33. Le quiproquo et le motard

870 120 24
                                    

Si un certain Claude François faisait honneur aux lundis au soleil, j'ai remarqué que les miens sont généralement nuls et surtout, sous la pluie. Et je ne dis pas cela à cause de mon cours de Littérature et Société super chiant ni même du sport.

Bon, c'est vrai qu'avoir dû courir sur un terrain glissant et avoir perdu tout moyen d'être désirable aux yeux de Jocelyn en devant mettre ma capuche dégueulasse sur ma tête, ça y a joué aussi...

Bref.

Ce n'est que lorsque je me retrouve à patienter dans la file d'attente du self que je me décide à aborder le sujet épineux de ma bouderie excessive avec Mélissa. Mon amie se tient droite et fixe devant elle d'un air absent. Je n'arrive pas à savoir si c'est qu'elle réfléchit à quelque chose d'important ou bien si elle essaie de faire comme si notre silence ne la dérangeait pas. Pour ma part, je ne suis pas à l'aise.

— J'ai fait la paix avec Sacha.

Ses yeux foncés se posent sur moi et elle paraît revenir sur terre. Flute, je l'ai sortie de ses pensées. J'espère que ce n'était pas trop important. De toute façon, c'est trop tard pour revenir en arrière désormais.

— Elle est sympa en vérité. Elle a encore plus manipulé mon frère que je ne sais, mais ça va. Elle est cool.

D'ordinaire, elle aurait donné son avis.

— Et euh... toi, comment ça va ?

— Ça va.

Donc elle n'est pas décidée à m'aider. Super !

— Cool.

Nous avançons d'un pas et notre silence est recouvert par les exclamations et les conversations de ceux qui nous entourent. Un groupe de premières se marre à deux mètres de nous. Devant eux, Guillaume et Martin, les sportifs populaires, se vantent de leurs performances en cours d'éducation sportive. À moins qu'ils parlent d'autres performances...

— Je suis désolée Mel. D'avoir été distante et froide la semaine dernière. De ne plus vraiment te raconter ce qu'il se passe dans ma vie. De jalouser Maxime. Je m'excuse d'être une mauvaise amie.

Alors qu'elle avait les bras croisés sur sa poitrine, je la vois se détendre et un léger sourire adoucit son visage dur.

— Je ne comprends pas pourquoi tu jalouses Maxime.

Je soupire et baisse la tête. Mes yeux fixent le bout de mes chaussures que je cogne contre le sol.

— Madeleine, souffle-t-elle en posant sa main sur mon épaule.

Ces derniers temps, j'ai l'impression que je passe mon temps à m'expliquer et à faire la paix avec les gens. Le truc, c'est que je sais que je n'aurais pas à faire tout cela si je ne faisais pas la guerre aux autres sans véritable raison. Enfin, quand je dis « sans véritable raison », c'est surtout à leurs yeux. Car pour ma part, ce que je ressens au fond de moi et qui remue mes entrailles, ça existe bien. Malheureusement.

— Toutes les personnes que j'ai pu rencontrer ont changé à cause de l'amour. Ma génitrice m'a abandonnée pour son mec et son nouveau fils. Quand je suis revenue à la ferme, mon père était épris d'Angelina et prenait sa défense lorsque je voulais l'affronter. Émile est comme un abruti dès qu'il voit Sacha... Je me suis dit que si tu traînais avec Maxime, tu allais te rendre compte à quel point il est génial et à quel point je suis merdique.

Elle roule des yeux et passe son bras sous le mien.

— Qu'est-ce que tu peux être bête quand tu t'y mets toi. T'es ma meilleure amie. Que je traîne ou pas avec Maxime ne changera rien. C'est avec toi que j'aime faire des soirées pyjamas, me maquiller en gothique et sauter sur mon lit en chantant du Taylor Swift punkisé. Pas Maxime.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now