7- Confessions

431 59 21
                                    

Quand Rosa arriva à l'aéroport avec ses parents et son frère, elle ne mit pas longtemps à repérer Jason et ses parents. Rien que sa vision la dégoutait de lui. Elle n'avait pas envie de passer les six prochains mois avec lui et elle se demandait bien pourquoi elle avait rempli cette liste de rêves.

Dès que Jason remarqua Rosa qui avançait vers lui, son habituel sourire charmeur en coin s'étira sur ses lèvres et Rosa fit une horrible grimace. Elle n'allait pas non plus supporter cet affreux sourire qui malgré elle, la faisait fondre. Les parents discutèrent entre eux un bon moment et Jeremy partit acheter une barre au chocolat au distributeur le plus proche. Rosa et Jason se retrouvèrent seuls. Aucun des deux n'osait parler et ils se regardaient comme des loups avant un combat.

— C'est quoi ton plan ? finit par grincer Rosa entre ses dents.

Jason élargit davantage son sourire. Rosa crut même qu'il allait déchirer ses joues.

— Fais-moi confiance, il se contenta de répondre.

— Comment te dire que j'ai un peu de mal à te faire confiance en ce moment ? rétorqua-t-elle agacée.

Leur vol fut annoncé et leurs parents les embrassèrent une dernière fois avant de les laisser. En moins de vingt-quatre heures, Mme Vauwgler avait regroupé tous les papiers nécessaires au départ de sa fille en France. Rosa et Jason s'éloignèrent et au moment où ils tournèrent à un angle grâce auquel ils se retrouvaient hors de vue des parents, Jason s'arrêta et Rosa l'imita.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? questionna Rosa.

— On va attendre qu'ils partent et on prendra une voiture que j'ai réquisitionnée afin de nous rendre au lieu où nous allons passer nos prochains jours.

— On ne prend pas l'avion ?

— Pas tout de suite, nuança Jason.

Rosa était de plus en plus irritée par la présence de Jason à ses côtés.

— Je te préviens, dès que nous serons à l'endroit où tu veux nous emmener, je veux des explications claires et nettes, compris ?

Pour réponse, Jason lui adressa un petit clin d'oeil.

Ils attendirent pendant près d'une demi-heure avant qu'être certains que leurs parents respectifs avaient quitté les lieux. Ils sortirent de l'aéroport sans que personne ne leur demande quoi que ce soit et Jason guida Rosa vers une voiture en piteux état.

— C'est quoi cette carcasse ? elle demanda incrédule.

Jason sembla outré.

— Une carcasse ?! N'as-tu donc point de respect pour cette honorable voiture rafistolée par mes soins, uniquement pour nous deux ?

Rosa ne répondit pas et ils chargèrent leurs valises dans le coffre de la voiture de fortune. Jason s'installa au volant et Rosa le regarda suspicieusement.

— Depuis quand tu sais conduire, toi ? T'as pas ton permis.

— Ce n'est pas parce que les instructeurs de l'auto-école n'ont pas jugé ma conduite apte à recevoir un permis que je ne peux pas conduire, répondit simplement Jason.

Il démarra la voiture et sortit péniblement du parking bondé de l'aéroport. Rosa s'accrochait à son siège, la conduite saccadée de Jason n'étant pas vraiment rassurante. Ils roulèrent pendant ce qui sembla être une bonne demi-heure aux yeux de Rosa, mais aucun d'entre eux ne parla. Des choses devaient être mises sur le tapis, ils le savaient aussi bien l'un que l'autre, mais ils préféraient attendre d'être arrivés là où Jason voulait conduire Rosa.

Voyant que Jason ne s'arrêtait nulle part et que ça faisait très exactement une heure qu'ils roulaient, Rosa se décida à parler.

— Pourquoi t'as fait ça ? demanda-t-elle.

— Fait quoi ?

— Me tromper.

Il fallait crever cet abcès en premier. C'était celui qui était à l'origine de tout. Il était impossible à Rosa de parler d'autre chose tant qu'elle n'était pas fixée sur ce point.

— Te faire du mal n'était pas ma première intention, expliqua Jason en regardant la route. Ni ma seconde, ni aucune autre d'ailleurs. Ça s'est passé hyper vite.

— Je veux tout savoir, lâcha Rosa.

Jason ne la regarda pas et Rosa ne regarda pas Jason. Le premier n'en avait pas le courage et la seconde n'avait pas envie de le voir.

— Bah j'étais dans un parc en train de prendre l'air, tu sais le parc où les gosses vont jouer au foot ? Et Bex n'était pas loin de moi. Elle m'a sourit, je l'ai regardée, je lui ai fait signe de venir, elle est venue, elle m'a demandé où on pouvait aller, je lui ai répondu qu'on pouvait aller chez moi, que ma soeur était sortie, que mes parents travaillaient et nous y sommes allés. En arrivant chez moi, je ne l'ai pas embrassée, je lui ai pas tenu la main et je ne l'ai même pas regardée. Je lui ai montré le canapé de la main, elle s'est déshabillée, moi aussi, et puis... Je suis pas sûr que la suite soit adaptée à ton âge et j'ai pas envie qu'on parte dans une discussion classée X. Tu vois ?

— OK, j'ai compris.

Elle avait beau se dire que Jason n'avait pas été romantique avec Bex ce soir-là, elle ne put s'empêcher de ressentir quelque chose de bizarre. Comme elle ne répondait rien d'autre, Jason continua.

— En fait... C'était juste comme être avec une pute. Genre avant, les mecs riches ils trompaient leurs bourgeoises en allant chez les prostituées et on ne considérait pas vraiment ça comme de la tromperie. En fait, je crois même qu'à l'époque, les prostituées n'étaient pas considérées comme des êtres humains et donc du coup, c'était comme si les mecs se tapaient des animaux et du coup...

— OK, ferme ta gueule, l'interrompit Rosa.

Elle voyait bien qu'il essayait d'être drôle et elle aurait volontiers rit à ses paroles si elle était d'humeur à plaisanter.

— Bex est une pute. T'es le mec riche. Je suis la bourgeoise. J'ai capté, merci, conclut Rosa.

Jason ne savait pas si Rosa allait lui pardonner un jour, mais tout compte fait, il n'était pas certain que sa métaphore sur les prostituées et les bourgeois soit la meilleure solution pour lui faire digérer toute cette histoire. Si ses amis le voyaient s'y prendre aussi mal avec une fille, il serait aussitôt moqué et exclu de sa propre équipe de football.

Ils roulèrent durant encore quelques heures pendant lesquelles aucun d'entre d'eux ne parla. Quand Jason s'arrêta, Rosa sortit de la voiture aussitôt, les jambes engourdies. Elle regarda le paysage et se stoppa net en découvrant l'endroit où Jason l'avait emmenée.

— Bienvenue dans ton premier rêve, Rosa !

Your Dreams [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant