Chapitre 18

21 8 9
                                    

Rose continua de marcher sans s'arrêter. J'avais l'impression qu'elle essayait d'évacuer la peine dont elle avait parlé tout à l'heure. Moi, marcher ne me suffisait pas après avoir appris que j'allais mourir à cause de cette fichue magie !

Soudain, Rose s'arrêta et se tourna vers moi. Derrière elle, c'était la fin du tunnel. Je le reconnus à la lumière. J'avais hâte de sortir d'ici.

Rose chuchota :

- Il va falloir être assez silencieux pour passer cette voûte. D'accord ?

J'acquiesçai en silence, curieux. Je ne pensais pas avoir de raison d'être effrayé, car Rose ne l'était pas. Elle avait même l'air plutôt sereine. Que me me réservait encore ce monde ?

- Qu'est-ce que...

- Contente-toi de regarder et de te taire.

Je pinçai les lèvres, mécontent qu'elle me parle de cette façon. Je n'était pas un chien !

Rose posa un doigt sur ses lèvres, et franchit la sortie. Je la suivis aussitôt, et émergeai dans un monde merveilleux.

J'eus l'impression d'être dans un autre monde (d'accord, je l'étais déjà, donc : l'impression d'être dans un autre monde que celui-ci). J'étais émerveillé comme je ne l'avais jamais été dans ma vie.

Autour de moi, dans les hautes parois rocheuses, étaient incrustés des cristaux colorés et lumineux. Le plafond au-dessus de nos têtes était décoré d'un immense soleil qui semblait pleurer, car des rubans dorés s'enroulaient autour de poteaux qui tenaient la voûte. Le sol était fait de pierres argentées au centre de la pièce, tandis que le reste du sol était rocheux, comme dans les tunnels. Je compris que j'avais un motif sous mes pieds et je m'écartai pour mieux le voir. C'était une lune, qui s'opposait parfaitement au soleil du plafond.

Cette salle était magnifique. Je sus que j'affichais un air béat. D'ailleurs, Rose me surprit en train de rêvasser :

- Ferme la bouche, me dit-elle, moqueuse.

Dans ce monde, les couleurs étaient extraordinaires, je l'avais déjà remarqué. Mais ça me frappa encore plus dans cette immense salle. Je me rendis compte que les couleurs de mon monde étaient bien fades.

Je compris quelque chose. Mon cœur se serra. Je n'avais plus envie de rentrer chez moi. Bien sûr, mes parents devaient s'inquiéter, et j'avais envie de les revoir, mais je n'avais plus envie de partir d'ici, même si j'avais plus de risques de mourir.

Si ma magie devait me consumer, je voulais mourir ici, et qu'on m'enterre ici. Je voulais revoir une dernière fois mes parents avant. Puis retourner ici, mourir, et être enterré.

J'eus les larmes aux yeux. Je les essuyais discrètement sur ma manche et regardai Rose. Elle observait le soleil peint au plafond avec un sourire étincelant. Je m'approchai d'elle.

- Tout va bien ? demandai-je.

Difficile qu'elle aille mal avec un sourire pareil !

- Parfaitement.

Je continuai de regarder autour de moi.

- C'est quoi, cette salle ? je demande.

Elle sourit encore plus largement, alors que je me demandais si c'était même possible.

Rose me prit par les épaules et me fit pivoter sur moi-même.

- Cette salle, Éthéas, c'est nous.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant