Marcus

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Elle est belle, Lyse, on dirait un ange. Ça fait des heures qu'elle dort, mon ventre se tord douloureusement parce que le déni ne fait plus son effet. Je l'ai frappé, je l'ai blessé, je pense qu'elle sera très fâchée lorsqu'elle se réveillera parce que j'ai mal agi, mais je lui ferai changer d'avis. Elle peut comprendre que j'ai paniqué, que l'idée d'être séparé d'elle me tétanise, je ne peux aller mieux qu'avec elle.

Lyse ne peut pas vouloir m'abandonner, elle a promis de ne pas le faire, c'est la faute à Alexandre, c'est lui qui lui met ses idées en tête. Je me fiche de ce qui m'entoure, de ce que le monde me réserve et tous les baratins d'un futur heureux. Je suis bien avec elle, et elle me suffit... rien d'autre ne compte. Pour elle, je pourrais affronter toutes mes peurs, j'ai affronté le père alors qu'il brûlait, j'ai tellement attendu que Marie revienne pour me chercher que plus rien ne comptait à son arrivée... pas même lui.

Alexandre ne sait pas ce que nous avons traversé, il ne peut comprendre que ce qui lui convient, faire semblant pour calmer Lyse et l'attirer vers lui. Je le déteste... Il n'a pas le droit de me prendre ma place.  Par sa faute, ma Lyse veut m'envoyer dans un asile pour le fou que je suis, elle va me chasser pour rester avec lui. Je préfère mourir. Pourquoi oublie-t-elle que ma folie n'a pas lieu d'être en sa présence ?

- Hm...

Lyse se réveille lentement, gémit de douleur et grimace alors que les souvenirs lui reviennent, je regrette tellement de lui avoir fait mal. Lorsqu'elle ouvre les yeux, fronçant les sourcils, elle saisit que je l'ai attaché sur son lit. Je devais le faire pour qu'elle ne tente pas de m'abandonner, encore. Lyse devient blême et effrayée ... Non. Je ne veux pas qu'elle ait peur de moi.

- N'aie pas peur... je... je suis là, Lyse, tu ne dois pas avoir...

- Bordel, Marcus... tu... qu'est-ce... détache-moi ! hurle-t-elle en se débâtant, je dois la retenir allonger pour qu'elle ne se blesse pas.

- Je ne peux pas ! Je ne... Arrête, tu vas te faire mal.

- Tu rigoles ? Tu... tu m'as agressé ? Tu m'as attaché... et... Oh putain, Marcus, dis-moi que tu ne m'as pas touché... tu n'as pas osé ?

Le dégout déforme ses traits parce que je baisse honteusement la tête, n'osant pas affronter son regard, parce que j'ai profité de son inconscience pour me coucher à ses côtés et l'embrasser, la câliner. Rien de plus, je ne voulais pas la décevoir plus, et je lui ai promis de plus rien lui faire lorsqu'elle dort. Je tiens mes promesses, moi, alors qu'elle non. Cette réalité réanime la colère et je serre les poings.

- Tu me déteste n'est-ce pas, soufflé-je alors que mes yeux me brûlent de chagrin.

- Oui.

- Et bien moi, je suis en colère contre toi, Lyse, tu ne cesses de changer d'avis, répliqué-je affligé par sa réponse. Tu m'as choisi, mais ensuite tu as été d'accord pour m'abandonner chez les fous.

- Tu lui as dit, Marcus, alors que c'était à moi de le faire.

Je déglutis plusieurs fois pour ravaler le chagrin et la honte qui m'anime, sans pouvoir me contrôler, je fonds en larme, comme autrefois, lorsque j'étais fragile entre les mains du père. Je ne sais pas combien de temps ça dure, mais je pleure à chaude larmes, jusqu'à ce que je me rende compte qu'elle m'observe avec tristesse et pitié. Lyse l'a avoué, c'est par pitié qu'elle m'a laissé la toucher, de la peine pour la victime que je suis, tout comme elle, alors... elle a pitié.

Pourra-t-elle m'aimer autrement ?

- Détache moi, Marcus, demande-t-elle d'une voix douce.

- Tu partiras, geins-je en fixant mes doigts.

- J'ai mal à la tête, je voudrai prendre un comprimé, dit-elle, on parlera, d'accord ?

Rancoeur du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant