54. Réconciliation

750 141 24
                                    

Quand j'étais petite, je disais tout le temps à mes parents que je serais la meilleure fille au monde. Dans ma tête, j'étais persuadée que j'allais ramener des bonnes notes, que les gens seraient mes amis, que je ne serais jamais méchante, et...

Bref, je croyais au Père-Noël quoi. Littéralement mais métaphoriquement aussi. Parce que dans la réalité, la plupart de mes réussites rêvées n'ont pas eu lieu et que les choses que je ne devais normalement jamais faire, ben je les ai faites, justement.

Absolument toutes !

Lorsque la sonnerie retentit et que tout le monde se lève pour quitter la salle de torture, des élèves me demandent comment je vais. Je sais qu'ils veulent uniquement savoir ce qu'il s'est passé et qu'ils s'en balancent en vérité de moi, alors je me contente de dire que ça va. Je n'ai pas envie de raconter ma vie.

Les gens sont tellement pressés de quitter l'enceinte du lycée que tout le monde se rentre dedans et se retarde plus qu'autre chose. Des cris, des rires, des soupirs, des insultes, des salutations, il y a de tout dans le couloir. On pourrait presque croire que l'on filme une scène d'ouverture d'un magasin en pleine période de solde.

C'est d'ailleurs cette vague d'émotions qui me garde prisonnière du bâtiment pendant pratiquement deux minutes. Alors autant dire qu'une fois dehors, j'apprécie de pouvoir à nouveau respirer correctement et surtout de ne plus être bousculée de tous les côtés.

— Elle ne t'a pas ratée, souffle Mel tandis que nous marchons désormais sur les graviers.

Si la pouffiasse avait le dessus, c'est uniquement car elle était sur moi. J'aurais pu répliquer, si elle n'avait pas joué à la traître en me plaquant au sol alors que je regardais l'autre.

— On va en étude ? demandé-je.

Hors de question que j'aille voir ce lâche qui me sert de copain.

— Ouais !

Je lui attrape le bras mais elle se stoppe soudainement.

— Euh... ben en fait non, je peux pas.

Quoi ? Elle tourne comme une girouette, ce n'est pas possible !

— Je... je vais en ville avec Maxime alors... euh...

Je fronce les sourcils. Puis je comprends soudainement et me retourne.

Bingo ! Gontran est là, à quelques mètres de nous. Je le regarde tandis qu'il avance dans ma direction.

— T'as pas trop mal ? demande-t-il en tendant la main vers mon visage.

Je l'esquive.

— Je peux te parler ?

— Non.

Tant pis si Mélissa ne me suit pas, je continue ma route et ignore le lâche qui marche à mes côtés, tranquillement alors que pour moi, c'est carrément de la marche rapide.

— S'il te plaît, Madeleine.

— Va voir ailleurs si j'y suis, monsieur je-laisse-ma-copine-se-faire-tabasser-parce-que-j'ai-pas-de-couilles.

Je l'entends soupirer. Et bien qu'il soupire ! Lui il est intact. Moi, j'ai la gueule défoncée et je suis exclue du lycée !

— Mad.

— T'es bouché ou quoi ? m'énervé-je en me stoppant.

— Qu'est-ce qu'il a dit le proviseur ?

— Je suis virée. Virée t'entends ? Mon père va recevoir une lettre. On va me faire vivre un enfer à la maison. Je viens de signer mon arrêt de mort là !

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now