Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 60

Le sol était froid. Glacial, même.

C'était avec cette pensée-là que je venais de me réveiller. Je me trouvais à nouveau rattaché à mon corps, comme je pus le constater en bougeant mes orteils pour m'en assurer.

Je me levai avec difficulté. Une douleur au niveau de mon cou me fit grimacer. Lorsque je touchai l'endroit et retirais ensuite ma main, je découvris qu'elle était rouge de sang frais.

Pourquoi le vieil homme m'avait-il donc fait du mal ? Il n'était pas censé m'aider ? Pourquoi m'avait-il trahi de la sorte ?

Il ne m'avait pas beaucoup aidé, mais ma vision des choses était étonnamment plus claire. J'avais choisi le Bien, et j'allais œuvrer pour cette noble cause.

Tout cela était loin d'être terminé.

Il fallait absolument que je trouve Luzraël et Rosessa. Et que je retrouve aussi Trù.

Je me rendis compte qu'il s'agissait de la première fois que j'étais seul dans le Monde Interdit. Rosessa avait toujours été à mes côtés, du début à la fin. Trù était venu ensuite, puis Luzraël. Bref. J'étais seul cette fois-ci. Je n'avais aucune carte, aucune connaissance sur ce vaste monde... Tout allait parfaitement bien se passer !

Je me fis une obligation de positiver.

Mon but était de trouver la Prophétie. C'était presque la seule chose qui n'avait pas changé.

Il fallait que j'avance. Tout droit, car c'était dans cette direction que Luzraël s'était dirigé. A moins que... J'étais perdu. Je pris une grande inspiration et pointai mon doigt dans une direction au hasard. Au pire, je reviendrai sur mes pas. Je n'avais aucun moyen de m'orienter. Et surtout, je ne savais pas où j'allais.

Alors que je m'apprêtai à prendre un chemin inconnu, quelque chose attira mon attention. Un étrange symbole était gravé sur le tronc d'un arbre.

Je passai lentement mon doigt dessus, époussetant l'écorce. La marque était comme taillé avec un couteau. Je l'effleurai une fois encore, en fermant les yeux. Puis je rouvris les paupières, doucement, très doucement. Et le chemin m'apparut clairement.

Les symboles sur les arbres se mirent à rougeoyer, et je sus où je devais aller. A l'exact opposé de ce que j'avais déduit. Bon. J'étais parti !

Je m'enfonçai dans la forêt en suivant les marques gravées sur les troncs. Je me mis finalement à courir, et une étrange sensation d'urgence s'empara de moi.

Soudain, je me figeai. Il n'y avait plus aucun symbole. Le dernier que je vis s'éteignit petit à petit. Puis je fus plongé dans le noir.

J'expirai lentement. Il y avait encore des arbres devant moi. Cette partie de la forêt était très sombre, très obscure.

J'avançai au milieu des troncs. Il y avait du brouillard, beaucoup de brouillard.

Je trébuchai sur une racine, et me rattrapai de justesse à un tronc. Tiens, ça me rappelait le jour où j'avais rejoint mes amis au parc, avant de trouver cette étrange phrase qui avait tout fait basculer... Des gens m'avaient bousculé et je m'étais raccroché à un lampadaire. Sauf qu'ici, il n'y avait personne, seulement de la brume qui me cernait de toutes parts, accompagnée d'un silence des plus angoissants.

Je déglutis. Un grosse boule commençait à prendre forme dans ma gorge, me bloquant la respiration. Je me sentis oppressé.

Je continuais à avancer, ne regardant que droit devant moi. J'allais y arriver. Il fallait que j'y parvienne...

J'avançai mon pied, mais il ne rencontra rien d'autre que le vide. Je sursautai, et reculai précipitamment.

Devant moi se dessinait le plus beau paysage qu'il m'avait été donné de voir.