Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)

26. Gontran le menteur

Des fois, j'aimerais pouvoir lire dans les pensées des gens.

Si c'était le cas, j'aurais pu savoir ce que s'était dit Jocelyn durant les cinq longues minutes que nous avons dû patienter avant que l'infirmière ne sorte d'une des chambres. Et même si ça avait été un truc du genre « putain, mais qu'est-ce que je me fais chier à côté de cette fille complètement gauche et moche ? », je crois que ça n'aurait pas été grave. Enfin si, un peu, beaucoup ! Mais au moins, j'aurais su si oui ou non, je perdais mon temps à vouloir me rapprocher de lui.

O.K. bon, s'il ne m'appréciait pas, il n'aurait certainement pas dit au prof qu'il pouvait m'accompagner à l'infirmerie. Nous aurions été dans un autre cours, j'aurais pu penser au fait qu'il voulait fuir la salle, mais là, il avait fini son tour, nous étions dehors, et tout le monde se plaît plus ou moins en sport. Puis c'est vrai qu'il a dit un truc du genre « je vais rester près de toi, au cas où tu ne te sens pas bien ». Près de moi ! Ce n'est pas rien. D'accord, il ne m'a pas déclaré ses sentiments, seulement je pense que c'est déjà pas mal...

Le souci, c'est qu'aussitôt l'infirmière a-t-elle dit qu'elle allait s'occuper de moi, il a déclaré qu'il repartait. Il aurait pu rester, à attendre dans la salle, mais il a choisi de s'enfuir. Voilà donc pourquoi je me pose des questions. Et s'il essayait juste d'être sympa avec moi ? Je me souviens que quand j'étais à Paris, je craquais pour un mec de ma classe et je croyais que c'était réciproque. Sauf qu'en fait, s'il était cool avec moi, c'était uniquement pour approcher une des filles avec qui je traînais.

Je ne vous raconte pas la honte et la déception qui m'ont gagnée lorsque je m'en suis rendu compte (après lui avoir demandé s'il voulait sortir avec moi et surtout, après avoir entendu sa réponse : non mais en fait, c'est pas toi que je kiffe !). C'est pour cette raison désormais que je préfère laisser les garçons faire le premier pas.

Bref, ce n'est pas ça le sujet. Désormais assise (plus ou moins, puisque mon coccyx n'a beau ne pas être cassé, j'ai tout de même encore mal), j'écoute le prof balancer son blablabla concernant la représentation qui approche. Aujourd'hui, tous les groupes vont passer sur l'estrade. C'est en quelque sorte une petite répétition et si Alexandra semble stresser, ce n'est pas mon cas. Certes, on a un boulet avec nous qui se nomme Gontan truc muche et se prend des zéros en théorie, mais je suis certaine que ça va le faire !

Alors que mes camarades commencent à papoter, monsieur Bénet se racle la gorge.

— Mais avant...

Comme il fait durer le suspense, certains soupirent.

— Je sais que nombreux d'entre vous ont vu que j'avais mis vos notes en ligne sur l'ENT.

Deux élèves semblent surpris. On voit qui surveille son compte hein !

— La moyenne de la classe est plutôt bonne. Vous avez bien travaillé.

Sauf le chieur... Ça craint quand même de se prendre une sale note alors que les autres ont réussi l'examen.

— J'ai ramené vos copies et je souhaiterais que l'on prenne quelques minutes pour en parler. Et bien oui, ce n'est pas parce que vous avez de bonnes notes que vous ne pouvez pas vous améliorer ! enchaîne-t-il quand Martial et un autre étudiant soupirent.

Le prof rend les devoirs par groupe. Il a toujours été organisé. Et tandis qu'il donne des conseils aux autres, je me tourne vers Alexandra.

— T'y vas toi, à la fête des portes ouvertes ?

Je me souviens qu'elle avait dit qu'elle ne savait pas si elle en avait envie ou pas et Martial s'était foutu d'elle deux semaines auparavant.

— Évidemment ! Et toi ?