Pour qu'à l'amour succombent les fleurs du Mal

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Les hurlements de douleur de Michael étaient déchirants. Il criait de toutes ses forces, cela fesant même ressortir ses veines. Il était couché sur le côté gauche, ses vêtements étaient teintés de sang et de transpiration. D'un coup, ses yeux se mirent à nouveau à saigner. Il souffrait tellement que son sang se mélangea à ses larmes. Alors que j'essayais de lui parler pour le maintenir éveillé, il se mit alors à tousser. De plus en plus fort. Puis, il se pencha vers le vide et commença à vomir. Du sang.
Je n'avais plus aucun sang froid. Michael était en train de mourir sous mes yeux.
Et je n'avais absolument aucun pouvoir sur son état.
Michael réussi à reprendre son souffle et essaya de me parler, avec difficulté :

- J'ai une lettre, dit-il en me regardant douloureusement. Elle est pour ma grand-mère. J'aurai voulu lui donner pour connaître sa réaction. Je t'en supplie, vas lui donner et dis moi ce qu'elle t'as répondu.
- Non ! Tu es fou, je ne vais pas te laisser seul ici !
- Je t'en supplie, si je dois mourir, dit-il en essuyant le sang qui sortait de ses yeux, s'il-te-plaît, je veux seulement connaître sa réaction. Fais ça pour moi.
- Michael, c'est hors de question, dis-je en me mettant à pleurer à chaudes larmes.
- Je te promets de rester en vie jusqu'à ton retour, dit le jeune homme dans un sourire forcé. C'est la seule chose que je te demande. Tu peux faire le voyage dans la journée.
- S'il t'arrive quelque chose...
- Je te promets que non. C'est important pour moi, s'il-te-plaît...

Je soupirais. C'était tellement douloureux de le quitter dans son état, même quelques heures. Je ne savais pas ce qu'il lui arrivait. Mais je devais obéir à sa volonté. Et me dépêcher.

- Fais attention aux sorcières, me dit Michael. Elles seront toujours sur leurs gardes.

Je repoussais sa frange du revers de la main. Sa fièvre n'avait pas baisser.

- Je ferai attention. Si je pars maintenant, je serai de retour un petit peu avant ce soir. Je prend la lettre. Je...

Je sortis la clé du bunker d'un tiroir.

- Je te laisse la clé, lui dis-je. Si je ne suis pas revenu demain matin, ferme le bunker.
- Tu reviendras.
- Je te laisse aussi mon arme. MistyDay me l'avait rendu en sortant du couvent des sorcières.

Le jeune garçon aquiesça silencieusement.

Je pris mon sac et me préparais. Je mis la lettre dans la poche sans même la regarder.

Avant de partir, je m'assis au chevet de Michael. Il dormait. Au moment de me lever, il m'attrapa le bras :

- Je t'aime, dit-il dans un souffle.

Je lui souris et lui embrassais le front. Sa fièvre avait baissé.
Je quittais le bunker en silence.














Voilà déjà deux heures que j'essayais de tenir un rythme de marche rapide, après m'être essoufflée à vouloir courir dès mon départ. Je me stoppais quelques instants et attrapais une bouteille d'eau dans mon sac. Il fesait une chaleur étouffante. La sortie du bunker avait déjà été difficile. Revoir la lumière du jour, sentir le soleil sur ma peau... Tout ce que Michael ne connaîtrait peut-être plus jamais. Après une petite pause, je me remis en route. La forêt me semblait moins hostile qu'à notre arrivée. J'étais à l'aurée de la forêt quand je trébuchais sur, ce que je pensais, être une branche. Une petite créature ailée, au visage enfantin, me tirait le bas de mon pantalon. Ma première réaction fût de reculer, prise de panique. Mais la petite chose semblait plus apeurée que moi. Elle se tenait les mains et voulait sans doute communiquer. Je voulus m'approcher mais la créature recula. Je la laissais donc approcher par elle-même. Je ne pouvais pas dire s'il s'agissait d'une fille ou d'un garçon, son visage pouvait correspondre aux deux. Cette petite chose ne devait pas excéder vingt centimètres, et arborait de longues et fines ailes dorées. Elle possédait également une longue queue qui se terminait par une feuille verte émeraude. Ses cheveux étaient coiffés comme ceux d'un petit ange et ses vêtements étaient semblables à une jolie fleur.
La petite créature s'avança alors vers moi, d'un pas léger :

- Auxilium... Tutela auxilium, dit la petite chose en me regardant.

Du latin. La petite créature parlait en latin. Auxilium... Les cours de latin me semblaient alors lointains.

- Habito in silva, dit la petite fée en se posant sur ma jambe.

«Auxilium ! C'est aide ! », pensais-je alors.

- Ubi est ille? Ubi est ille ? répétait la petite créature.

« où est-il ? Michael ? Parle-t-elle de Michael ?»

- Michael ? demandais-je à la fée.

La petite fée pencha sa tête en signe d'incompréhension. Je lui montrais alors la forêt. Comment me faire comprendre ? Je savais traduire le latin mais pas le parler. Et je devais vite aller en ville.
Je me relevais, encore sous le choc, et commençais à partir. La petite fée essayait de me retenir au mieux, mais elle abandonna, à bout de force.

- Mékaïl, Mékaïl ! se mit à crier la petite créature.

Je me retournais.

- Je vais faire mon maximum, oui ! Je vais le sauver, d'accord ? dis-je à la fée.

La petite créature s'envola, et je quittais la forêt d'un pas décidé. La petite chose se retourna alors vers Manon et l'observa quitter la forêt. Son magnifique visage de chérubin se transforma alors en visage hideux. Ses dents aiguisées prenaient à présent la moitié de son visage et ses yeux jaunes fixèrent la silhouette qui s'estompait au loin.












J'étais enfin devant la maison de Constance Langdon. Je me tenais face à la porte, soudain incapable de bouger. J'étais terrifiée. Terrifiée par la situation. J'étais devant la maison de la grand-mère tyrannique d'un garçon en train de mourir dans un bunker. Étrange contexte. Je toquais à la porte. Peu de temps après, je percevais des pas qui s'approchaient de la porte, puis Constance me fit face. Son visage souriant se changea en une grimace désagréable. Elle devait sûrement attendre quelqu'un d'autre.

- Vous êtes ? demanda-t-elle froidement.
- J'ai ça pour vous, dis-je en lui tendant la lettre.

Elle me regarda d'un air dédaigneux puis prit la lettre dans sa main. Elle me l'a rendit aussitôt.

- Je reconnais son écriture. Gardez-la, dit-elle en commençant à fermer la porte.

Je plaçais mon pied dans l'embrasure de la porte.
Elle releva le regard vers moi.

- Il est mort pour moi. Il n'est pas mon petit-fils.
- Il est vraiment mal en point, s'il-vous-plaît. C'est la dernière chose qu'il vous demande.
- Cet enfant est un monstre. J'ai essayé de l'aider plusieurs fois. Personne ne peut le sauver, dit-elle alors.
- Pourquoi ne pas l'avoir abandonné dans ces cas là ?
-  C'est la dernière chose qu'il me reste de mon fils... Mon petit ange, commença Constance...
- Il a toujours eu la marque derrière son oreille ?

Cette question sembla la perturber.

- Alors ? insistais-je. C'est drôle parce que, j'ai eu tout le loisir d'observer ces chiffres. Et en y réfléchissant bien, ils ressemblent plus à une marque au fer, qu'à une tâche de naissance.

Je lui tendis à nouveau la lettre.
Elle l'a prit et la retourna. Elle n'avait même pas encore ouvert la lettre que ce qu'elle lu sembla la paniquer.
Elle me l'a rendit.

- Elle n'est pas pour moi, dit-elle.

Je pris l'enveloppe et la retournais à mon tour.
« Manon, je suis désolé.»

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now