53. Se faire botter les fesses

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Autrefois, lorsque je voyais des lycéens, collégiens ou élèves tout court, se faire convoquer dans le bureau du directeur, je me disais que c'était vraiment des cassos. Comme vous devez vous en douter, j'affirmais que c'était super cliché et que c'était aussi pour s'afficher.

Mais désormais que je suis en train de marcher, tête toujours baissée, vers le bâtiment administratif, je réalise que je généralisais un peu trop, une fois de plus.

Je crois que Mélissa voulait me suivre, pour me remonter le moral, mais le surveillant lui a dit qu'elle avait créé suffisamment de soucis et ma meilleure amie s'est mise à rougir car évidemment, nous avons toutes les deux compris qu'il faisait référence à Léo. Décidément, ces derniers temps, nous qui étions plutôt discrètes, nous nous tapons vraiment l'affiche !

Mon pied bute contre la première marche menant vers la porte d'entrée de la bâtisse. Dans un reniflement ultra glamour, je relève la tête. Je vais me faire défoncer. Papa va me punir pour au moins deux mois et je suis quasiment sûre qu'Émile va bloquer mon compte Instagram ou Facebook ou un truc du genre. Quant au lycée, si ça se trouve, on va m'exclure. Et si on le note sur mon dossier scolaire ?

Oh la poisse, ça craint trop !

Dans le couloir des rois du monde (ou des tyrans du lycée du moins), c'est calme. Seul le bruit des talons de la pouffiasse brise le silence. Putain ! Si j'avais su, j'aurais laissé Gontran sur son banc. Quoique non, car la Justine l'aurait dragué, encore plus qu'elle n'a fait déjà. Est-ce qu'elle avait raison quand elle a dit que je n'avais pas confiance en moi et mon copain, et que j'avais peur qu'il me quitte ? C'était un peu abusé, mais je dois reconnaître que j'ai été jalouse.

Rah, je déteste le chieur ! Il faut toujours qu'il me créé des ennuis, lui.

Je suppose que nous sommes arrivés devant le bureau du principal puisque le surveillant ralentit. Dans un profond soupir, je relève la tête. On nous ordonne (à la griffeuse professionnelle et moi) d'attendre sur les chaises mises à disposition et on nous dit que le le roi des tyrans est en entretien. Qu'il n'en aura pas pour longtemps et blablabla.

Autant dire que notre temps d'attente se fait en silence et est alimenté par des regards noirs, que ce soit de la part de la Barbie du lycée ou de la mienne. J'aurais dû la mordre cette pouffiasse. J'aurais dû planter mes dents dans son bras ! En plus, maintenant, à cause d'elle, j'ai super mal aux fesses. J'espère que je ne me suis rien cassé lorsqu'elle m'a fait tomber en arrière.

Quand la porte s'ouvre deux minutes plus tard et que je vois Gontran sortir du bureau, ma surprise est plus que grande. Non mais qu'est-ce qu'il fout là ?

— Mademoiselle Laurent. Mademoiselle Petit. Entrez, lance le chef de l'établissement.

Alors que je m'apprête à suivre, comme une condamnée, la main du lâche m'attrape le bras.

— Est-ce que ça va ? demande-t-il en laissant son regard courir sur mon visage.

Vu sa grimace, je ne dois pas être bien jojo à voir. Parce que ouais, apparemment, aller se faire engueuler pas le proviseur pressait plus que de soigner nos blessures.

— À ton avis ? rétorqué-je froidement.

Puis je me détache de sa prise et entre dans le bureau du chef du principal.

***

Quand je ressors de l'antre du diable, une éternité plus tard, je suis partagée entre la colère ainsi que la honte et je n'ai qu'une seule envie, c'est de me casser de ce lycée de merde.

D'après les dires du proviseur, Gontran a défendu mon cas en venant témoigner et en disant que j'étais la victime et que c'était Justine qui m'avait attaquée en premier (ce n'est pas vrai car c'est moi qui l'ai griffée mais la Barbie a eu beau le dire, le chef de l'établissement ne l'a pas cru). Puis il faut dire que puisque le surveillant est arrivé quand la pouffiasse était au-dessus de moi, je suis passée à 100% pour celle qui se faisait tabasser.

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant