Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 8

Je m'apprêtai à répliquer quelque chose lorsqu'un long hurlement à en glacer le sang résonna derrière nous. J'aurais pu reconnaître ce hurlement entre mille ; les chiens-hommes se rapprochaient.

- Comment ont-ils fait ? interrogeai-je Rose.

- Le sortilège n'est pas éternel, me répondit-elle avec dédain. Plus je m'éloigne, plus il devient faible. Nous aurions dû fuir par la forêt depuis longtemps.

Elle disait ça comme si c'était de ma faute ! On avait discuté, donc on était tous les deux coupables. Et puis, c'était elle qui avait commencé, avec ses questions sur mes parents.

- Alors il faut nous dépêcher, dis-je.

- Comme si je ne le savais pas.

Rose traçait des drôles de formes sur le sol en terre.

- Que fais-tu ? demandai-je.

- Des sortilèges. Avec un peu de chance, ça les ralentira.

Elle en traça aussi sur la sortie du tunnel.

- Même si les sortilèges faiblissent au fur-et-à-mesure que l'on s'éloigne, nous serons loin lorsqu'ils voudront partir à notre recherche.

- Ils vont continuer ?

J'étais horrifié. Pas question de me coltiner ces chiens-hommes dégoûtants !

- Personne dans ce monde ne s'arrête avant d'avoir trouvé ce qu'il veut.

- Il va falloir être stratégique.

J'avais fièrement redressé la tête en disant ça. Pour moi, la stratégie était essentiel.

Mais loin de se montrer impressionné par mon esprit logique, Rose se moqua de moi.

- Pas besoin de stratégie ! Petit garçon, tu vas vite apprendre que dans ce monde la stratégie n'a pas sa place. Il faut du courage et savoir se cacher. Si tu ne connais pas ces deux choses, tu meurs.

Puis elle se détourna de moi et marche vers la forêt. A la lisière, elle s'arrêta, mais ne se tourna pas vers moi.

- Et le courage ne signifie pas forcément de combattre. Le courage, c'est savoir admettre qu'on a besoin de se cacher. C'est ce que j'ai fait toute ma vie, et ç'a toujours bien marché jusqu'ici. Si tu ne comptes pas respecter mes règles, tu peux rester ici et te faire déchiqueter par ces bêtes avec stratégie.

Et elle s'enfonça entre les arbres de la forêt, me laissant seul devant la cascade.

J'inspirai, j'expirai. Je n'aimais pas tourner le dos, ne pas combattre, affronter la menace. J'aimais faire les choses en face. Je n'aimais pas devoir me cacher comme un lâche.

Pourtant, il le fallait. Alors je suivis Rose dans la forêt. Dans le tunnel, j'entendis des frottements contre le sol. Je me dépêchai. Mais lorsque je pénétrai enfin dans la forêt, il n'y avait personne. Rose m'avait abandonné ici. J'étais seul dans un monde inconnu. Qu'allais-je donc devenir ?