Chapitre 27

17 6 3
                                    

Je commençai à stresser. Nous nous étions cachés à nouveau dans les fourrés pour attendre la prochaine ronde de gardes, mais peut-être que mon idée n'était pas si bonne que ça, en fin de compte...

J'inspirai un grand coup, et Rose me demanda :

- Ça va ?

J'acquiesçai, et nous ne dîmes plus un mot, concentrés sur le dôme. Au moment où je commençai à perdre patience, des bruits de pas se firent entendre, et un groupe de soldats apparut au détour du virage. Je tirai Rose par la manche et chuchotai :

- Ils sont là !

- J'avais remarqué ! répondit-elle sèchement.

Comme je savais que cette soudaine sécheresse cachait en réalité la peur de ne pas réussir notre mission, je ne m'en formalisai pas.

Le groupe de gardes se rapprocha, et mes muscles se tendirent. J'avais tellement peur qu'ils nous découvrent ! Mais ils passèrent devant notre buisson sans nous remarquer. J'essuyai mon front luisant de sueur d'un revers de main. Lorsque le groupe de soldats disparut, nous attendîmes quelques secondes puis nous nous redressâmes.

Rose me regarda en posant une question silencieuse. Je hochai doucement la tête, et nous nous élançâmes vers le dôme. IL fallait nous dépêcher !

Rose posa son sac par terre et se mit à fouiller dedans.

- Un miroir, marmonna-t-elle.

- Il en  faudrait deux, complétai-je.

Rose m'ignora et sortit un drôle d'objet de son sac. Un morceau de tissu informe et sale.

- Le miroir est là-dedans ? lui demandai-je.

Elle me toisa d'un air profondément agacé, et je ne dis plus rien pour la laisser tranquille, même si j'étais intrigué.

Rose referma son sac et secoua le morceau de tissu.

- Miroirs ! chuchota-t-elle en secouant le tissu de plus belle.

J'ouvris la bouche avec l'intention de lui expliquer que secouer un tissu en lui demandant des miroirs ne fonctionnerait pas, mais brusquement, le tissu changea de forme.

Après quelques scintillements, Rose ne tenait plus un chiffon dans sa main, mais bien deux miroirs impeccables. J'étais bouche-bée.

Rose me regarda d'un air condescendant.

- Ne jamais se fier à l'apparence, dit-elle.

- Mais je...

Elle me jeta un regard noir et me tourna le dos. Elle avait raison. Je m'étais fié à l'apparence de ce morceau de tissu, alors que je n'aurais pas dû. Je me mordis la lèvre et demandai, curieux :

- Comment est-ce possible ?

Rose grommela en réponse.

- Pardon ? Je n'ai pas entendu, ironisai-je.

Elle se tourna à nouveau vers moi et montra les miroirs dans sa main.

- Cet objet est magique, Éthéas, m'expliqua-t-elle d'un air suffisant. Il suffit que je lui demande quelque chose, et il se transforme.

- Et où est-ce que tu l'as eu ?

Elle en perdit son sourire.

- C'était un cadeau, fit-elle vaguement.

Apparemment, ce sujet ne lui plaisait pas, car elle me tourna encore le dos et s'agenouilla sur le sol, le plus proche possible du dôme.

- Et si on commençait ?

Je décidai de ne pas insister et m'accroupis près d'elle.

- Tu permets ?

Elle me tendit les miroirs sans aucune hésitation, et je les saisis entre mes doigts, les sourcils froncés.

Le sol était assez plat, ce qui nous faciliterait la tâche. Je collai les miroirs l'un contre l'autre et les positionnai sur le sol. J'inspirai puis les rapprochai lentement du dôme scintillant. Rose, juste à ma gauche, quasiment collée contre mon épaule, retenait son souffle.

Lorsque les miroirs pénétrèrent sous le dômes, il ne se passa rien.

- Tu te sens normal ? me demanda Rose, l'air anxieuse.

Je la rassurai aussitôt.

- Tout va bien.

- Pour le moment, marmonna-t-elle, mais je sentis une pointe d'espoir dans sa voix.

Elle y croyait, et espérait que ça marche. Je n'avais pas besoin de plus pour continuer.

- Prête ? l'interrogeai-je.

Elle planta ses yeux dans les miens. Ils étaient totalement dorés près du dôme, ce qui me déconcertait.

- Si tu es prêt, Éthéas, je suis prête.

Alors je décollai lentement les miroirs en retenant mon souffle.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum