Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)

61. Tu me manques

Quand j'étais à Paris, une de mes connaissances était amoureuse du meilleur ami de son frère. Celui-ci était plus âgé qu'elle et surtout, ne semblait pas vraiment la voir comme une femme. Ou une fille plutôt. Je me souviens que le jour où elle en a parlé, je me suis dit que c'était vraiment moche ce genre de situation...

C'est en silence que JP et moi nous dirigeons vers sa chambre. Ça fait une éternité que je n'ai pas vu ce couloir. Il paraissait plus long dans mes souvenirs, et plus rempli aussi. Il y avait un meuble si je me souviens bien. Pile poil là, sur ma droite.

Une fois la porte de la chambre refermée derrière nous, mon voisin lâche un profond soupir.

— Merci Madeleine. Merci d'être venue. J'en pouvais plus. J'crois que je vais péter un câble. Je déteste les vacances. Si seulement je pouvais rester toute l'année à l'internat...

Il se laisse tomber sur son lit.

Quant à moi, mon regard se promène sur la pièce. La plupart des posters d'autrefois ont été retirés pour laisser place à des croquis et des portraits. Mais ce que je remarque surtout ce sont les dessins de manga qui sont tout simplement sublimes. Déjà à l'époque, je savais que JP aimait l'art et avait un bon coup de crayon, mais là c'est vraiment d'un autre niveau !

— Tention meuf, bombe puante dans trois... deux... un ! s'écrie-t-il en retirant ses godasses.

Je m'empresse d'aller ouvrir la fenêtre pour ne pas être asphyxiée.

Je me souviens que je venais souvent ici, avec Émile, avant que je ne parte pour Paris. Mon frère était super ami avec JP. Ensemble, ils inventaient les meilleures conneries du monde. Ils adoraient se prendre pour des macaques et grimper dans les arbres.

C'est d'ailleurs à cause de JP qu'Émile s'est cassé le bras, deux ans avant que mes parents ne se séparent. Ils avaient fait le pari de sauter du toit de la grange. Si l'un s'est dégonflé au dernier moment, le plus fou des deux (et le plus âgé, c'est ça le pire !) s'est pris pour un oiseau.

Au final, le hurlement de mon frère a été si fort que tout le monde l'a entendu. Même Bernard qui était sur son tracteur, à des dizaines de mètres de là.

Je ne sais pas pourquoi ils ne se parlent plus beaucoup maintenant. Je n'ai jamais demandé à Émile, ni même à JP. Moi en tout cas, j'aime bien venir ici encore. Il est un peu comme un cousin pour moi. Ou tout simplement l'ex meilleur ami de mon frère...

Simple Madeleine. Fais simple !

— Dis, tu m'prêtes ton ordi ?

— Pourquoi ? réplique JP en se redressant pour s'asseoir face à moi. Est-ce que tu comptes aller traîner sur des sites porno ou sur le dark web ? Parce que j'ai pas trop envie que les keufs débarquent dans ma cour, tu vois...

— Ben non. J'suis pas tebée, ni même obsédée sexuelle quoi !

Qu'est-ce que ça peut être idiot un mec quand même...

— O.K., ça marche. Mais pas de Mon petit Poney s'te plaît.

Le fuck que je lui adresse le fait rire. D'accord, j'aimais ce dessin animé quand j'étais petite. Mais justement, c'était il y a dix ans !

— Alors comme ça, tu te bagarres. Toi, Madeleine, la dernière des Petit.

— Mouhaha, très drôle JEAN-PHILIPPE !

— T'as été collée ?

— Exclue. Trois jours, à partir de la rentrée.

— Ouah, t'es une rebelle maintenant. Comme ton frère. Comment il va lui au fait ?