8. La confrontation

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La rentrée est toujours un mélange d'excitation, à l'idée de retrouver nos amis, mais aussi de déprime, car les cours reprennent, les profs sont à nouveau là pour nous saouler et les devoirs sont malheureusement de retour.

Noël et Nouvel An passés, c'est désormais l'heure du retour au sérieux. Et cette fois-ci, la rentrée est plus pire encore que d'habitude. Car il y a Gontan truc muche en cours de théâtre, gros parasite qui nous a obligé à tout repenser mes camarades et moi à propos de la pièce que nous devrons jouer en février.

Et c'est à cause de lui que j'ai passé un après-midi entier à me creuser les méninges, avec Alexandra et Martial en discussion groupée sur Facebook. Nous en sommes arrivés à la conclusion qu'il était hors de question que nous réécrivions tout. Alors nous avons décidé de faire quelques petits rajouts, un point c'est tout. Nous avons songé à un moment à lui donner le rôle de récitant, mais ça aurait peut-être ajouté un aspect trop forcé à notre morale.

Le pire dans toute cette histoire ? C'est que le concerné n'a même pas participé à la conversation. Martial a trouvé son Facebook, mais cet idiot n'accepte pas les demandes d'amis, c'est lui qui les envoie. Apparemment, Alexandra lui a écrit, pour qu'il nous ajoute et que l'on puisse discuter plus facilement (pour la pièce de théâtre bien évidemment) et le chieur ne lui a même pas répondu ! La classe. La grande classe Gontan truc muche.

Alors qu'Alexandra, Martial et moi sommes en train de peaufiner le nouveau personnage de la pièce en renseignant sur papier la part de la morale qu'il prendra, le concerné n'écoute pas un piètre mot de ce que nous disons. Les bras croisés sur son blouson de rebelle, il semble préférer observer les lieux plutôt que nous aider dans notre boulot. Quel chieur celui-là, franchement !

Qu'il rêvasse, s'il veut. Mais pas en cours. Pas pendant que nous sommes supposés carburer pour rattraper le retard que nous avons désormais, et à cause de lui d'ailleurs. D'accord, grâce à cet après-midi super chiant, nous avons probablement retrouvé plus ou moins notre niveau d'avant son arrivée, mais tout de même !

Encore heureux qu'il ne m'a pas critiquée à propos de mes capacités à faire du tutorat. Je l'avoue, je ne suis pas le genre de tuteur que l'on souhaite avoir, mais j'ai fait du mieux que je pouvais pour lui scanner le plus de notes que j'avais, quand ces dernières étaient lisibles et compréhensibles surtout. S'il m'avait, au contraire, démontée, je pense que j'aurais explosé à l'heure qu'il est.

— Moi j'en ai marre, souffle Alexandra en lâchant son stylo qui tombe par terre et roule sous mon siège. Ça a été dur de se mettre d'accord sur un thème et de construire la pièce, on s'est fait chier à trouver un nouveau personnage, à tout créer pour que ça corresponde et j'ai l'impression que l'on est toujours un trio !

C'est clairement une attaque envers Gontan truc muche, mais celui-ci ne relève pas. Soit il ne l'a pas écoutée, soit il s'en fiche, soit il est con.

— Bon écoutez, je vais faire une pause parce que je crois que je vais craquer sinon, soupire Martial après avoir jeté un coup d'œil vers le nouveau qui ne bronche toujours pas.

— Je te suis ! s'exclame aussitôt Alexandra.

C'est ça, allez-y et laissez-moi le sale boulot : l'écriture (il faut que l'explication de notre pièce soit au point pour quand monsieur Bénet viendra lire notre travail) plus le chieur ! Géniaux les camarades de classe.

Tandis que les autres élèves discutent entre eux, demandent conseil au professeur ou bien tout simplement, essayent de jouer des scènes afin de pouvoir noter correctement ces dernières, je dois me coltiner le nouveau. Pourquoi c'est toujours à moi que ça arrive ce genre de truc ? Une mère qui pense à moi une fois par an (j'ai eu un message d'elle pour la nouvelle année seulement), une moche-sœur ensorceleuse, une moche-mère vipère et maintenant un Gontan truc muche qui vient me faire chier. Mélissa dirait certainement que ma vie craint du pâté, pour ma part, je dirais qu'elle est carrément trop pourrave. Elle pue complet !

— Est-ce que tu comptes glander encore longtemps ? Tu viens pourrir notre trio et encore t'es pas fichu de nous aider à la rédaction !

C'était plus fort que moi, il fallait que ça sorte. Depuis un certain temps, j'ai l'impression de bouillir intérieurement, j'en veux à la Terre entière. Les adultes disent que c'est parce que je suis en crise d'adolescence, mais ils ne comprennent vraiment rien ceux-là. On ne peut pas résumer le mal-être que je ressens à une simple crise d'adolescence. Merde !

Des yeux sombres me fixent subitement. S'il croit qu'il va me faire peur à me regarder ainsi, il se met le doit dans l'œil le chieur ! Il m'en faut plus pour m'effrayer, beaucoup plus.

— Si tu ne nous aides pas quand Alexandra et Martial reviennent, tu seras obligé de rester avec l'un de nous trois à la fin de l'heure pour contribuer à ton tour.

— Impossible, à la fin de l'heure, j'me casse.

Oh putain, je vais l'éclater ! J'étais certaine qu'il était comme ça. C'est le genre à faire semblant de bosser, le genre qui récolte une bonne note de dossier collectif et qui se la pète auprès des autres par la suite.

Alors que je m'apprête à répondre que je m'en fous et que sa vie ne me regarde pas mais que la pièce si, je réalise que malgré le fait qu'il soit en seconde, il vient de dire qu'il partait. Depuis quand pouvons-nous sortir à notre aise ? La semaine avant les vacances, Mel et moi avons dû aller en perm. Ne me dites pas que nous y sommes allées pour rien ?

— Attends, mais comment tu fais pour passer le portail ? Ils vérifient les carnets et tout le bazar.

Le rire moqueur qu'il lâche me donne encore plus envie de lui tourner le dos. Je ne sais pas si c'est à cause d'Angelina la voleuse qui me tape sur le système ou bien mes sautes d'humeur de plus en plus hardes ces derniers temps comme je vous disais, mais il me sort par les yeux celui-là. Je crois qu'il y a des gens avec qui ça ne passera jamais et le nouveau fait partie de cette catégorie-là.

— Non. Ils ne vérifient que ceux des secondes, répond-il enfin. Il suffit d'avoir une feuille de la bonne couleur et le tour est joué.

Je roule des yeux, agacée par ma propre personne. J'aurais dû m'en douter. Ce mec est un cliché à lui seul. Rebelle et bad boy dans l'âme. Je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il fume, a une moto et galoche toutes les filles du coin.

— T'es Madeleine, c'est ça ?

Ouah, quel talent ! Il mérite un tonnerre d'applaudissements là, c'est sûr.

— Bravo Sherlock ! Bien, on peut continuer maintenant ?

— Eh du calme, je te rappelle que c'est toi qui cherches des noises avec tes phrases toutes faites, ton ton agressif et ton regard de meurtrière, blondie.

On m'a déjà donné des surnoms mais jamais on ne m'a appelée ainsi. Je crois que c'est pire encore que Maddi. J'ai l'impression que j'ai de la vapeur qui sort de mes narines. Blondie, ou l'insulte pour moi. Il a qu'à me traiter de blondasse aussi tant qu'il y est !

Puis genre c'est moi qui provoque, alors qu'il n'a rien foutu depuis son arrivée, que ce soit en décembre, pendant les vacances ou maintenant ? Il y en a qui ne manque vraiment pas de culot.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? T'as tes règles, c'est ça ? Sherlock a encore vu juste ? ironise-t-il.

Durant plusieurs secondes, Gontan truc muche et moi nous fixons sans rien dire. Le regard noir tous les deux, nous sommes sur le point de nous mettre sur la figure, du moins pour ma part, quand Alexandra et Martial reviennent.

Une chance pour le chieur, ma petite remontrance semble lui avoir remis les idées en place puisque durant le reste de l'heure, il s'implique enfin. Et il s'avère que bien que cela me pèse de le dire, il n'a pas des idées complètement connes et qu'il rédige plus bien.

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NDA : En média, voici plus ou moins comment j'imagine Alexandra 😊

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Место, где живут истории. Откройте их для себя