Chapitre 42 - Alexandre

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Je suis encore au bureau, travailler m'empêche de trop penser, cependant, mon esprit arrive de temps en temps à s'échapper de la triste réalité qu'est mon quotidien. Autrefois, j'aurais tout fais pour quitter le bureau au plus vite, je commandais deux repas à la même heure et j'allais dans un appartement pour donner l'illusion d'avoir cuisiner pour celle que j'aimais.

Celle que j'aimais ?

Ma tête à compris que mon histoire avec Lyse ne vit plus que dans le passé, mais mon corps persiste à se remémorer nos bons moments. Je souffle d'agacement, range mes affaires et quitte cet endroit devenu trop étouffant. Décidément, lorsqu'on s'habitue à certaines choses au point qu'elles deviennent normales, il devient presque impossible de reprendre sa vie sans ces... habitudes.

Le visage rougi d'Hélène me traverse l'esprit et un sourire soulève mes lèvres, Dieu que j'ai aimé discuter avec elle, et savoir qu'elle accepte de passer plus de temps avec moi me flatte, malheureusement, je n'ai toujours pas mis de date à notre dîner... je pense qu'elle sait pourquoi, qu'elle comprend, cela dit, c'est assez lâche de ma part de stagner et ne pas oser franchir le cap.

Dépasser ses habitudes qui me manquent cruellement, laisser Lyse au passé, et faire attendre une femme merveilleuse, un brin trop timide, et qui étrangement m'aime d'un amour fort et sincère.

Dans la cabine d'ascenseur, mon doigt s'arrête sur le niveau trois, mes pensées partent en vrille alors que je songe à ma vie présente. Pas besoin de me psychanalyser pour comprendre que je me fais du mal à ressasser le passé. J'ai volontairement laisser partir Lyse pour ce bonheur qu'elle mérite tant, je l'ai voulu et je le lui souhaite même si ça me fait mal... alors pourquoi ne pas faire ce pa vers l'avenir ? Pourquoi ne pas aller de l'avant... Je vois que mes propres conseils sont plus difficiles à suivre lorsqu'il s'agit de moi.

Tu dois avancer, Lyse, laisser le passé ou il se trouve et aller vers l'avenir... tout ira bien.

Je suis pathétique !

Une colère sournoise me pousse à appuyer sur le bouton et les portes se ferment pour me mener à, ce que je pense être, mon avenir. Je vais aller au service de comptabilité afin de trouver Hélène, et l'emmener pour dîner comme je le lui ai proposé. Étrangement, ma tête devient vide de pensées cohérentes, et mon cœur s'emballe dans ma cage thoracique, cela me laisse perplexe.

Depuis quand est-ce que je me sens aussi perdu pour demander à une femme de dîner avec moi ?

Depuis Lyse...

Au troisième, je franchis le pas en me vidant la tête, tant pis, j'aviserais au moment voulu, je ne suis plus un gamin. Le personnel se fait rare, beaucoup ont quitté les lieux à dix-huit heures, et le doute s'installe malgré tout. Hélène à du partir elle aussi. Timidement, j'observe les bureaux sans me faire remarquer, si elle n'est pas là, il me suffit de tourner les talons mais une voix plus forte que les autres attire mon attention et un frisson glacé me hérisse les poils alors que je tombe un chignon bâclé sur une tête baissée.

- Tu crois sérieusement au conte de fée, ma pauvre, regarde-toi, ricane une femme un peu trop maquillée. Tu crois vraiment qu'un jour ton prince viendra ?

- Et un jour peut-être, il l'emmènera j'espère, ajoute un homme à lunette, tout le monde se met à rire.

Que se passe-t-il ?

Bon sang, elle subit ça depuis des semaines et je n'agis pas malgré mes bonnes paroles. C'est inadmissible autant de méchanceté de la part d'adulte, merde. Quel exemple donnent-ils à leurs enfants ? Je m'apprête à intervenir, mais ils mentionnent mon nom et je me fige, car Hélène lève enfin les yeux, ils sont larmoyants.

Rancoeur du passéWhere stories live. Discover now