17. Ne plus savoir où donner de la tête

890 150 19
                                    

Si la magie existait, je modifierais pratiquement tout de ma vie. Mes parents ne se seraient pas séparés. Ma génitrice aurait été fidèle, autant envers son époux que ses enfants. Et par conséquent, je ne connaîtrais pas le dragon. Puis les professeurs seraient sympas aussi.

C'est sûr que ça changerait.

— Mademoiselle Petit, votre copie.

Dans un soupir, je file ma feuille à madame Cournazac. C'est la prof de mathématiques. Ce matin, à peine avions-nous mis un pied dans sa classe qu'elle s'est exclamée :

— Contrôle surprise ! Séparez les tables. Sortez une feuille, des stylos et votre matériel de géométrie.

Je crois que c'est son trip à celle-là. Voir nos visages déprimés à la découverte de son devoir sur table, ça la réjouit. Presque autant que nous coller des zéros.

Mais bon, elle n'est pas pire que monsieur Laffite (que l'on appelait tous monsieur La fritte bien évidemment) qui était mon professeur d'histoire au collège et nous faisait à chaque début de cours un contrôle noté sur 5 portant sur la leçon de la semaine précédente. Même si en soi, ça aidait à faire monter la moyenne, c'était chiant. Et je ne vous parle même pas de sa manière de rendre les copies par ordre décroissant, agrémenté bien évidemment de quelques commentaires balancés devant toute la classe pour bien nous ridiculiser.

Moi, avoir été choquée à vie par ce prof ? Non, juste un peu.

— Tu penses l'avoir réussi ? me demande Mélissa en recollant sa table à la mienne.

Je hausse les épaules. Les maths et moi, ce n'est pas vraiment l'amour fou. Je ne suis pas nulle pour autant, mais je suis loin d'exceller tout de même.

— Bof... De toute façon, avec la géométrie, tu dépasses d'un mini-mètre et le prof te retire tous les points alors je n'en attends pas trop tu vois.

Mon amie hoche la tête.

***

Deux heures plus tard, comme si la veille n'avait pas suffi, je découvre que les profs se sont passés le mot pour me faire chier. Entre le second « contrôle surprise » en français et la réflexion du prof d'EPS lorsque j'arrive dernière à la séance d'endurance, j'ai une vague envie d'aller envoyer bouler tout le monde.

En plus, il a osé faire une remarque sur ma taille. Je suis en seconde, j'ai quinze ans, c'est normal que je ne fasse pas un mètre quatre-vingt ! Le problème, c'est que sa pique a fait rire les élèves et que maintenant, Thomas ou bien le chef de la classe, a dit que je ressemblais à un Minimoys.

— Ignore-les, souffle Mélissa lorsque je la rejoins sur le muret pour reposer mes muscles.

Elle est essoufflée. Cela ne l'a cependant pas empêchée de faire un meilleur chrono que moi. Je n'ai jamais aimé courir. Mes petites jambes ne me facilitent pas la tâche en plus.

— Tiens, c'est pas le nouveau ?

Je jette un coup d'œil vers la rembarre et fronce les sourcils. Capuche sur la tête, coudes posés sur la barre métallique qui délimite le stade, il semble observer ma classe. Il n'a rien d'autre à faire le chieur ?

— J'espère qu'il va geler sur place !

Oups, je crois que j'ai encore pensé à voix haute.

— C'est dingue que tu le détestes à ce point.

La remarque de Mel me surprend. Après lui avoir raconté tout ce qu'il m'a fait, elle trouve encore étrange que je ne le porte pas dans mon cœur ?

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Onde histórias criam vida. Descubra agora