Angelorum resonare

Dandy

- Jimmy, écoute-moi ! Lui criais-je en le suivant dehors.
Jimmy se stoppa net alors qu'il se trouvait près du lac. Le soleil tombait et les douces couleurs qui se reflétaient sur l'eau teintaient le visage de Jimmy. Les hautes herbes semblaient envelopper les bottes du jeune homme, dans une lente mélancolie. Jimmy serrait les poings, je ne l'avais jamais vu dans cet état. Alors que je m'approchais, je pouvais percevoir son regard embué et sa mâchoire serrée. L'ombre qui se dessinait sur son visage lui donnait un air fatigué. C'était émotionnel, pas physique. Jimmy était le pilier de la troupe, craquer est normal.
- Jim...
Je le pris dans mes bras en lui chuchotant :
- Fais moi confiance, s'il-te-plaît. Je ne veux pas te perdre toi aussi.
Son regard m'interrogea.
- Je suis orpheline. Je suis arrivée ici sans vraiment le vouloir mais ça a été la plus belle expérience de ma vie. Merci. Merci milles fois. C'est dur pour moi de parler de tout ça, je suis passée par des épreuves difficiles et...
- Alors, rien ne te retient. Tu peux rester avec nous ! Pourquoi partir ? Il s'écarta de moi brusquement.
- Parce-que je n'ai pas le choix. Si je ne pars pas de moi-même, on viendra me prendre à vous.
Jimmy me lança un regard noir et parti. Ses bretelles pendantes bougeaient au rythme de ses pas, puis l'ayant perdu du regard, je m'assis et observais l'eau claire. Quand tout à coup, je remarquais quelque chose d'étrange.
Je n'avais aucun reflet dans l'eau.
Je me relevais rapidement et courrais jusqu'à la tente d'Elsa, où j'étais certaine de trouver un miroir. Elsa n'était heureusement pas dans ses appartements, je réussis à me faufiler sans problème.
Prenant le miroir dans les mains, je réalise alors que je n'avais pas rêver.
Je n'ai aucun reflet.

Les jours passaient et la colère de Jimmy s'attenuait, même s'il ne m'adressait toujours pas la parole. Nous étions jeudi aujourd'hui et Dandy n'était pas encore arrivé pour la représentation, ce qui commençait à m'inquiéter. S'il ne se présentait pas après tout mes efforts, j'aurai de gros problèmes avec la troupe. Alors que tout le monde se préparait à entrer en scène, je vis enfin le jeune homme pointer le bout de nez. Il portait un élégant costume bleu clair rayé, et des chaussures de ville noires ébène. Quand il me vit, son visage s'illumina et il se dirigea vers moi.
- Dandy, enfin ! Nous allions commencer sans vous, lui dis-je d'un air contrarié. Dépêchez-vous !
- Attendez ! J'ai une surprise pour vous tous.
Il arborait un magnifique sourire. Il avait dû se préparer pendant des heures pour ce premier spectacle, au vu de ses cheveux parfaitement gominés et de la tension qui s'échappait de chaque pore de sa peau. Comment être en colère contre lui ? Il est tellement heureux.
- Venez tous avec moi dehors, s'il-vous-plaît, continua-t-il en nous montrant la sortie.
En marchant, j'observais les monstres de la troupe. Beaucoup semblaient étonnés ou dubitatifs. Elsa menait la troupe, tenant Pepper par la main.
En sortant, je découvris la surprise de Dandy. Et comme chacun d'entre nous, je suis restée bouche-bée.
Une dizaine de femmes de la haute société, accompagnées pour certaines de leurs enfants, attendaient à l'entrée du parc.
Dandy s'exclama :
- Merci encore de m'avoir donner la chance ! Ce sont des amies de ma chère mère, j'espère que la surprise vous plaît !
Elsa en avait les larmes aux yeux. Pour la première fois depuis longtemps, le spectacle aurait une bonne partie de la salle remplie. Et par la même occasion, les caisses également.
Nous avons accueilli ces familles, et le spectacle ne s'est jamais aussi bien passer. J'observais en silence le jeune homme tandis qu'il présentait les spectacles avec passion. Tu as marqué des points sur ce coup-là, Dandy.

Quand tout le monde fût parti, Elsa proposa à Dandy de rester dîner avec nous, ce qu'il accepta volontier.
Jimmy ne s'est pas montrer de toute la soirée, sûrement vexé du succès flagrant du nouveau membre de la famille.
Quant à Dandy, je n'avais jamais vu un homme plus heureux que lui, ce soir-là. Riant et s'exclaffant avec la troupe, il respirait le bonheur.
Vers 23 heures, je sortis de table et me dirigea vers ma tente, quand j'entendis des pas derrière moi. Prise de peur, je courus le plus vite possible jusqu'à la tente de Jimmy, quand une main m'attrapa le bras. Une autre main m'empecha de hurler en me bloquant la bouche.
- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur.
C'était Dandy.
- Je voulais te remercier encore une fois. C'est grâce à toi... Tout ça. Je n'aurais pas pu rêver mieux, me dit-il.
Il souriait.
- Je pense que tu le mérites. Et à ce que je vois, on se tutoie maintenant.
Nous fûmes prit d'un fou rire, puis, alors qu'il me souhaitait une bonne nuit, j'apperçu Jimmy qui nous observait.
Je suis rentrée dans ma tente, sans un regard pour lui.