36. Journée portes ouvertes

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Quand j'étais petite, j'adorais les jeudis et les vendredis, parce que ça signifiait que le week-end approchait. En plus, à mon école, c'était souvent les jours les plus créatifs. Puis j'ai dû quitter le coin, j'ai découvert Paris, ma nouvelle classe et... Les jeudis et les vendredis sont alors devenus mes pires ennemis car je savais que le samedi, je serais invisible à la maison.

Parce qu'aujourd'hui, ce sont les portes-ouvertes et que je me produis sur scènes, les professeurs sont plus conciliants avec les élèves de théâtre concernant les cours. J'ai, par exemple, eu le droit de quitter celui de français une demi-heure avant mon passage dans l'amphithéâtre, pour me préparer mentalement.

Un exploit de leur part, je sais.

Alors qu'Alexandra, à mes côtés, se ronge les ongles, nous attendons que Martial et le chieur arrivent. Bien évidemment, il fallait que ce soit eux les retardataires. Bon, en fait ils ne sont pas en retard, mais ils ne sont pas en avance non plus. J'espère que leur prof sont sympas et n'ont pas décidé de les garder prisonniers. La guerre et les critiques envers les théâtraux sont bien réelles, tout comme celle envers les élèves d'arts plastiques qui, d'après les autres, passent leur temps à gribouiller et à fumer.

Bref, les stéréotypes et la méchanceté gratuite...

— Ils sont là ! s'exclame subitement Alexandra en montrant notre camarade de classe.

En apercevant Gontan truc muche, je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil. Il s'est coupé les cheveux ? Mais comment il a eu le temps d'aller voir un coiffeur, hier après-midi, il avait encore sa mèche !

— Y a du monde, souffle Martial en regardant la grande salle.

Les rideaux sont encore tirés et personne ne traîne sur la scène. Pour le moment, la plupart des comédiens et des visiteurs tourne autour des deux présentoirs. Et voir toutes ces confiseries me donne faim.

Alexandra et Martial doivent sûrement avoir eu les mêmes pensées puisqu'ils me lâchent pour rejoindre les stands de bouffe.

Un silence s'installe entre le chieur et moi. Après l'épisode du gâteau hier, j'ai quitté sa chambre dans le but de le rejoindre. Pourquoi ? Je ne sais pas. Et même encore maintenant, je me demande ce qui m'a pris. Mais à peine arrivée au bout du couloir, j'ai réalisé que je ne connaissais pas du tout la maison et je n'ai pas été capable de le retrouver. Alors je suis retournée voir mes camarades de théâtre et pendant qu'ils discutaient, j'ai piqué une part du fondant au chocolat. Ni vu ni connu, j'ai soulagé mon estomac qui grondait.

Gontan truc muche se racle la gorge et je reviens à l'instant présent.

— Nouvelle coupe, remarqué-je en levant le doigt en direction de ses cheveux.

J'ai dit cela plus pour faire la conversation et ne plus être mal à l'aise qu'autre chose.

— Ouais.

— T'as eu le temps d'aller voir un coiffeur en une soirée ? T'es un client VIP ou un truc du genre ?

Il sourit puis croise les bras sur son torse.

— Non, j'ai juste ma coiffeuse à domicile.

Est-ce qu'il se fout de moi ?

— C'est ma mère.

Ah.

— Alors, contente de ne plus voir ma mèche de vieil emo ?

Il est sérieux ?

— Ne me dis pas que tu t'es fait couper les cheveux à cause de ma réflexion !

Il rigole puis secoue la tête, comme si je venais de dire la chose la plus ridicule du monde.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now