23. Déposer les armes

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Si nous avons plusieurs vies, je suis certaine que dans la prochaine, je serais un serpent. Je cracherais mon venin vers toute personne qui osera m'approcher.

Nous sommes vendredi soir et le week-end s'annonce plutôt mal. Et tout ça, c'est à cause du dragon. Comme toujours.

— Madeleine, excuse-toi, tout de suite !

Mon père, les yeux furibonds me fixe. Même Émile me regarde un peu durement. Alors dans un soupir, je me tourne vers le dragon. Je vous jure que je comptais m'excuser. Jusqu'à ce que j'aperçoive son visage botoxé.

— Jamais de la vie !

Je quitte la table sans plus attendre, tape des pieds dans les escaliers et pars m'enfermer dans ma chambre. Sur mon lit, je me laisse tomber, et ma tête enfuie dans ma couette, j'étouffe mes cris de rage.

Comment ont-ils osé ? Comment ont-ils osé planifier leur mariage pour l'anniversaire du jour de mon retour à Bignoux ? Et Angelina la voleuse qui me demande de passer le samedi après-midi avec elle pour une sortie entre filles en plus !

Ce n'est pas de ma faute si elle n'a pas d'ami. À son age, elle ne devrait pas m'obliger à venir avec elle pour paraître moins conne lors de son shopping. C'est d'ailleurs ce que je lui ai dit.

Cinq minutes plus tard, j'entends que l'on toque à ma porte. Je sais que ce n'est pas Émile. Lui, entre sans demander la permission. À ses yeux, je crois même que ce mot n'existe pas.

— J'veux pas parler ! crié-je.

En entendant que ça insiste, je comprends subitement qu'il ne s'agit pas non plus de mon père. Habituellement, un refus verbal est synonyme de l'attaque de défense la plus forte, celle à laquelle on n'a pas le droit de répondre. Du moins à ses yeux.

Deux secondes plus tard, ma porte s'ouvre. Putain, elle est bouchée ou quoi ? En plus, elle s'invite dans ma chambre. Tranquille quoi !

— Je voudrais que l'on parle toi et moi.

Au moins, elle ne passe pas par quatre chemins. Mais dommage pour elle, ça ne changera rien. Je n'ai pas envie de discuter.

— Je sais que tu ne m'apprécies pas.

Tiens donc, alors elle n'est peut-être pas si idiote que ça ?

— J'aime ton père Madeleine. Je ne souhaite que son bonheur et je sais que celui-ci passe par celui de ses enfants.

— Alors laisse-le, ne l'épouse pas !

J'ai osé relever la tête et désormais, je la fixe droit dans les yeux.

— Mais je ne pourrais pas renoncer à ton père. Nous nous connaissons depuis bientôt un an lui et moi. Je veux finir ma vie à ses côtés.

Je crois que je vais vomir de ce trop plein de débilité.

— Et moi je dis que l'on n'a pas besoin de toi.

Le dragon soupire. Ses sourcils se froncent légèrement. Ça ne lui va pas cet air-là. J'ai envie de lui dire que ça va lui faire des rides mais je n'ai pas envie de parler inutilement.

— Je veux que tu saches que je n'abandonnerai pas. Même si cela doit prendre des années pour que tu m'acceptes.

— Ça n'arrivera jamais.

Je vois un éclair de tristesse traverser son regard océan. Comme ça, nous sommes deux à l'être !

— Tu sais, souffle-t-elle en s'asseyant au bord de mon lit sans même que je ne l'ai invitée. Ça va peut-être te surprendre car j'en parle rarement, mais j'ai eu une fille. Elle était belle et caractérielle. En fait, tu me fais beaucoup penser à elle.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now