11. Le connard

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Parfois, il m'arrive de penser que nous, pauvres petits humains insignifiants, ne sommes que des pions d'une expérience produite par quelqu'un de haut placé, quelqu'un dont nous ignorons l'existence.

Tout en sautillant à cloche pied, je grimace et sens mon visage me brûler. Pourquoi a-t-il fallu que je cours en chaussettes ? Pourquoi a-t-il fallu que mon orteil cogne contre le mur ? Ça fait un mal de chien !

— Madeleine ? Tu vas être en retard ! s'exclame mon père.

Je sais qu'il est dans le salon et attend que je parte au lycée pour continuer son boulot de fermier. Quelque fois, je me demande pourquoi il a décidé de se tourner vers cette profession. Il y a tellement de boulot plus facile et plus rentable... Avant la mort de grand-père et grand-mère, il travaillait dans l'industrie et d'après mes souvenirs, il ne s'en plaignait pas trop.

— Madeleine, si tu rates le car, je ne t'amène pas à l'école !

Cette fois-ci, c'est Émile. Généralement, c'est lui qui se charge de me conduire jusqu'à l'arrêt de bus.

— J'arrive, j'arrive ! rouspété-je.

Une fois en bas, je ne peux ignorer le chut que me lance mon père. Le dragon dort encore. Je roule des yeux et après avoir enfilé mes chaussures, soulève mon petit sac de provisions pour ce week-end. Heureusement que je pourrais mettre mes affaires dans la salle à bagages, je me voyais mal devoir trimballer mes affaires durant toute la journée.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? demande mon père en attrapant une de mes mèches de cheveux.

— Oh, ça ? C'est rien. J'ai juste conclu un accord avec Mélissa. Puisque je viens dormir chez elle et que nous allons passer un week-end super, je devais la remercier en me colorant une mèche de cheveux en rouge. Comme ça, nous sommes sœurs de cheveux !

Tandis que mon père secoue la tête d'un air dépité, mon frère fronce les sourcils.

— Mais nous n'avons pas de colora...

— C'est de la peinture. Ne vous en faîtes pas, ça partira à la douche. Bon alors, on y va maintenant ? Parce que je ne souhaite pas rater le bus moi !

Émile soupire, prend mon sac puis se dirige vers la sortie. Alors que je m'apprête à le suivre, mon père me barre la route.

— Bon, parce que... enfin nous n'allons pas... Fais attention. Pas d'alcool, pas de drogue Madeleine. Et sois polie avec les parents de Mélissa.

Je fais le salue militaire en signe de réponse positive et mon sourire disparaît quand mon paternel me prend dans ses bras. C'est tellement rare que ça arrive, d'habitude ce n'est qu'en cas extrême, que je reste droite comme un piquet, incapable de lui rendre l'étreinte qu'il me donne.

— Allez, vas-y donc que ton frère va finir par devenir chèvre sinon.

— Oh ça, ce n'est pas moi qui m'en charge, de le rendre chèvre, c'est plus du ressort de Sacha ça !

***

— Je n'arrive pas à croire que tu l'as vraiment fait ! s'exclame mon amie et quelques regards curieux se tournent vers nous.

Cette bande de pervers doit certainement penser que Mélissa parle de tout autre chose, mais désolée les gars, nous discutons de cheveux uniquement !

Fière de mon exploit, je soulève la mèche colorée et souris, le menton haut.

— C'est trop classe comme ça. Le rouge te va super bien.

C'est aussi ce que j'ai trouvé en me regardant dans le miroir de la salle de bain ce matin. Mes cheveux blonds sont beaux mais je les trouve parfois un peu trop... blonds justement. J'aime bien la fantaisie et cette mèche rouge casse le côté basique de ma coiffure. J'aurais volontiers fait une autre coupe (si je n'habitais pas chez mon père). Disons que ce dernier est un peu classique quand il s'agit de look capillaire. Mais parfois je me dis que je devrais tout de même tenter l'expérience...

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now