45. La surprise

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Des fois, les surprises les plus simples sont les meilleures... Ah non attendez, je crois que c'est pour les blagues ça. Quoique non... on dit bien : « les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures ». Bon, peu importe ! Aujourd'hui, j'ai décidé que ça serait ma citation, un point c'est tout.

— C'est là, m'annonce Gontran après trois minutes durant lesquelles je n'ai pas pu m'empêcher de jeter des coups d'œil à nos mains.

— T'es sérieux ? me moqué-je. C'est de m'amener ici, ta surprise ?

Il se fout de moi, non ? Où est la caméra cachée bon sang ?

Je crois qu'il va regretter de m'avoir fait croire à une surprise si c'est pour simplement m'amener au supermarché. Oui, j'abandonne mon idée comme quoi les surprises les plus simples sont les meilleures. Ça, c'est trop simple !

— Roh mais tais-toi, mauvaise langue va ! lance-t-il en rigolant et en tirant sur ma main pour m'obliger à reprendre la marche.

— Tu peux me lâcher maintenant, tu sais ? Parce qu'il n'y a plus de voiture là !

— Mais t'es capable de raser le trottoir encore, et si, il y a des voitures.

— Qui stationnent, ajouté-je d'un ton las.

— Mad, souffle-t-il comme une réprimande.

Je soupire et me tais. Hors de question que je lui dise que le fait qu'il me tienne la main me rend toute bizarre ou bien que le petit surnom qu'il vient de me trouver me plaît autant que je le déteste. Tant pis, je devrais encore subir en silence.

Nous traversons le parking comme deux parfaits abrutis. Enfin non pas que je veuille dire que ceux qui vont faire leurs courses sont des abrutis... C'est juste que... Roh et puis merde hein ! Pensez ce que vous voulez !

— Si ta surprise c'est de m'acheter à bouffer, sache que je n'ai pas faim, râlé-je.

Sauf que Gontran ne se dirige pas vers les portes du magasin. Non, il longe plutôt le bâtiment jusqu'à arriver à l'angle de celui-ci. Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?

Il s'arrête, me lâche la main et mes doigts remuent, se sentant soudainement seuls. J'ai des picotements dans ma paume. C'est étrange... En le voyant passer au-dessus des barrières qui empêchent normalement les gens d'aller à l'arrière de la bâtisse, je fronce les sourcils.

— Euh... tu m'expliques là ?

— Non, répond-il catégoriquement. Viens, c'est tout.

— Hors de question, déclaré-je en croisant les bras sur ma poitrine. Je refuse d'aller dans une zone interdite au public, ou aux clients plutôt.

Non mais il a cru quoi ?

— Allez viens Mad, déconne pas !

— Non, je n'ai pas envie de traîner au milieu de la déchetterie moi !

— Allez... Tu pourras m'appeler le chieur jusqu'à ce soir, si tu veux.

C'est vrai que c'est tentant mais...

— S'il te plaît, dit-il en s'approchant de la barrière.

Son visage, à nouveau près du mien, me perturbe. Ses yeux qui fixent les miens, le sourire qui illumine ses traits... Je n'arrive plus vraiment à savoir pourquoi je ne veux pas venir.

— Euh...

— Mad, continue-t-il en adoptant un ton que je ne lui avais encore jamais entendu.

— Bon O.K., cédé-je en soupirant.

J'enjambe la barrière aussi bien que je peux en crispant mes doigts sur le métal. Je n'ai jamais été très aventurière, ce n'est pas de ma faute.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now