoussai les cheveux de Rose en arrière. Elle s'était évanouie, et était toute pâle. J'espérais qu'elle retrouverait son état normal au réveil.

Épuisé, inquiet pour Rose, je n'avais même plus peur du vide.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now