Chapitre 38

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Un museau humide se posa sur ma joue. Trù. Je lui donnai un léger coup de coude, mais il insista avec un petit gémissement, si bien que je finis par poser ma main sur sa tête afin de le caresser. Je rejetai ma tête en arrière, la posant sur la roche, et m'assoupis.

Lorsque je me réveillai, la tête poilue de Trù était posée sur mes genoux. Lui était toujours endormi, contrairement à moi.

J'observai la caverne. Peut-être que cette rencontre avec Luzraël n'avait été qu'un très, très, très mauvais rêve ?

Mais il était toujours là. Et il caressait les cheveux de Rose. Ils discutaient à voix basse, comme seuls au monde.

Je réalisai à cet instant combien j'étais jaloux.

Je me méfiais de Luzraël. Il n'avait pas été franc. Certains points de son récit restaient vagues. J'avais vu le vieil homme en rêve, ça signifiait bien quelque chose ça, non ? Pour Luzraël, je n'étais qu'un moins-que-rien qui ne méritait pas de se trouver dans la même pièce que lui. Et ça, ça m'exaspérait vraiment.

Je les regardai en silence. Rose avait l'air de s'être trouvée le parfait confident ! Soudain, ils rirent, et je serrai les poings. Pourquoi j'étais là, déjà ? Ah, oui. Parce que je n'avais nulle part où aller, et que Luzraël m'avait très gentiment proposé de rester avec eux.

Je pensais que ça irait mieux, avec Rose, maintenant. Mais bien sûr, il faut que Luzraël arrive et fiche tout en l'air ! Je n'imaginais rien de particulier, seulement... J'avais l'espoir que Rose et moi soyons amis. Pas forcément plus. Mais déjà, juste être amis aurait été un grand pas. Parce que, jusque là, on s'était tolérés.

J'aurais aimé la connaître un peu plus. J'aurais aimé savoir quels secrets son passé renferme. J'aurais aimé tout savoir. Enfin, tout ce qu'elle aurait pu vouloir me confier. Mais il faut croire, que je n'étais pas assez bien pour elle.

J'avais pensé qu'en changeant de comportement, elle pourrait m'apprécier un peu plus, mais ce n'était apparemment pas le cas. Elle préférait les garçons magiques et sûrs d'eux, qui venaient de Paris. Des garçons appelés Luzraël, aussi désagréables que débiles.

Je vis Luzraël se pencher en avant pour chuchoter quelques mots à l'oreille de Rose. Je vis douloureusement un sourire se former sur ses lèvres. Je serrai les dents. J'aurais voulu être celui qui la fasse sourire. J'aurais voulu être celui qui la fasse rire. Mais je n'avais aucune chance. Car elle avait choisi le type de personne qui n'était pas moi. Elle avait choisi la personne qu'elle pensait être la bonne. Ce n'était pas moi. 

Et je compris, en les regardant se sourire avec complicité, que cette personne qui la ferait rire et sourire, ce ne serait jamais moi. Je ne méritais pas Rose. Elle méritait mieux. Mais, à mon sens, elle méritait encore mieux que Luzraël. Elle méritait le meilleur.

C'est ça qui me fit le plus mal. Je n'étais pas à la hauteur de la fille que j'appréciais sincèrement. Elle m'avait jeté comme une vieille chaussette, dès qu'un autre garçon, plus sûr que moi, plus beau, plus fort et plus magique était apparu.

Je fixai le dos de Luzraël, et lui jetai le regard le plus noir possible. Il le méritait.

Puis je me tournai vers la gauche, pour ne plus les voir discuter, car ça me faisait trop mal au cœur.

Je finis par réussir à me rendormir.

Le sourire de Rose hanta mes rêves.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now