Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)

70. Retour au lycée

Nombreux sont les gens qui disent que la magie n'existe pas. Et bien, pour ma part, je dirais qu'elle existe, de par les merveilles que les humains sont capables de faire. Alors bien sûr, ils ne feront pas disparaître un hippopotame sous vos yeux, ou ils ne vous proposeront pas de machine à remonter le temps, seulement certains sont capables de recoller deux morceaux de votre corps...

Certes, je me doute qu'il y en a qui s'écrient déjà que c'est de la science et surtout de la médecine. Mais n'est-ce pas en quelque sorte aussi une forme de magie ? Grace au talent de certains humains, nous sommes capables de réparer un corps malade. Moi j'appelle ça la magie de la science !

Bref...

Après l'accident de la scie circulaire, trois longues heures d'opération ont été nécessaires pour réimplanter le doigt. Apparemment, le plus difficile, c'était les nerfs. En tout cas, nous étions tous rassurés quand papa a été ramené dans sa chambre. Sauf que le médecin nous a à nouveau fait flipper en nous disant qu'il faudrait attendre plusieurs jours avant de pouvoir dire que la greffe avait fonctionné.

Autant dire que la semaine qui a suivi, nous avons tous stressé. Émile a demandé à son patron s'il pouvait poser quelques jours. Il s'est donc chargé du boulot avec les animaux et les marchés. D'ailleurs, je l'ai suivi le mercredi (puisque notre père a passé tout de même plus de vingt-quatre heures à l'hôpital). Boulot boulot... Il n'y a eu que cela qui a compté. Et j'ai été encore plus épuisée que la semaine précédente.

Angelina quant à elle, bien qu'elle n'ait pas pu prendre de vacances, a tout de même dit à Lucilda qu'elle rentrait à la maison. Elle est arrivée le jeudi soir, avec sa valise, et sa mine inquiète. Je n'ai même pas pu me réjouir de la voir à nouveau parmi nous. Ce n'était pas le moment le plus propice.

Actuellement, je dois reconnaître qu'elle n'a pas énormément parlé avec mon père. Sauf pour savoir comment il se sentait. Mais à vrai dire, nous n'avons pas eu beaucoup d'autres sujets de conversation. Papa ne devait pas travailler et il devait garder le doigt au chaud. Deux conditions qui ne lui plaisaient pas et il nous a fallu énormément de patience pour tenir tête à ce borné de première.

Bon, finalement la période de la cicatrisation s'est bien déroulée et après une visite d'un professionnel, on a appris que la surveillance ne serait bientôt plus nécessaire (on a eu de nombreux invités à la ferme pendant ce temps-là). D'ici quelques jours, on saura si c'est vraiment fini, et si papa peut débuter les séances de rééducation avec le kinésithérapeute. Toujours d'après les pro, d'ici un ou deux mois, si tout se passe bien, la facture devrait être consolidée. La sensibilité quant à elle, ne reviendra pas avant trois bons mois, voire plus.

Du coup, vous vous doutez bien que papa a interdiction de bosser et de bouger son doigt. Mais heureusement pour la ferme, après l'accident, JP et Émile ont parlé. Et même si c'était encore un peu tendu entre les deux ex meilleurs amis, notre voisin a proposé son aide à la maison (je crois que ça l'arrangeait aussi car ça lui permettait d'échapper à la fan inconditionnelle de monsieur Hallyday qu'est sa mère).

Puis durant le week-end, mon frère a passé une annonce pour trouver un second, ou un ouvrier agricole si vous préférez. Du coup, malgré les soupirs de notre père, nous avons engagé un mec pour qu'il fasse le boulot à la ferme. Ce dernier est arrivé dans la journée du lundi (le lundi de mon exclusion). Et une fois de plus, malgré le mauvais caractère de papa, il s'avère que le gars produit un bon travail.

— Merci Thomas, souffle Angelina en entrant dans la cuisine.

Le concerné hoche la tête. Apparemment, il a vingt et un ans et il bossait dans un petit truc d'agroalimentaire jusqu'au mois dernier. Mais son patron a fait faillite. Du coup, il était un peu dans la merde, jusqu'à ce qu'il tombe sur notre annonce. Bien évidemment, nous lui avons fait comprendre que ce serait temporaire, car une fois papa remis sur pied, nous n'aurons plus besoin de lui.