48. Visite du dimanche

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Je n'ai jamais vraiment kiffé les hôpitaux mais je crois maintenant que je les déteste. L'odeur, les tenues du personnel, les bruitages, les maladies, je ne vois que de la noirceur, de la peur et de la souffrance.

Désormais arrêtée devant la porte de la chambre de Gontran (son père nous a donné son numéro vendredi soir), je jette un coup d'œil à Angelina et papa. Aujourd'hui, ils sont deux à m'avoir accompagnée. Émile quant à lui est allé voir Sacha.

Une grande inspiration et ma main se pose sur la poignée après avoir toqué deux petits coups. J'entre, la boule au ventre. La chambre est silencieuse. Pas de parents Bavière à première vue. Je ne sais pas si ça m'arrange ou pas en fait.

Je me stoppe en apercevant Gontran dans son lit. Il fixe la fenêtre, comme s'il ne m'avait pas entendue. Tout en me mordant les lèvres, je me demande si je dois me signaler. Pas trop fort pour ne pas lui faire peur mais assez pour être remarquée et...

Il vient de tourner la tête vers moi et son visage qui était impassible jusqu'à maintenant s'illumine.

— Salut.

Je ne peux plus fuir, même si mes jambes elles, semblent partantes pour le faire.

— Salut, réponds-je.

Angelina m'a conseillé de ne pas montrer ma peine. Elle m'a dit que généralement, les gens n'aiment pas trop être pris en pitié. Alors j'essaie de contrôler mon visage. Seulement je ne sais pas si le résultat est bon ou si je passe pour une folle à vouloir garder mes sourcils à une hauteur normale.

— Tu... Comment tu te sens ?

— Bien, souffle-t-il en se redressant dans son lit, et toi ?

— Ça va aussi.

Un silence s'installe. C'est gênant. En plus, je réalise que je n'ai pas bougé depuis mon arrivée dans la chambre. On dirait que je suis une statue.

— Tu peux approcher tu sais ? Je ne vais pas te contaminer, rigole-t-il.

Ce n'est pas du tout ce à quoi je songeais et je m'en veux qu'il pense à une telle chose.

— Je sors ce soir, m'apprend-il une fois que je suis devant son lit.

J'ai lu sur internet que l'on n'est pas souvent hospitalisé à cause d'une syncope, sauf en cas de problème de tension... Il a donc beau me dire que tout va bien, quelque chose cloche.

— Ils t'ont gardé longtemps.

— Ouais, soupire-t-il. Apparemment j'ai été long à reprendre. Alors ils ont voulu me garder en observation. Mais ils se sont rendu compte que je pète la forme désormais.

Si on veut...

— Donc je reviens au lycée lundi, continue-t-il.

— Ils ont dit que tu avais eu une syncope ortho... Attends, une...

— Orthostatique, complète-t-il. C'est pas la première. La dernière en date, c'était il y a trois ans. J'avais la crève. Quand mon système immunitaire est bas, mon cerveau a vite fait de déconner.

Gontran tend la main pour attraper la mienne qui est actuellement collée contre son lit.

— Attends, relevé-je enfin au bout de quelques secondes, tu veux dire que tu as la crève en ce moment ?

Il bouge légèrement sur son lit et sa main me relâche.

— Un petit mal de gorge de rien du tout.

— Et tu m'as embrassée alors que t'étais malade ? noté-je en faisant les gros yeux.

— Ça va, rigole-t-il, j'suis sûre que tu vas très bien.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now