Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 30​

Au pied du palais, caché derrière des buissons épais, je pensai à Rose. Ma mâchoire se contracta aussitôt, et mes poings se serrèrent tellement que je sentis mes ongles s'enfoncer dans mes paumes.

Je n'allais pas laisser le roi faire ça plus longtemps. Il fallait que je trouve une solution à ce problème. Le mieux serait de détruire le dôme ou de tuer le roi. Mais je ne savais pas comment faire pour la première idée, et je n'étais sûrement pas un meurtrier ! Bref, j'avais besoin de la vraie Rose, mais elle avait disparu. J'étais seul.

La porte du palais était incrustée dans la roche de la montagne, et gardée par deux gardes. Je réfléchissais depuis longtemps dans ces buissons, sans trouver comment passer. Comment ne pas se faire prendre ?

Mes yeux fixés sur la porte, mes pensées tournées vers Rose, je sentis la colère monter en flèche. Une boule de magie violette se matérialisa dans mes mains. Ma magie était vraiment bizarre. Sans plus réfléchir, je jetai cette boule lumineuse sur les gardes, qui s'écroulèrent aussitôt.

Sans plus attendre, je sautai hors du buisson et courut vers la porte. Elle était noire, constellée de petits cristaux argentés. Il n'y avait pas de poignée. Mû par un instinct puissant, je plaquai ma paume sur un cristal en particulier, qui étincela brusquement. La lumière fut tellement vive que je fermai les yeux.

Puis, comme le silence m'entourait, je me risquai à soulever mes paupières. Je retins un cri. Ici, tout brillait. Les murs, le sol, le plafond...et moi aussi ! Comme si des milliards de cristaux étaient incrustés dans ma peau.

Je reculai. Avisant une porte à ma gauche, je me faufilai dans l'ouverture et fus troublé par le brusque changement. Dans ce couloir, tout était noir et glacial. Je frissonnai. Même ma peau ne brillait plus. Elle se fit de plus en plus froide à mesure que j'avançai dans le couloir. Je compris que je marchai vers le roi, et que mon corps, ainsi que la décoration, le sentaient et voulait me prévenir. Je me trouvais donc sur la bonne voie.

Mais comment savoir où se trouvait la Prophétie ?

Je longeai les murs, le bruit de mes pas résonnant dans le silence assourdissant.

Au bout du couloir, j'empruntai des marches qui descendaient dans les profondeurs. J'effleurai les pierres froides sur un mur et croisai les bras. A chaque marche, mon corps se glaçait un peu plus. J'eus soudain peur. Le roi ne devait pas être loin. Et s'il m'apercevait...c'en était fini de moi.

J'arrivai à un embranchement. Le couloir de gauche était rouge, une couleur normalement chaleureuse mais qui me fit penser au sang. Les murs étaient tellement froids que je choisis le second couloir, en pierres vertes.

Je longeai les murs en frissonnant. J'avais hâte de trouver la Prophétie et de sortir d'ici au plus vite ! Il n'y avait aucun bruit, et je sursautais à chacune de mes respirations.

Soudain, un hurlement à vous glacer le sang déchira le silence. Je me figeai sur place. Lorsque je soulevai un pied pour le poser devant moi, des cris me fendirent le crâne en deux.

Je brûlai de l'intérieur. Je me noyai. C'était affreux. Je tombai et glissai sur le sol en me tenant la tête à deux mains. Après ce qui me parurent être des heures, je n'avais plus qu'une seule envie : mourir. Ces cris étaient atroces...

Puis, après un très long moment de supplice, les hurlements dans ma tête s'estompèrent et laissèrent de nouveau place à ce silence inquiétant. J'avais la nausée.

Je me redressai lentement, épuisée comme si c'était moi qui venait de pousser ces cris interminables.

Je réussis à me relever et à reprendre ma marche. Il le fallait. Je devais retrouver Rose.

Rose.

Rose.

Rose.

Je finis par arriver au bout du couloir. Une vive lumière m'accueillit. Je plissai les yeux, déconcerté. Plus je m'approchais, plus il me parut évident que c'était le chemin. Mais lumière était tellement forte que je ne savais pas de quoi il s'agissait : gouffre ou chemin ?

J'allais le savoir dans une petite seconde, car je pris mon courage à deux mains et fis un pas dans la lumière.