29- Rêve n°7 : Joyeuse Norvège (2/2)

199 38 18
                                    

Des jours suivants passèrent très vite aux yeux de Rosa et pas une seule fois Jason ou elle ne reparlèrent de leur séjour catastrophique à Londres. Même si Jason avait horreur du froid et qu'il détestait le temps norvégien, il ne fit aucune remarque désobligeante. Ils étaient actuellement assis au bord du Geirangerfjord, en train de se reposer après leur nouvelle longue randonnée. Rosa aimait la Norvège tout autaut que l'Écosse et se dit que finalement, elle n'était peut-être pas faite pour les pays chauds. Jason avait une autre théorie concernant l'aversion de Rosa pour la chaleur :

- Peut-être que la chaleur te rappelle l'été et que l'été te rappelle les moments que tu as passé loin de moi avec pour seule compagnie ta mère-grand.

- Je n'étais pas qu'avec ma grand-mère, rectifia Rosa. Je connais un gars qui habite pas très loin de chez nous et vient souvent chez ma grand-mère avec son père. Sa compagnie était très plaisante et nos conversations étaient plus intéressantes que les nôtres.

- Tu ose dire que je ne sais pas parler de choses intéressantes ? fit mine de s'offusquer Jason. Déjà, le mot "intéressant" est totalement subjectif. Peut-être que toi et ton voisin campagnard trouvez que parler lycée, littérature et sciences est intéressant, mais ce n'est pas mon cas. Si tu me parles de football ou de séries, là je vais trouver le sujet intéressant. On peut essayer d'en parler si tu veux, je suis certain que tu connais des tas de trucs dans ce domaine !

Rosa attrapa un petit calliou qui travait au sol et le jeta dans l'eau. Il ne fit pas de ricochets mais coula au fond du fjord.

- OK, elle répondit. Je sais que mon frère est l'actuel capitaine de ton équipe en attandant ton retour et qu'il veut utiliser les mêmes stratégies d'attaque que toi.

- Tu ne fais que répèter les paroles de ton frère, constata Jason, mais c'est mieux que rien. Effectivement, ton frère est un bon élément de l'équipe. Même si des fois, son côté jeveuxtoutfairecommeJason m'agace un peu, ça fait toujours du bien d'avoir un admirateur. J'espère qu'il n'est pas en train de saccager le dur travail que j'ai accompli avec l'équipe en trois ans. Il est si facile de tout détruire d'un seul faux pas.

Rosa se retint de dire un petit "parle pour toi" mais ne voulut pas casser la bonne ambiance qui régnait entre eux.

Le soleil n'était pas vraiment au rendez-vous et les nuages obscurcissaient le ciel ce qui aurait pu rendre leur randonnée un peu triste, mais au contraire, ils étaient tous les deux de bonne humeur. Un petit silence s'installa quelques temps, uniquement meublé par le chant d'un oiseau. Rosa aurait souhaité figé le temps, capturer cet instant dans une petite boîte pour pouvoir le revivre autant de fois que possible. Assis ainsi au bird de l'eau, ils n'étaient plus que Rosa et Jason. Pas des amoureux en difficulté, pas des lycéens, pas des adolescents fugeurs qui mentaient chaque jour à leurs parents et qui utilisaient des faux-papiers pour voyager.

Si on avait pris un cliché d'eux, ont aurait crut qu'aucun tumulte n'était venu troubler leur relation et il aurait été inimaginable d'envisager qu'une dispute avait eu lieu une semaine auparavent.

- On est bizare, finit par articuler Rosa songeuse.

Jason qui fixait l'horizon, tourna la tête vers elle et lui répondit :

- C'est que maintenant que tu t'en rends compte ?

Rosa éclata d'un rire sans joie et tripota la terre qui était sous sa main.

- Je veux juste dire qu'un jour nous sommes à deux doigts de nous étripper et que le lendemain, nous sommes les meilleurs amis du monde. Tu crois que c'est pas de la "bipolarité d'amour" ?

- Tu est à deux doigts que m'étipper, rectifia Jason. De ma vie, jamais je n'ai eu la moindre envie de t'arracher les tripes ni de te faire quoi que ce soit de méchant. (Devant les sourcils froncés de Rosa, il s'empressa de préciser ses propos). Méchant physiquement ! Et même si j'ai été un "méchant psycologique", te faire du mal n'a jamais été mon intention. Je vais me répéter, je le sais, mais jamais, absolument jamais, je n'ai voulu que tu souffre.

Il s'arrêta quelques instants, réfléchit, puis attrapa la main de Rosa située juste à côté de la sienne.

- T'as le droit de m'en vouloir, Rosa. Mais t'as pas le droit de croire que j'ai voulu de faire du mal. C'est toi, Rosa. Juste toi. Pas Bex, ni aucune autre pétasse. C'est toi et le reste du temps qu'on passera ensemble.

Pendant ces paroles si solenelles et dénuées de l'amusement habituel qui nourrissait les paroles de Jason, Rosa avait plongé ses yeux dans les siens. À nouveau, il n'y avait plus rien d'autre autour d'eux. Au fond c'était stupide. Elle était stupide. Il y a encore une semaine, elle était prête à quitter Jason pour toujours, mais voilà qu'elle se retrouvait maintenant si près de sucomber à ses charmes.

Elle compara alors les sentiments qu'elle éprouvait pour Jason à des montagnes russes. Un jour, le wagon était en train de dévaler une rude descente et Rosa détestait Jason. Un autre jour, le wagon était au sommet d'une montagne et alors, Rosa aurait donné n'importe quoi pour passer le restant de ses jours avec lui.

Deux phrases romantiques et elle fondait. Idiote, pensa-t-elle.

- Peut-être qu'un jour je pourrais te dire la même chose, Jason. Mais pas encore.

Elle se leva et le regarda avec un doux sourire.

- Il va falloir être patient, ajouta-t-elle.

Jason lui rendit son sourire et répondit :

- Alors je serais patient.

Your Dreams [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant