49. Ma meilleure amie

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Les véritables amis se comptent sur les doigts de la main. C'est ce que répète toujours Mélissa...

Si la plupart des lycéens dirait certainement qu'ils sont des exceptions, car eux, ils ont des tonnesd'abonnés sur leur Insta, moi, j'ai toujours été d'accord avec Mel. Et je pense que lorsque l'on arrive à comprendre cette phrase (généralement parce qu'on a vécu la chose), c'est signe que l'on sait enfin ce que le mot « amitié » veut dire.

C'est un peu comme le fait de dire que c'est en apprenant de nos erreurs que l'on grandit... En fait, je crois que j'aime bien ce genre de phrases. Elles sont simples mais elles ont une valeur pratiquement philosophique dans le fond. Car lorsque l'on comprend véritablement leur importance, cela veut dire que l'on a découvert une des merveilles du monde.

En arrivant sur le parking du lycée, lundi matin, j'ai la gorge nouée. Après ce qu'il s'est passé avec Gontran, je dois avouer que j'angoisse pour sa reprise de cours. Si cela ne tenait qu'à moi, je serais toujours à côté de lui, le portable dans la main, prête à contacter les urgences pour le moindre instant de fatigue.

D'ailleurs, c'est après ce genre de réflexion que j'ai avoué à mon copain (ça fait bizarre de le dire, enfin de le penser) que je trouvais que ses parents étaient un peu inconscients de le laisser aller au lycée, comme un jeune en parfaite santé. Et c'est dans un rire que Gontran m'a répondu que je n'étais pas dans la tête de tous les lycéens et ne pouvais donc pas affirmer que les autres n'avaient pas de souci. Puis il a rajouté qu'être cardiaque ne voulait pas dire « mourant » ou « extraterrestre ».

C'est vrai que dit comme ça...

— Salut.

Je me fige en découvrant que Mélissa se trouve actuellement en face de moi. Ses petits yeux et son air incertain trahissent son état de stress. Ou peut-être un week-end haut en émotions. Comme le mien dans ce cas.

— Salut, réponds-je en sentant ma gorge se nouer.

— Ça va ? demande-t-elle dans une grimace.

Je crois qu'elle vient de réaliser à quel point sa question rend la situation encore plus pesante.

— Ça va.

Comme promis, je n'aborde pas le sujet concernant Gontran.

Ce dernier m'a dit qu'il ne voulait pas que je parle de son état de santé au lycée. Il veut rester le nouveau super rebelle qui a foutu un vent à la princesse des secondes. Il veut que les autres continuent à le voir comme un mec mystérieux qui fait du théâtre et se moque des règles que l'on impose au bahut parce qu'en plus de sécher les cours de sport, il passe le portail sans même montrer son carnet aux surveillants.

— Et toi, ça va ? continué-je.

Elle se mord les lèvres puis baisse la tête.

— Ça va, souffle-t-elle.

Paye la conversation quoi ! La plus passionnante de toute l'histoire de l'amitié.

— En fait non, ça va pas, dit-elle au bout d'une dizaine de secondes gênantes.

Je dois me battre pour ne pas avancer vers elle et la prendre dans mes bras quand je vois ses yeux s'humidifier.

— Ça va pas parce que ma meilleure amie me manque, lâche-t-elle en étouffant un sanglot avec sa main.

Et voilà ! Maintenant moi aussi j'ai les larmes aux yeux.

— Dans ce cas, pourquoi tu m'as fui vendredi ?

Ma question ne devait être qu'une simple interrogation mais je me rends compte que l'on pourrait croire que c'est un reproche.

Mélissa soupire puis essuie le dessous de ses yeux.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now