29. Mercredi, jour des noix et des promenades

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Parmi les lycéens, il y a ceux qui traînent en ville durant le mercredi après-midi pour s'éclater avec leurs potes ou flâner tout simplement, puis il y a ceux qui rentrent à la maison pour aider leurs proches. Chacun sa vie. Et si autrefois, j'aurais eu tendance à haïr la mienne, je crois que je commence peu à peu à l'apprécier.

Un nouveau coup de marteau se fait entendre et mon père se relève pour verser les noix cassées dans le bac à glace. En silence, il retourne à son affaire tandis que je m'occupe de la mienne. Mes doigts se posent sur la coque et je force un peu dessus pour retirer mon butin. Avec une adresse que j'aie fini par obtenir après une bonne demi-heure de travail, j'attrape le fruit et le fourre dans un des nombreux bocaux que mon paternel a sortis.

Ne pas parler aurait pu être gênant, autrefois. Mais en ce moment, je me sens bien. Je me sens utile. Je me sens entourée.

Notre chien Diego s'arrête à mes pieds en m'offre un regard de peluche, la langue pendue. Il remue la queue et espère clairement que je lui envoie sa corde dans les airs. Sauf que je suis occupée. Je n'ai pas le temps de jouer avec lui. Mon père veut aller vendre ses noix sur le marché vendredi. Alors nous devons avancer au maximum aujourd'hui.

— On va faire une pause. Tu veux boire quelque chose ?

— Non merci.

Mon père quitte la véranda pour rejoindre la cuisine. Moi, je me laisse tomber sur la chaise et observe l'extérieur, bien au chaud, derrière la baie vitrée.

Durant tout le mardi, je me suis forcée à penser aux cours. Mais l'approche des portes ouvertes me préoccupe. Le stress plus exactement, commence à me gagner. Mélissa elle, ne songe qu'à la soirée lycéenne. Je crois qu'elle est excitée à l'idée de pouvoir jouer à l'américaine.

Bon, je dois avouer que moi aussi, je pense à cette fête.

J'ai finalement annulé mon projet de m'y rendre accompagnée d'Émile. Je me suis dit que ce serait bizarre, puis je n'ai pas envie que mon frère aille tout raconter à mon père. Genre : Madeleine a dansé avec un certain Jocelyn et avait des paillettes dans les yeux. Si je passe la soirée avec mon crush, je ne souhaite pas que toute ma famille me fasse chier à mon retour à la maison.

Mais pour être honnête, ce qui retient le plus mon attention, c'est le fait que je vais peut-être pouvoir dire à Jocelyn que je l'aime bien. Dans le meilleur des cas, il me devancera. Oui, j'ai rêvé de lui en costard, avec son sourire de chaton, me faisant part de ses sentiments et alors ? J'ai bien cauchemardé du chieur, pourquoi ne pas songer durant mes nuits à mon beau brun ?

— Bon allez, c'est reparti.

Mon père vient de rentrer à nouveau dans la véranda. En parlant plus ou moins de Gontan truc muche... Cela fait presque deux jours que je n'ai pas parlé de son invitation à mon paternel. Alors après une grande inspiration, je décide de me lancer :

— Dis papa... J'ai un camarade de classe, enfin du cours de théâtre, qui a invité tout le groupe chez lui pour que l'on fasse une dernière réplétion avant la pièce pour les portes ouvertes.

Les yeux bleus de mon père se posent sur moi. Son air un peu surpris et suspicieux ne présage rien de bien.

— Il s'appelle comment ce camarade ?

Je grimace. Si je dis son prénom, je peux être certaine pour qu'il se transformera en flic parano.

— Ben euh... il y aura Alexandra. Tu sais, je t'en ai déjà parlé. Elle est sympa comme fille. Puis il y aura Martial. Il est marrant et même s'il n'est pas super bon élève, il aime vraiment le théâtre. Et il y aura Gontran aussi. En fait, il faudrait que tu viennes me chercher après, parce qu'il y aura plus de bus. Je sais qu'Angelina travaille le mercredi après-midi alors...

Près de toi 1 - Madeleine Petit (Terminée)Where stories live. Discover now