Chapitre 39 - Marcus

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Marcus Anton.

Je déteste mon nom. Monsieur Anton était un monstre, et voilà le fils qui porte le nom du père avec une honte acide, elle liquéfie ce qui me reste d'âme. J'ai beau répéter à tous que je ne suis que Marcus, ils s'entêtent à user de courtoisie, et cela me met dans une rage noire. Le font=ils exprès ? Non, bien sûr que non. Le psy ne cesse de me dire que je suis un être à part, mais nous savons tous les deux que « Anton » sera désormais blâmé, peu importe qui porte ce nom.

J'inspire pour calmer les tensions qui m'animent, la fin approche, je vais libérer Lyse de l'emprise du passé. Il n'y aura plus le monstre de nos enfances, ni pour elle, ni pour moi. Malheureusement, les séquelles d'années enfermés ne e guérissent pas aussi facilement, et la peur de me dévoiler au grand monde me rends plus que nerveux.

Je ne suis pas très à l'aise pour sortir, je n'ai pas l'habitude de voir autant de personne, et j'ai l'impression qu'ils me fixent et savent... Lyse à raison. Je pourrais me dévoiler pour elle, mais je ne supporterais pas d'être épié. Heureusement que le psy m'accompagne, je tente de garder la face, je ne suis plus faible et effrayé, et je peux faire beaucoup de chose... Je suis libre... Voilà comment faire face à tout ce qui va suivre. Je suis libre du passé. Plus rien ne peut m'atteindre à présent.

- Nous assisterons au jugement, personne ne nous verra, il y a un miroir sans teint dans la salle et deux policiers se tiendront à nos côtés pour s'assurer que tu ne pète pas les plombs, m'avertit le docteur Maurice, et je lève les yeux au ciel.

- Je ne vais rien faire, marmonné-je en sachant que je mens.

Cette femme a détruit ma petite Marie, j'ignore comment je pourrais gérer la rage qu'elle m'insuffle.

- Marcus, tu risques de compromettre sa nouvelle identité, me rappelle-t-il.

Je m'apprête à l'envoyer balader, qu'il me lâche un peu avec ses conseils, car je fais tout ça pour Lyse, et sa protection est ma priorité numéro une, mais la porte se fait entendre, et mon sang se glace sous le regard noir de Lyse. Elle me lance des éclairs, tremble tant elle est en colère et j'ai envie de disparaître pour ne pas avoir à la subir. Se pourrait-il qu'elle ait tout entendu ? Bordel, non... Pas maintenant.

Tu dois te concentrer sur toi, Lyse, ton isolement à pour but d'oublier le monde qui t'entoure pour... toi.

- Je me demandais pourquoi est-ce que tu savais toujours ce qui se passe avant tout le monde ! C'est parce que tu manipules tout ! Tu diriges tout d'ici, Marcus et tu me tiens à distance ! dit-elle avec un calme qui ne reflète en rien ses émotions.

- Quand je t'en ai parlé la première fois, tu m'as fui, Lyse, me défends-je alors que le psy s'éclipse.

Traître.

- Tu n'as pas le droit de faire ça ! monte-t-elle d'un cran.

Elle fait un pas vers moi, et j'en fais un en arrière.

- Il faut terminer ce que nous avons commencé.

Il m'est tellement facile de rabattre le caquet de tout mon maigre entourage, je n'aime pas qu'on me parle mal, ce temps est révolu, jamais plus je ne me laisserais faire. Cependant, lorsqu'il s'agit de Lyse, je n'y arrive pas... parce qu'elle m'importe, et pas les autres.

Elle s'approche encore, la colère de son regard persiste et je déglutis. Est-elle dirigée contre moi ? Non, Lyse ne peut pas m'en vouloir à ce point ? Si ? Étrangement, elle reprend d'une voix plus calme, mais pas moins effrayante.

- J'ai réfléchi et tu as raisons, Marcus. Elle doit payer ! Il doit y en avoir d'autre avant elle, mais je m'en fiche parce qu'elle, on l'a ! Elle nous a jeté en enfer en sachant qu'on n'en sortira jamais... Elle est coupable pour la mort de Maya... le père a payé, c'est à son tour.

Rancoeur du passéWhere stories live. Discover now