18. Le souvenir embarrassant

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« Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis » est la citation favorite d'Émile.

Dans ce cas, je dois être sacrément conne parce que peu importe quel sujet on abordera entre ma moche-mère, ma génitrice, les profs ou bien le chieur, je continuerai à dire que ce sont des emmerdeurs !

— Non Madeleine, je refuse d'y aller.

Mélissa fléchit ses jambes pour résister. J'ai beau lui tirer le bras, la supplier du regard, me mettre à piétiner le sol comme une gamine, elle ne semble pas prête de céder.

Pourtant, si elle acceptait de me suivre à la cafet', je suis certaine qu'elle pourrait voir qu'elle s'est trompée sur le compte de Léo.

D'accord, c'est vrai que l'animateur est plus âgé que nous et qu'il est un employé ici, mais je ne demande pas à ce que mon amie sorte avec lui, juste qu'elle ose rentrer dans une salle dans laquelle il bosse.

Parce que si elle reste cachée ainsi, on ne pourra jamais savoir s'il se souvient d'elle. Puis peut-être qu'ils vont devenir amis à force. Ça serait cool d'être pote avec l'animateur de la cafet', non ?

— Pense à moi un peu. Après l'annonce de ma moche-mère et la pluie de contrôles de ce matin, tu ne peux pas laisser ta meilleure amie se pointer à la cafet' toute seule !

Je sais que le chantage n'est pas bien, mais on s'en fout. Tous les moyens sont bons pour arriver à nos fins de nos jours.

— T'es mauvaise Madeleine !

— Mais c'est pour ça que tu m'aimes.

Mélissa roule des yeux tandis que mon sourire diabolique étire mes lèvres. J'ai gagné. Je le sens.

— Juste quelques minutes alors.

Je retiens mon cri de victoire parce que mon amie serait sûrement gênée et que les autres élèves me prendraient pour une folle. J'ai beau ne pas être la fille populaire que tout le monde remarque, je n'ai pas envie de me couvrir de honte pour autant.

Heureuse, j'attrape l'avant-bras de Mélissa.

— C'est bon, je peux avancer route seule, rouspète ma meilleure amie.

Pourtant, elle ne se défait pas de ma prise.

— Allez, on y va, on y go ! commencé-je à chantonner.

Elle rigole et contaminée par ma bonne humeur, commence à se détendre.

— Mé... Mélissa ?

La voix qui interrompt notre instant rigolade est masculine, et plutôt grave. Toujours serrée contre mon amie, je tourne la tête. Mes yeux se posent alors sur un mec à la peau légèrement basanée. Ses cheveux sont châtain foncé et coupés courts. Ses yeux marrons paraissent presque noirs d'ici. Je reconnais ce style un peu « je me laisse aller » vestimentairement parlant. Aucun doute, il s'agit bien du Léo que j'ai épié plus ou moins sur Facebook, le même que j'ai vu sortir l'autre fois de la cafet'.

Et bien pour le coup, je crois que l'on a la réponse. Il se rappelle bien de Mélissa.

— Tu... t'étudies ici ? demande-t-il.

Par contre, son air un peu inquiet et ses yeux écarquillés, je ne les comprends pas. Est-ce que l'on aurait omis de me dire quelque chose ?

— Euh... ouais.

Je suis complètement perdue là, il faut qu'on m'explique.

— Ah.

Un silence, plus que gênant, prend place. C'est quoi cette merde ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi j'ai l'impression qu'ils m'ont larguée en route ?

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now