Chapitre 43 - Alexandre

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Je sens le regard doré de la jolie Hélène sur moi, elle porte une magnifique robe blanche, l'été s'annonce des plus chaud, tout va bien dans cette nouvelle vie, cependant, une douloureuse pression m'empêche de profiter au maximum des bienfaits que le présent m'offre... je sens le passé m'enchainer de ses maux, bien que je sois le plus heureux des hommes, celui qui décide d'avancer vers l'avenir, la rancœur de tout ce que j'ai perdu persiste à noircir mon humeur.

C'est ridicule, j'en suis conscient, cela dit, tout était parfait avant aussi. Ma vie avec Lyse me convenait... un doute me fait ciller, chose qu'Hélène remarque, et la douceur de sa main sur la mienne me ramène à la réalité, celle que je ne peux comprendre tant que j'idéaliserais ce que j'ai perdu. J'étais heureux, c'est vrai, mais ma nouvelle vie m'offre tant de chose que je n'ai pas connu.

Donc, je me reprends : ma vie avec Lyse me convenait, mais celle avec Hélène est tellement... plus ?

Plus facile.

Hélène est un livre ouvert, que ce soit par son silence, ou par ces mots. Souvent, j'évite de la questionner, c'est une petite piqure de rappel venant de mon ancienne relation. C'est pourtant d'elle-même qu'Hélène m'ouvre les portes de son existence. Son enfant ne fut pas de plus joyeuse, tout en étant dans les normes, contrairement à Marie et Marcus. Son frère à eu un accident de la route qui a causé des dommages dans sa colonne vertébrale, cela le rend aigri et souvent de mauvaise humeur, j'ai été stupéfait de voir ma bien aimée le remettre à sa place sans le moindre scrupule.

La timide petite Hélène a du mordant, elle clame ouvertement que son aîné doit prendre sur lui, et oser remarcher. Parce qu'il le pourrait, selon les médecins, mais la peur le maintient sur ce fauteuil. J'ignore si je dois soutenir son frère et calmer ma copine, ou le contraire, ça ne doit pas être facile pour lui, et encore moi pour elle, donc je garde mes distances tout en étant reconnaissant d'avoir droit à une place parmi eux.

Parce que, oui, Hélène s'ouvre à moi d'elle-même, et Dieu que c'est bon de se sentir à sa place.

Alors, pourquoi est-ce que je me sens aussi... morose ? Pourquoi je m'accroche désespérément à la petite main dans la mienne ? Pourquoi mon cœur bat à tout rompre devant cet immeuble que je connais pourtant par cœur ? Je tâte ma poche de ma main libre et me crispe instantanément, ces fichus réflexes ne s'en iront jamais ? Je n'ai plus les clés de cet appartement... il va falloir que je sonne et... Lyse ouvrira ?

- Alex, tu es certain que... ça va ? entends-je la douce voix d'Hélène.

Son regard ne me quitte pas et j'y plonge un instant pour chercher la réponse à sa question. Elle est si belle, et en cet instant, alors que l'or de ses yeux me réchauffe lentement, je suis le plus heureux des hommes. Un sourire naît sur mes lèvres et le soulagement sur ceux de ma chérie.

- Je vais bien, réponds-je inutilement. Excuse-moi de t'infliger ça.

- Je suis là, m'assure-t-elle en rougissant, je voulais te soutenir, Alex, ça ne doit pas être facile, mais Marcus à besoin de toi... et Lyse aussi.

Machinalement, je dépose un baiser sur son front, cela la fait rire comme à chaque fois et ses joues s'empourprent de plus bel. Je suis tellement heureux avec elle, sauf que je n'ai pas encore affronté le passé, l'ignorer n'est pas une solution et... je suis prêt. Oui, je le suis, même si ça me fait peur, si c'est douloureux de constater combien on peu être heureux et se leurrer sur la puissance de ce bonheur.

Hélène connaît l'histoire, sans les détails, de Lyse et Marcus. Ma longue relation avec cette dernière, ses silences sur son passé, son voyage et son retour avec cet autre homme qui la voulait tellement... qui avait besoin d'elle à un point inimaginable. La jalousie de ma bien aimée était touchante, pourtant, elle a compris pourquoi j'ai laissé Lyse s'en aller... et elle saisit également la douleur que me procure ma présence ici.

Rancoeur du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant