Chapitre 36

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Une silhouette s'avança lentement vers nous, le visage caché dans la pénombre.

- Qui êtes-vous ? demandai-je, méfiant.

- Comment ça, "pas le véritable Élu" ? questionna Rose, la voix rauque. C'est lui, l'Élu. Je le sais depuis que je...

- Non.

La voix était hypnotique, mais je me concentrai sur l'ombre qui continuait de marcher vers nous. Lorsque son visage sortit enfin de l'ombre, je vis apparaître avec stupéfaction un garçon qui semblait avoir le même âge que moi.

Il n'était pas particulièrement beau, mais il dégageait une aura magnétique. Ça devait être le genre de personne qui, quand elle rentre dans une pièce, a tous les regards braqués sur elle. Il avait une mâchoire volontaire et des traits comme dessinés au couteau. Ses cheveux, ainsi que ses yeux, étaient sombres. Ses prunelles ne m'inspirèrent pas confiance : on aurait dit deux trous noirs. Ma mère me disait souvent que nos yeux reflétaient nos sentiments. Ce garçon n'en montrait aucun. Il était...différent.

- J'ai vu le rêve, dit-il, en tournant la tête vers Rose.

OK. J'étais invisible.

- Le...le rê... le rêve ? bégaya-t-elle.

- Quel rêve ? m'enquis-je.

- Le rêve que reçoit l'Élu, me répondit Rose dans un murmure, sans me regarder.

Je me levai, tout en restant devant Rose, toujours allongée au sol.

- Qui es-tu ? demandai-je une seconde fois.

Cet étrange garçon ouvrit les bras.

- Que veux-tu savoir ?

- Tout.

Il ouvrit grand ses bras.

- Je viens de Paris, petit. J'ai lu la phrase sur le mur après avoir reçu cette vision, et me voici.

- Ça ne répond pas vraiment à ma question, observai-je. Et je m'appelle Éthéas, pas "petit". Je pense que nous avons le même âge.

Il sourit. Sans chaleur, sans émotion.

- Tu n'es qu'un enfant, un imposteur, qui ne sait pas utiliser sa magie.

Je reculai, en tentant d'expirer calmement.

- Ce que tu dis est faux. Je sais l'utiliser.

Il secoua la tête, toujours avec un sourire.

- Mon pauvre... Tu n'es vraiment pas l'Élu. Tu n'as pas reçu le rêve. Imposteur !

Il se moquait de moi... Je me tournai vers Rose, brisé.

- Rose ? Est-ce qu'il dit la vérité ?

Elle ne me répondit pas. Le regard rêveur, elle s'était assise et regardait cet étrange personnage. Je me plaçai devant elle pour couper la connexion.

- Ton nom, s'il te plaît.

- Et qu'en feras-tu ?

- Ce que je jugerai bon d'en faire.

Il pencha la tête sur le côté. Au moment où je crus qu'il n'allait pas me répondre, il lâcha :

- Luzraël.

Pardon ?!

- Luz...quoi ?

- Luzraël, répéta-t-il, le regard neutre.

Intérieurement, je tentai de lutter. Mais je ne pus le retenir et me pliai en deux pour exploser de rire.

Puis je finis par me redresser, et essuyai mes larmes de rire.

- Luzraël... Tu te moques de moi, là, non ?

Il eut l'air agacé.

- Je n'ai aucune envie de prendre le temps pour me moquer d'un gamin, crois-moi.

Je pouffai, sa remarque ne m'atteignant absolument pas.

- Luzraël. Magnifique mélange de Lucifer et Azraël, le chat de Gargamel dans les Schtroumpfs !

Nouvel éclat de rire de ma part.

- Qu'est-ce qui te fait rire ? demanda... Luzraël.

- Ton nom, mon petit. Il est tellement...ridicule.

- Tu crois que le tien est mieux ?

- Clairement.

Je m'essuyai de nouveau le coin des yeux avec la manche de mon pull. Quel nom ! Quelle histoire !

- Tu dis que tu viens de Paris. Alors comment peux-tu connaître ce monde ?

Il esquissa un sourire carnassier et fit un pas en avant, vers moi.

- Tu vois, Éthéas... C'est ça, le problème. Tu ne connais rien de rien à ce monde. Moi, oui. Pour répondre à ta question, je suis comme Rose. Une pièce rapportée.

Je fronçai les sourcils.

- Comment ça ?

- Rose et moi sommes nés ici. Puis nous avons été envoyés sur Terre. A l'annonce de la Prophétie, nous avons été transportés ici.

- Alors moi, je suis quoi ?

- C'est simple, Éthéas. Très simple, même. Rose et moi sommes les Élus. Et toi... Tu n'es rien.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant