Rancoeur du passé

Chapitre 17

Marcus nous rejoint dans le salon, il fixe le sol, lui aussi et se place à mes côtés. J'ose un regard vers lui, il semble affligé par les problèmes qu'il me cause, pourtant, je n'arrive pas à lui en vouloir... Je sais ce qu'il peut ressentir maintenant qu'il est libre, tout à un goût amer... l'injustice d'avoir été privé de cette normalité fait sur la rancune soit tranchante pour l'âme. Cette lame invisible me donne l'impression de ternir dans ma paume, et bientôt, je blesserais Alexandre avec, y survivra t'il ?

Le regard hargneux d'Alex devient navré, tout en restant méfiant. L'érection de Marcus est le grand problème, je crois. Mon Alex est jaloux... Et il a de quoi, malheureusement... Est-ce que le moment de tout avouer est venu ? Certainement... je n'ai plus d'excuses, et la vérité me terrifie, je n'ai pas la force de revivre le passé... laisser Marie s'exprimer de nouveau après des années de silences forcés.

- Je ne comprends pas, Lyse... Comment peut-il être comme toi. C'était, il y a longtemps... n'est-ce pas ?

- Pour elle, oui, me devance Marcus.

Je suis étonnée de le voir observer Alex d'une manière encore jamais vue. Marcus semble grand, fière, sûr de lui, défiant sans scrupule l'homme en face de lui. Pense-t-il qu'Alexandre puisse me faire du mal ? Serait-il en train de me protéger ? Sans ciller, il enlève sa blouse et montre son torse à mon homme. D'où lui sort cette force soudaine ? Comment se fait-il que les marques du père ne lui fassent pas honte ? On dirait que Marcus les exhibe avec fierté, parce qu'il a survécu... parce qu'on partage les meme tourments.

- Putain de ...

Alex s'approche avec précaution, le torse de Marcus devant les yeux, il contemple les marques, les cicatrices les brûlures, tourne lentement pour vérifier l'était pitoyable de son large dos, revient devant, chagriné, horrifié, lorsqu'il tend la main pour toucher, Marcus le saisit brusquement par le poignet.

- Ne touche pas ! gronde-t-il en se reculant.

- Lyse, tout ça devient trop macabre, contraste Alex. J'ai vraiment besoin que tu m'explique, là.

- Je sais.

- Ne la rends pas triste, marmonne Marcus en foudroyant Alex des yeux avant d'aller s'enfermer dans sa chambre.

Je ris nerveusement, sauf qu'en refaisant face à Alexandre, un triste sérieux me submerge. C'est l'heure de vérité. Lorsqu'il prend place sur le divan, pour tapoter la place à ces côtés, j'ai ma réponse, il n'y a plus de marche arrière possible.

Timidement, comme dans nos premiers jours de relations, je m'exécute. Mon cœur tambourine, je ne sais pas par quoi commencer, par le début ? Par ce que j'ai fait récemment ? Par cet enfer que j'ai vécu et ce que j'ai perdu... Il faut que je trouve le courage de parler de Maya.

- Lyse, je suis là, je resterais le temps qu'il faut pour que tu te sentes à l'aise. Parle, mon amour... Je t'aime, quoi qu'il en soit... Parle, je t'en prie, je n'en peux plus.

- Marie... soufflé-je. Je m'appelle, Marie... répété-je sans lever les yeux sur lui, je sens simplement son corps se crisper.

- Marie... m'imite-t-il tout en assimilant mon premier mensonge.

- J'avais une petite sœur.... Maya. Nous étions deux filles, Marie et Maya et nos parents furent les meilleurs du monde. Malheureusement, ils étaient seuls, pauvres, sans valeur...

- Ne dis pas ça... Ils avaient les deux choses les plus précieuses au monde, m'encourage Alex.

- Ils n'ont pas eu le temps de s'en rendre compte, Alex, ils sont morts lorsque j'avais sept ans... Je me suis retrouvée seule, avec Maya qui 'avait que cinq ans.