Chapitre 18

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Le temps semble m'avoir oublié, je ne compte plus, ne respire plus, je fixe l'expression étrange d'Alexandre. C'est comme s'il n'était pas plus là, que son esprit avec quitté son corps pour me fuir aussi vite qu'il le peut. Il devrait d'ailleurs, parce que je ne suis pas bonne pour lui, pour sa santé mentale, et je m'accroche comme un parasite. Une tumeur maligne faite d'amour maladif, je suis le cancer d'Alexandre.

J'ai tué quelqu'un...
Le monstre maintenant, c'est moi.

Le bel homme ouvre la bouche, rien n'en sort, il essaye, je le vois bien, mais le choc de ma révélation crée un ouragan de contradiction en lui... son amour pour moi, sa compréhension, ensuite la raison et les valeurs qu'on lui a enseigné sur le crime... La religion, tuer son prochain est mal. La loi, quand ça se saura, je serais meurtrière et lui complice pour n'avoir rien dit.

Son téléphone retentit et le sauve ... Une fois, puis deux, à chaque fois, Alexandre laisse sonner jusqu'à la fin, ne pouvant pas se remettre de ma révélation, à la troisième, il décroche sans me quitter des yeux. Les émotions s'éveillent lentement mais je n'arrive pas à les comprendre. Alex s'est refermé, je n'ai plus accès à ses pensées si facile à comprendre d'habitude.

- Je suis occupé, là... demande à ... non... bien sûr que non ! Très bien, retarde-les, j'arrive au plus vite.

Le ton de sa voix est différent, froid, sans aucune sympathie, et j'ai peur pour la suite... Et si je le répugnais maintenant ? Et s'il me quittait ? Je ne m'en remettrais pas, jamais, mais je le laisserai partir... Alex mérite tellement mieux que moi.

- Lyse... souffle-t-il en me prenant la main.

Je ne bouge pas, l'implorant simplement du regard de ne pas m'achever maintenant, dire que je suis enfin libre.

- Je suis d'accord... Quitte-moi. Je ne ferais rien pour que tu restes contre ton gré, mais je t'en prie, Alex, au nom de notre amour passé, ne me dénonce pas à la police, du moins, pas maintenant... Laisse-moi le temps de remettre Marcus sur pied... De lui accorder la vie qu'il n'a jamais eu... Je...

- Tu veux bien arrêter tes conneries et ne pas me mettre ce type sur le plateau à toutes les sauces ? claque-t-il et je fronce les sourcils, amusé par cette lueur de jalousie, même si ce n'est pas le moment.

Il recommence à semer l'espoir en moi... Il le fait toujours.

- Tu n'as pas compris, j'ai... J'ai tué un homme pour nous venger... Je l'ai fait et je ne le regrette pas ! Je recommencerai, avec pour seul remord : ne pas l'avoir fait plus tôt !

- Ce que tu as fait est mal, Lyse ! me rappelle-t-il en donnant une pression de sa main sur la mienne pour me retenir. Il faut être sûr que personne ne t'ait vu ! Je serai ton alibi, je m'arrangerai pour que d'autre gens le fasse également... Si les enquêteurs remontent jusqu'à toi, ils... Oh, seigneur !

- Ils ne sauront pas, Alex, parce que je n'ai jamais existé. Le père Anton a supprimé tout ce qui nous concernaient, moi et ma sœur... Au village, personne ne savait qu'on était là... J'ai tout brûlé... Il était vieux et fumait... Le seul problème est mon acte en soi.

- Personne ne t'a vu ? s'étonne-t-il avec un étrange soulagement. Je réponds d'un signe de tête, sans comprendre. C'est bien... C'est très bien....

- Alex, tu vas me quitter ?

Il fronce les sourcils, puis sourit amèrement et se penche pour m'embrasser avec délicatesse, comme s'il avait peur de me casser. Je garde les yeux ouverts, savourant ses lèvres et son visage devenu flou. Je reste méfiante malgré moi, je ne sais pas à quoi m'attendre. Lorsqu'il se recule, souriant timidement, je me retiens d'éclater en sanglot.

Rancoeur du passéWhere stories live. Discover now