Chapitre 13

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Le jour se lève et je m'éveille lentement avec lui. Les souvenirs de la veille s'installent honteusement et la culpabilité me comprime la poitrine, deux jours avec lui et me voilà infidèle à Alexandre. Qu'est-ce qu'il m'a pris bon sang, je ne suis pas ce genre de femme. Bien au contraire, je n'ai fait confiance qu'à un seul homme, Alex.

J'en veux à Marcus, mais je suis la seule coupable.

Je me retourne pour chercher Marcus, mais trouve l'autre lit vide. Me redressant vivement pour parcourir la pièce des yeux, mille et une choses horribles me traversent l'esprit. Et s'il était sorti ? Et s'il avait parlé à quelqu'un ? Et s'il avait paniqué... Que la police ait du intervenir... Marcus irait en prison. Je ne suis pas sure qu'il supporterait d'être de nouveau enfermé.

Mon soulagement calme la tension dans ma poitrine, car j'aperçois la silhouette de Marcus recoquillée au sol. Il dort par terre, assis, appuyé contre le mur juste en face, comme s'il avait passé la nuit à m'observer pour finir par s'assoupir... Pourquoi n'est-il pas allé sur le lit ? Surtout qu'on... Et merde ! Ma culpabilité revient comme une gifle cuisante, et ma rancune se dirige hypocritement vers lui, alors que je suis la seule responsable.

Je me lève pour aller me doucher, avec une nouvelle résolution en tête. Nous allons parler. Il faut qu'on mette les choses aux claires pour la suite. Je refuse qu'il recommence ce qu'il a fait hier soir. Je ne dois pas m'apitoyer sur lui mais l'aider. Céder à ces caprices ne nous mènera nulle part. Marcus ne sait rien des relations entre sexe opposé, des couples ou de la fidélité, et mon devoir est de lui apprendre ces choses banales pour le reste du monde.

Il faut que ma vie poursuive... Ne devait-elle pas commencer lorsque j'en aurais terminé avec le monstre ? Mon plan était de retrouver Alex et le rendre heureux... Au lieu de ça, ma liste de secret s'allonge... Car je n'aurais pas le courage de lui avouer ce que je viens de faire... Je le perdrais.

Et puis, Marcus me fait pitié. Littéralement. Je ressens ce besoin de lui venir en aide parce que je saisis parfaitement son incompréhension face à tout ce qui l'entoure. L'attitude, pourtant simple, pour le reste du monde est une chose étrange pour ceux qui sont victimes, enfermés, pour ceux qui ne sont personne, pour ceux qui n'existe plus.

Le père a fait de nous ses objets. Tout simplement. Il a joué de nous et en a payé le prix. C'est une grande consolation.

J'ai l'impression d'encore avoir sur moi l'odeur nauséabonde de sa peau qui brûle. Je revois son regard horrifié, souffrant comme il le mérite... Je ne ressens aucun regret face à mon crime... Je le déteste tellement. Et je suis là, à me sentir responsable de son fils. Sa chair et son sang. Sauf que l'état du pauvre garçon me prouve qu'il en a bavé. Il a souffert plus que tous les autres. Il a passé sa vie avec ce monstre et je dois m'occuper de lui.

Nous sommes deux dans cette vendetta. Complices. Meurtrier. Victimes.

Je sors et prends rapidement des habits pour retourner me vêtir dans la salle de bain, je ne regarde pas Marcus, je me dépêche, froide, lointaine, déçue par moi-même. C'était à moi de mettre fin à son délire. Marcus croyait faire les bonnes choses en me donnant du plaisir. Je me souviens que le père insistait sur ce point.

« Tu me fais du bien, et je serais gentil avec toi. »

J'ai compris que Marcus ne mesure pas les conséquences de son acte. Il paraissait étonné par mon indignation, ou mes refus. Son regard était désespéré alors qu'il me touchait... Cette envie de se fondre en moi... Et le moment où il a joui, il semblait... Choqué. Comme si la puissance de l'orgasme était nouvelle.

Ça ne va pas se reproduire.

Je me suis laisser faire parce qu'il en avait besoin... Et je n'ai pas vraiment aimé, j'ai juste compati à son malheur. Se mentir à soi-même n'est pas aussi facile qu'on le pense, pourtant, j'y arrive aisément d'habitude... Je sors de la pièce et ne suis pas surprise de voir le grand homme éveillé, toujours assis à sa place, ses jambes contre lui, Marcus me regarde bizarrement alors je fais de même. Le malaise est grand, et bien que je sache être la seule coupable de ce que nous avons fait la veille, un picotement de rancune me pousse à être distante.

Rancoeur du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant