Rancoeur du passé

Chapitre 15

Je n'arrive pas à enlever mes yeux de lui, Alexandre m'a tellement manqué. J'ai eu envie de pleurer lorsqu'il m'a pris dans ses bras, sa chaleur, son odeur, ses doux regards... Ma culpabilité. Il était sincèrement heureux de mon retour, je l'ai prévenu peu de temps avant notre arrivé, et je devrai rendre des comptes pour mes rapide messages de ses derniers jours. Surtout que je n'ai pas mentionné mon cousin ici présent... D'ailleurs, il n'arrête pas de le dévisager, perplexe.

Marcus se tient tranquille, il nous observe sans montrer l'agacement que je perçois dans ses prunelles. Il tient parole... J'espère que ça continuera ainsi.

- Quand tu m'as parlé d'un auto-stoppeur qui te ferait tourner la tête... Je ne pensais pas que tu le ramènerais carrément ici ! dit mon Alex pour nous mettre tout de suite dans le sujet.

- Je n'ai pas pu m'en séparer, mon chéri... Il va falloir partager !

Je le taquine puis le regrette. S'il savait combien de dis vrai... Je me tourne vers Marcus pour cacher mon embarras, chose que je regrette, car il fixe Alexandre sans ciller, comme dans un duel. Lui faisant les gros yeux, j'essaye de lui faire passer un message clair : crétin, arrête. Je me racle la gorge, il faut que je me prépare à entrer dans ce mensonge effarouché... Un autre parmi d'autre. Marcus me devance et tend la main.

- Je m'appelle Marcus, je suis le cousin de Lyse... Son père et mon père sont frères ! récite-t-il pour me lancer un regard que je ne saurais définir, comme je ne réagis pas, Marcus continue simplement de dévisager Alex.

- Le cousin ! répète ce dernier, j'ai un raté, cependant je sens son soulagement. Alex me lance un sourire timide, je suis certainement en train de faire pareil, pourtant, j'ai du mal à le regarder en face. Je suis contente d'enfin connaître quelqu'un de ta famille.

- Je ne te dirais rien de plus !

Marcus termine d'un ton neutre, il retire sa main pour ne plus nous porter aucune attention. Je suis mal à l'aise, comment puis-je explique ce geste grossier à Alexandre ? Inconsciemment, Marcus vient de placer le doute dans l'esprit de l'homme qui m'aime.

- Marcus est assez... Bizarre ! Tu sais, le clown de la famille et tout ça, je bafouille, sentant mon visage s'échauffer alors que Marcus va simplement prendre place sur le divan.

Alex me tire dans ses bras, riant face à ma nervosité, quelque chose a changé durant mon absence, ou alors c'est mon retour, Alexandre est éblouissant. Je vais passer une nuit torride... Et la honte me ravage... Je dois lui parler. Je dois tenir ma promesse, et peut-être, s'il me veut toujours, je pourrais lui avouer ce que j'ai fait.

- Tu es revenue, mon amour, c'est ce qui importe... Et ton cousin me prouve que tu tiens parole... Tu m'ouvre une porte sur ton passe... Merci ! chuchote-t-il dans mon cou cela me fais frissonner, l'émotion me gagne.

Lorsqu'il se redresse et me lâche, je suis étonnée de le voir les sourcils froncés, fixant derrière moi avant de plonger un regard plein de soupçon sur moi. Que se passe-t-il ? Est-ce Marcus la cause de ce changement d'humeur ? Alex me sourit de nouveau, il reste crispé et je me détourne pour foudroyer Marcus des yeux.

- Marcus, je vais te montrer ta chambre, suis-moi !

Délaissant Alexandre, je me presse vers la chambre d'ami toujours vide, ou presque, et me tourne brusquement pour vérifier la présence de Marcus. Celui-ci ne bouge pas de sa place, il fixe Alexandre sans ciller et vice versa. Cet instant est étrange, Marcus semble différent, hostile, dangereux, sauf qu'il sent mon attention sur lui et détourne les yeux, sourit de cette manière qui m'attendrit et vient me rejoindre timidement.

- C'était quoi, ça ? grondé-je une fois seule avec lui. Tu n'as pas le droit de jouer au coq jaloux ! Ne me mets pas dans l'embarras, Marcus, je tiens à lui !

- Je suis désolée... Ne te fâche pas, Lyse, je n'ai pas fait exprès, se défend-il. Je ne comprends pas pourquoi tu t'embête avec lui, c'est tout...

- La ferme ! claqué-je en regardant si Alex est assez loin pour ne pas nous entendre. Nous avons déjà parlé de ça, Marcus... Tu as promis que tu feras des efforts... C'est le moment de tenir parole.

- Je ne recommencerais pas, Lyse... Tant que tu es heureuse, ça me va... Parce que je ne suis heureux qu'à ce moment-là, moi.

Soulagée, je passe la main sur son bras, ne voulant pas le pousser plus vers ces choses qu'il veut me faire. Un amour fraternel, voilà ce que sera notre relation. Marcus observe mes doigts sur lui, il semble déçu mais ne me montre rien lorsqu'il me regarde de nouveau. Il sourit, simplement.

Heureusement, la soirée se passe plus calmement, Alex commande un menu complet pour chacun, Marcus se tient tranquille, il évite de regarder autre chose que son plat ou moi, pour répondre rapidement aux questions de politesse qu'Alexandre pose.

Je suis tout le temps une peu crispé lorsqu'il s'adresse à lui, cependant, je ne peux rien y faire, tout c'est nouveau pour Marcus, et Alex va bientôt comprendre pourquoi il est si bizarre, je dois lui dire ce que j'ai fait, pourquoi je l'ai fait...

- Tu vas bien, ma puce ? me demande Alexandre et me sort de mes sombres songes.

- Oui... Je...

- Elle est fatiguée ! me coupe Marcus. La route a été longue et il n'y a que Lyse qui conduisait... Je ne sais pas comment ont fait.

- Pas de permis ? A ton âge ? s'étonne Alex et le grand ténébreux le regarde enfin, et pas de la meilleure des façons : il boue de colère. Merde !

- Là où j'étais, je n'avais pas besoin de permis ! Mon père ne trouvait pas ça utile de m'apprendre... Sauf que maintenant, j'ai Lyse, elle me montrera comment ont fait.

Le silence s'installe. Un silence froid qui crée une tension palpale. Marcus se remet à manger, Alex le dévisage, plisse les yeux, puis me regarde de cette même façon. Lorsque ses yeux balaient mon corps, je retiens mon souffle... Il sait ? Putain, il fait le lien... de je ne sais quoi... Nos corps marqués sont peut-être un indice en soi.

- Tu as raison, Lyse conduit très bien, et si tu veux, je suis disponible, moi aussi...

- Merci beaucoup, Alexandre, c'est gentil de ta part.

Marcus a répondu tellement sèchement que j'en ai eu des frissons. C'est quoi son problème ? J'ai vite ma réponse, il me regarde en biais, s'excuse silencieusement, il ne s'est pas contrôlé parce qu'il est jaloux... Il comprendra bientôt. Alex se racle la gorge, décide d'ignorer, encore une fois, le comportement de mon cousin.

- Je crois qu'il est fatigué, lui aussi... On va vite ranger ça et nous irons nous coucher ! interviens-je nerveusement, en me levant. Alex me suit, il relève un sourcil.

- Oui, tu dois te reposer, tu as conduit tout le chemin... Tu dois être engourdi de partout.

Marcus se détourne brusquement vers Alexandre, choqué par l'allusion qu'à fait mon amant pour la nuit qui va suivre. Je réfléchi à ce que je pourrais dire pour apaiser la tension, encore, mais Marcus est trop rapide.

- Je suis son cousin, merde ! Comment peut parler de ce que tu prévois pour la nuit alors que je suis là ! gronde-t-il en me regardant de la même façon. Je suis ton cousin, Lyse, un cousin, c'est comme un frère ! Tu ne ferais pas ce genre de chose dans la chambre voisine ? Hein ? C'est dégoutant !

- Marcus, tu en fais trop, là... m'agacé-je. Etonnement, il sourit, puis regarde Alexandre qui semble complètement perdu.

- Je dois bien jouer au protecteur de sa vertu, je suis sa seule famille.

Ma fourchette tombe, Marcus se lève et va dans sa chambre sans enlever son assiette, Alex me dévisage, étonné, attristé, putain, Marcus à parler... J'ai toujours dis à Alex que ma famille vivait dans le sud, que je les voyais peu parce qu'on a eu un conflit... Il a déduit le reste grâce à mes cicatrices.

- Alex... Je vais tout te dire...

- Non, répond-il en haussant les épaules, sans toutefois me quitter des yeux. Ce soir, je veux m'en prendre à ta vertu... Tu m'as manqué. Et demain, oui, demain, on parlera.

Je déglutis, hoche la tête, une pression étrange me comprime la poitrine et je baisse la tête. Oui, je vais lui parler, demain, comme il le souhaite... Ce soir, je profiterais de lui au maximum, parce qu'il se peut que jamais plus nous ne passions la nuit ensemble... Il s'en ira.