Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 6

La lumière du jour m'aveugla. Un bruit continu se faisait entendre. Une fois ma vision retrouvée, j'observai les alentours. La première chose que je vis fut une cascade. C'était elle qui provoquait le bruit que j'avais entendu. La deuxième chose que je vis fut le merveilleux paysage. On se serait dit dans un monde...magique. Je me giflai mentalement. Bien sûr qu'on était dans un monde magique ! Les chiens-hommes me l'avaient bien prouvé, tout comme la lumière qui était apparue sur mon corps dans le tunnel pour nous éclairer !

Le paysage était stupéfiant. A droite de la cascade d'eau s'étendait une forêt qui avait l'air particulièrement grande. Les arbres se balançaient doucement au gré du vent, et le soleil faisait luire leurs feuilles d'un éclat doré. A droite de la cascade se trouvaient des parois rocheuses. Je levai la tête et aperçut, au delà de la roche, de hautes montagnes, si hautes que leur pic disparaissait dans les nuages. Un paysage à couper le souffle !

La troisième chose (et la dernière) que je vis fut Rose, près de la cascade, devant un bassin rempli d'eau que je venais seulement de remarquer. Elle regardait l'eau comme si celle-ci pouvait prédire son avenir. L'eau était si claire...Dans le monde des humains, de là où je venais, l'eau était souvent polluée, et même dans les endroits les plus naturels du monde entier, je n'avais jamais vu un eau aussi pure que celle-ci. Curieux, je m'approchai doucement. Rose dût entendre mes pas sur le sol en terre, car elle se redressa, comme prise sur le fait. Elle se détourna de l'eau et me scruta. Je la regardait elle-aussi. Des oiseaux s'envolèrent en piaillant dans la forêt, mais rien ne nous fit détourner le regard de l'un de l'autre. Ma bouche s'assécha brusquement. Elle plissa les yeux, pencha la tête sur le côté, comme si j'étais une chose étrange, une énigme, un mystère pour elle.

- Qui es-tu ?

La première parole aimable et dénué de tout venin qui venait d'elle. La question me déconcerta d'abord, puis je me sentis choqué. Qui j'étais ? Personne ne m'avait jamais posé cette question. Là, maintenant, je ne savais pas qui j'étais. Qui étais-je ?

- Je suis Éthéas, répondis-je d'une voix que j'espérais ferme.

Mais ma voix trembla à la fin de mon prénom. Elle leva les yeux au ciel. Ah, la Rose que je connaissais était de retour !

- Qu'es-tu ? reformula-t-elle.

- Comment ça ?

Rose se mit à faire les cent pas devant moi. Puis elle brandit un doigt accusateur dans ma direction.

- Tu as réussi à pénétrer dans ce monde, normalement interdit aux humains, tu t'illumines...

Elle se tut un instant, puis reprit :

- Et pourtant tu es humain. Ou pas. Je ne sais pas !

Elle semblait à deux doigts de s'arracher les cheveux. Ses yeux vairons me toisaient. Je levai les mains en signe de paix.

- Explique-moi tout, dans ce cas.

- Je ne comprends pas ! s'écria-t-elle, visiblement à bout de nerfs. Pourquoi...Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu es...

- Et toi, qui es-tu ? Ou plutôt, qu'es-tu ?

Elle grommela des paroles incompréhensibles.

- Je te demande pardon ?

Elle se détourna.

- Tu n'as rien besoin de savoir à propos de moi.

- Alors toi non plus, rétorquai-je d'une voix glaciale.

Elle se tourna à nouveau vers moi, peut-être étonnée par mon brusque changement d'attitude. Elle se remit à faire les cent pas sans me quitter des yeux.

- Tu n'es pas humain, observa-t-elle.

Je levai les yeux au ciel, de la même façon qu'elle un peu plus tôt.

- Alors on m'aura menti toute ma vie ! m'exclamai-je.

Elle se figea.

- Qui sont tes parents ?

- Des êtres humains tout à fait respectables, répondis-je calmement.

Elle fronça les sourcils.

- En es-tu bien certain ? demanda-t-elle.

- Je pense que je connais mieux mes parents que toi, articulai-je lentement, tout mon corps vibrant de colère devant ses paroles.

- Mais...

- Il n'y a pas de "mais" ! criai-je, la faisant sursauter. Mes parents sont humains, laisse-les en paix, ils n'y sont pour rien dans cette histoire !

Et ma mère était toute seule, sans moi. Elle devait se ronger les sangs...

- D'accord, d'accord, dit Rose. Mais il faut que je sache une chose.

Je penchai la tête sur le côté, méfiant.

- Très bien. Vas-y.

Elle expira.

- As-tu été adopté par tes parents ?