Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 40​

Alors que je me dirigeai vers Trù, un cri perça le silence qui s'était installé dans la sombre grotte :

- Non !

Il s'agissait de Rose. Je me précipitai aussitôt vers elle, angoissé.

Les yeux fermés, elle dormait toujours, faisant un cauchemar qui semblait particulièrement atroce. Peut-être revivait-elle un souvenir douloureux ?

Je lui touchai la main. Et il y eut un vive éclair.

J'étais dans la grotte. Je flottai.

Je vis mon corps étendu à terre, celui de Rose près du mien. Nos mains étaient liées, et il émanait d'elles une puissante et aveuglante lumière. Là où était supposé se trouver Luzraël, ne se situait qu'une ombre informe. Tout comme du côté de Trù, d'ailleurs.

Éthéas !

C'était la voix de Rose. Mon instinct me dicta de regarder derrière moi. Ce que je fis. Et, avec le plus grand étonnement, je vis une autre Rose, toute habillée de blanc lumineux, assise sur un rocher. 

Elle me parlait dans son esprit.

Rose ?

Qui est Rose ?

Paniqué, j'observai le visage de la vraie Rose, toujours endormie par terre, toujours en train de crier. Je ne l'entendais pas, mais sa bouche était ouverte, et sa poitrine bougeait en un rythme saccadé.

Tu ne sais pas qui est Rose ? demandai-je à l'autre Rose, celle en blanc.

Non. Comment est-elle ?

C'était un cauchemar. Était-elle amnésique ? Le dôme avait-il eu un effet secondaire sur elle ?

Tu ne t'appelles pas Rose ?

La Rose en blanc secoua négativement la tête.

Quel est ton nom, alors ? demandai-je avec le plus de douceur possible, alors que j'étais en réalité mort de peur.

Je m'appelle Rose-Essaline, répondit-elle en penchant la tête sur le côté.

Rose-Essaline...

Je me souvins soudain comme j'avais trouvé bizarre son prénom lorsqu'elle me l'avait donné, après que nous soyons sortis du terrier. Il ne m'avait paru pas réel, comme incomplet. Tout simplement parce que Rose était le début du prénom de Rose-Essaline !

Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

Elle ferma les yeux.

Je n'aime pas ce prénom.

Pourquoi ?

Elle rouvrit les paupières.

Il me vient de ma mère, et de ma grand-mère.

Et qu'est-ce que... 

Ma mère ne m'aimait pas. Voilà la raison.

Alors tu n'es ni Rose, ni Rose-Essaline. Pour moi, tu seras...Rosessa.

Rosessa..., répéta-t-elle, pensive.

Rosessa. (La vraie Rose cria encore, et je l'entendis, cette fois-ci, comme si le lien avec la Rose en blanc commençait à s'estomper...) Que se passe-t-il ?

Rose se mit à marmonner dans le vide. Elle commença à s'effacer, à devenir plus flou. Je compris que notre lien menaçait de se briser. Alors je me précipitai vers elle et lui serrai fort la main.

Tu...Il...Élu... Je ne sais plus.

Elle parut soudainement plus lucide.

Fais attention, Éthéas... C'est terminé. Seul toi peut encore tous nous sauver.

Puis elle s'effaça complètement, laissant une trace de son passage dans son dernier murmure.

Rosessa.