Chapitre 36

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Une fois encore, le désarroi de Marcus me perturbe, sa fuite, son regard terne, privé de cette lueur si singulière, preuve que l'âme persiste à espérer. Je ne peux pas m'empêcher de ressentir ce besoin de consolation, le tenir dans mes bras et sentir sa respiration s'adoucir, car il n'y a plus de douleur.

Marcus ne cesse de me le répéter : avec moi, il n'a plus souffrance.

... Et c'est réciproque, je dois l'admettre.

Est-ce pour ça que je me trouve devant cette porte close ? Est-ce encore mon égoïsme qui me pousse à chercher du réconfort auprès de l'être qui me ressemble ? Celui qui est brisé comme je le suis. Mon cœur bat à tout rompre, et je n'ose pas avancer, car j'ignore comment m'y prendre. Je ne sais plus... Alex ne quitte pas mon esprit, il est triste, je le trahis.

Non, Alexandre sait...

Je vais d'ailleurs lui prouver que je le choisi, que Marcus restera à sa place de départ, fraternelle, amicale, il n'y aura plus jamais rien d'autre que ça. Une fois encore, j'inspire, regarde de chaque côté pour ne trouver qu'un couloir vide, personne ne viendra prendre de décision à ma place. Le courage me manque... Que vais-je lui dire ? Je l'ignore, cesse de penser durant une seconde, et ça me suffit pour m'entendre frapper à la porte... alors j'entre.

Je découvre Marcus dans un coin de la chambre, son lit est fait, et mon cœur se resserre douloureusement avant de reprendre sa course acharnée. Il dort encore par terre ? Pourquoi ? Je croyais qu'il allait mieux... Serait-il en train de simuler, tout comme moi ? La comédie s'apprend si vite, mais je ne peux pas croire que Marcus soit acteur de sa vie.

Il mérite tellement mieux.

Il relève la tête, me sourit sans pourtant bouger de sa place, et je me sens fondre de l'intérieur. C'est loin d'être agréable, j'ai l'impression que l'acide de la culpabilité me consume après des années de fermentation. Mal à l'aise, je me tortille, ignorant si c'était une bonne idée d'être là. Ma gêne surpasse le besoin de le consoler, de me consoler...

- Tu serais arrivée quelques minutes plus tôt, tu m'aurais trouvé en train de jouer avec mon ...

- Marcus, le coupé-je ahurie.

Je retrouve celui que je connais, l'humour, ou plutôt le langage sans filtre de Marcus m'a manqué. Il est pareil, et tellement différent à la fois. C'est rassurant, notre éloignement m'a fait oublier combien il est facile d'être avec lui, combien c'est simple... naturel. Plus calme dans ma tête, je vais prendre place à ses côtés. Son sombre regard ne me quitte pas un instant, la lampe de chevet le rend tellement intense, brûlant, que je sens cette douce chaleur familière m'inonder.

Lorsque je m'apprête à prendre place, Marcus bondit sur ses pieds, me saisit par le bras et me pousse vers le lit. Tout mon corps se crispe, mon ventre se noue, je sens l'angoisse naître dans ma poitrine. Pense-t-il que je viens pour ça ? Je ne veux pas coucher avec lui. Je suis là pour tenter ce dialogue qui nous fait cruellement défaut. Je suis là parce que je lui ai promit d'être présente... et pourtant.

- Tu auras mal au derrière si tu t'assoies par terre, Lyse, je préfère que tu prennes place sur le lit, explique-t-il avec douceur.

Marcus à dû comprendre ce qui se trame dans ma tête, me voir paniquée à l'idée qu'il me touche semble le blesser, mais Marcus ne me laisse pas la possibilité d'en être certaine car il s'apprête à retourner à sa place.

- Je... je veux être à côté de toi, répliqué-je d'une voix vrillée.

Marcus semble étonné, mais reste tout de même sur ses positions, et une place par terre n'est pas de mise. Il fait marche arrière et prend place sur le lit. Nous restons un moment silencieux, je découvre une odeur nouvelle émanant de sa chaleur, qui par contre, elle, reste la même et Dieu qu'elle m'a manqué.

Rancoeur du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant