Your Dreams [TERMINÉ]

44- Rêve n°14 : Tragédie grecque

Jason ne ressortit de la salle de bain que le lendemain matin. À sa grande surprise, Rosa ne lui posa aucune question sur les événements de la veille. En vérité, la jeune fille l'aurait bien harcelé pour avoir des réponses à ses interrogations, mais de peur de le froisser, elle n'en fit rien.

Comme prévu, Jason rechercha un logement en Grèce pour y passer Noël et tous deux se mirent en route vers la gare. Rosa jeta un dernier regard au magnifique château puis concentra son attention sur la route qui restait glissante et dangeureuse après toute la neige qui était tombée dans la région. Elle avait refusé que Jason conduise et il n'avait pas protesté.

De tout le trajet jusqu'à la ville voisine, ils ne placèrent pas un mot sur ce qui s'était passé hier et Jason se détendit de plus en plus au fur et à mesure qu'il comprenait que Rosa n'aborderait pas le sujet.

***

Des heures plus tard, après avoir emprunté multiples moyens de transport, ils virent enfin les maisons blanches grecques et Jason fut enfin satisfait d'avoir un paysage autre que celui des montagnes qui entouraient le château. Il ne faisait pas vraiment froid et ils firent même une promenade à vélo dans la soirée.

- Ça fait du bien de ne plus voir cette horrible neige, commenta Jason alors qu'il roulait juste à côté de Rosa.

- Je ne savais pas que tu détestais la neige.

- Tu ne connais pas tous mes secrets, répondit Jason avec un sourire.

- Ça je l'avais remarqué, dit Rosa amère.

Jason n'avait pas voulu insinuer ses prétendues cachoteries concernant son usage de médicaments, mais Rosa n'avait pu s'empêcher d'y penser. Comme elle n'ajoutait rien, Jason essaya de se rattraper.

- Si tu veux tout savoir, commença-t-il, j'avais mal à la tête et à ma jambe raffistolée.

- Pourquoi tu as été aussi agressif ? Et pourquoi tu as une si grande réserve de médicaments avec toi ? elle l'interrogea sans quitter des yeux la piste cyclabe qui longeait la mer.

Jason essaya de capter son regard pour qu'elle est l'entière confiance en ses paroles mais elle restait concentrée sur la conduite de son vélo.

- Je suis désolé. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, mentit-il. Et... j'ai beaucoup de médicaments car j'ai très souvent des migraines. J'avais fait ma réserve avant de partir.

- Je ne me souviens pas que tu étais migraineux du temps où nous... sortions ensemble.

- Ça ne fait pas longtemps que ça me prend...

Et pour ne pas qu'elle lui pose d'autres questions auquelles il serait encore obligé de lui mentir, il accéléra l'allure de son vélo et la dépassa. Il savait qu'elle n'était pas une championne de cyclisme et qu'elle n'oserait jamais accélérer davantage que lui pour le rattraper.

Sans même s'en rendre compte, il pédala encore plus fort qu'il ne le faisait déjà et se retrouva à une vitesse bien trop peu raisonnable. Il oublia même Rosa, ne se concentrant que sur le vent qui lui balayait le visage et qui lui ébourifait les cheveux. Il alla de plus en plus vite, jusqu'à ce que ses jambes deviennent engourdies à force de faire le même mouvement.

Il sentait libre.

Rien ne pouvait plus l'arrêter.

Mais quand il entendit un lointain bruit métallique et un hurlement derrière lui, il freina brutalement et se retourna pour découvrir le corps de Rosa à des centaines de mètres de lui, inanimé sur le goudron.