Chapitre 16 : Essayer de rattraper le temps perdu

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Moi : C'est plus compliqué que ça, Harry, ripostai-je.

Harry : Mais c'est pourtant la vérité.

Moi : Elle ne se souvient pas de toi, c'est tout. Elle n'avait qu'un an, essayais-je de justifier.

Harry : Comment vais-je rattraper quatre ans dans les vies de nos filles? chuchote-t-il faiblement, pour lui-même.

Je lui prends ses mains pour le regarder profondément. Je ne pensais pas qu'un jour, je le rassurerais. Pour moi, il ne se réveillerait jamais.

Moi : Je suis là, et je vais t'aider. Ce sera long, mais je suis ta femme. Pour le meilleur ou pour le pire, je suis là. Jamais, je ne te quitterais. Alors, on va tout reprendre. Je vais te raconter ses quatre dernières années.

J'essaie de le convaincre. Je crois que j'essaie aussi de me convaincre moi-même également. À vrai dire, je ne sais pas si nous réussirons à rattraper le temps perdu.

Harry : Ça va nous prendre des années à tout reprendre. Nos filles ont cinq et six ans. Comment vais-je pouvoir reprendre ma place de père?

Moi : Tu n'as pas besoin de la reprendre, parce que tu l'as toujours été. Tu as toujours été avec nous. Toujours.

Harry : Leurs anniversaires, leurs Noël, leurs rentrées des classes, les premiers mots de Pheeby. J'ai loupé tant de choses, énumère-t-il avec de la souffrance dans la voix.

Je souris quand je repense à ce souvenir. Mais cela me rappelle également tous ce qu'il a loupé dans la vie de nos enfants. Ça renforce ma colère vis-à-vis de Mélissa et de Nathalie.

Moi : Le premier mot de Pheeby a été guitare, il reporte son attention sur moi. Ta guitare était posée sur son socle dans l'appartement, et un jour, Pheeby marchait dans le salon. Elle a aperçu ta guitare, et elle l'a prononcé. Comme si elle savait que c'était la tienne.

Il me regarde, ému. Ça me fait mal au cœur de devoir lui raconter tout ça. Parce qu'il n'était pas avec nous pour les vivres.

Harry : Elles ont beaucoup changées? chuchote-t-il.

Moi : Oui et non. Elles ont grandi. Elles parlent toutes les deux correctement, elles font du sport, Darcy de la gymnastique et Pheeby du judo. Elles vont à l'école, elles ont des copines. Mais elles ont toujours leurs visages de leurs naissances. Darcy a les cheveux si blonds et si soyeux, ces yeux sont d'un bleu si profond qu'on se noierait dedans. Pheeby, elle, elle a la même couleur de cheveux que moi. Je souris. Quelque chose qu'elle a hérité de moi, mais elle a tes yeux, moins profond. Cependant, quand je la regarde dans les yeux, je te vois. Il n'y a aucun doute, ce sont bien tes filles. À croire que tu les as faits tout seul, elles ne tiennent rien de moi, dis-je fière.

Il me regarde avec un petit sourire. Je sais que ça lui fait plaisir de savoir qu'elles lui ressemblent. Moi, je suis heureuse qu'elles ressemblent à leur père, elles sont tellement belles comme lui.

Moi : Écoute, j'ai une idée, ça fait quatre ans que je tiens un journal où j'écris chaque détail de chaque journée. Je peux te les donner et tu les lirais à ton rythme, sans te presser ni te bousculer.

Harry : Oui, d'accord, accepte-t-il.

Je me lève pour m'approcher de la boîte afin d'en sortir le premier journal. Quand je touche la couverture, toute la douleur que j'ai ressentie durant la première année remonte, ça a été l'année la plus dur, car j'ai dû m'habituer rapidement à vivre sans lui. J'avale la bile qui se renforce dans ma gorge. Je ne veux plus jamais revivre une douleur pareille. Prudemment, je retourne près du lit de mon homme, en tremblant légèrement. Je m'apprête à lui remettre la totalité de ce que j'ai ressenti pendant la première année sans lui.

Forever Love - Tome 3 [h.s]Where stories live. Discover now