Chapitre 41 - Alexandre

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Je quitte Lyse avec ce désagréable sentiment au fond des tripes : le regret.

J'ai beau savoir que c'est mieux ainsi, qu'elle a fait son choix, que le bonheur a tant fait défaut dans son existence qu'il me serait injuste de la retenir. Parce qu'elle serait restée si je le lui avait demandé, si j'avais insisté, si je lui avais tendu la main, Lyse aurait saisit la mienne, mais ce n'est pas ce que nous voulons. Elle pour Marcus, et sa présence à mes côtés aurait engendré une toute autre sorte de rancœur, similaire à celle du passé, dirigé silencieusement contre moi.

Et moi... je mérite quelqu'un de qui m'aime, juste moi, pour moi.

Pourtant, le regret ne cesse de comprimer mon ventre. Je l'aime, et elle m'aime également. Peut-être que Marcus se serait éclipsé, et que notre histoire aurait pu poursuivre son chemin de vie... Je suis décidément pitoyable. On ne force pas l'amour, et on ne se contente pas d'être celui qui aime. Parce que Lyse m'a aimé tout ce temps ... parce que je l'ai aimé, tout simplement.

Je sors de l'immeuble, délaisse ma voiture pour marcher un peu afin de réfléchir, mettre du sens dans mes actes pour que la cohérence diminue la douleur que je ressens. La commissure des mes lèvres tremble un peu, ce sourire devient impossible à afficher, pourtant je n'arrête pas, je ne peux pas arrêter de peur de m'effondrer... Pas maintenant.

Je marche sans but et pense à Lyse, son visage marqué par une mélancolie persistante. La femme triste que j'ai connu à lentement appris à sourire, enfin je croyais... Marcus s'impose dans ma tête, me dévisage comme à notre rencontre, et mes jambes deviennent coton alors je cherche un endroit pour m'asseoir, trouve des bancs et m'empresse d'y prendre place.

Je ne l'ai jamais vraiment aimé, ce petit con. Il agissait comme un comédien et j'enrageait que Lyse ne remarque pas le vice que je voyais en lui... Ce que je prenais pour du vice n'était rien d'autre qu'un besoin vital de me la prendre. Il a réussi, susurre une voix sournoise dans mon esprit. Je ricane tant je me trouve hypocrite. Lyse avait le choix et Marcus n'a rien fait de plus que moi, il a été correct... il mérite d'être son choix.

Mon sourire ne tient plus, je pense même que je ne sourirais plus jamais de ma vie tant je me sens vide. Est-ce ça le sentiment d'avoir le cœur brisé ? Certainement. J'ai beau avoir été un privilégié durant toute ma vie, mon éducation, et mon caractère sans doute, m'ont poussé à lever les yeux de mon nombril pour voir ce qui se passe plus loin... je n'ai pas été déçu, car le monde extérieur a facilement accepté le gosse de riche que j'étais.

Mon grand-père s'est construit de rien, mon père à suivi ses traces sans jamais perdre de vue que nous sommes tous humain, notre douleur, d'autre la ressente, alors évitons de la créer. Je vais faire en sorte de ne pas oublier ça, jamais, et peut-être que le karma me rendra justice en envoyant sur ma route une femme faite pour moi.

J'y crois fermement.

... pourtant, j'ai si mal.

Je me passe la main plusieurs fois sur le visage afin d'effacer les traces de ma douleur, il est hors de question que je chiale sur un banc public, malheureusement, je ne reste qu'un homme et je sens les larmes insister, me brouiller la vue. Je dois cesser de me lamenter et vois plutôt les choses autrement. Les voir comme elles sont en fait, rien de plus.

Lyse a toujours eu peur, il lui était impossible d'avancer, peu importe combien j'ai persisté à lui tendre la main, une chose la retenait au passé. Souvent, elle pleurait dans son sommeil, elle fuyait quelqu'un, un monstre, un homme, un enfant... elle. Lyse fuyait la petite Marie qu'elle était, ses larmes tarissaient dans mes bras, mais elles n'ont jamais vraiment cessées de couler.

Rancoeur du passéOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz