Dans le silence d'un regard

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Nous allions retourner au camp avec Jimmy, lorsque celui-ci paniqua.

- Merde, dit Jimmy.
- Quoi ?
- Je t'explique vite fait. Avant qu'on débarrasse la tente pour placer Oliver, c'était le débarras. Et actuellement, Dandy se dirige vers la tente. Il sait que tu es là, mais il n'est au courant ni pour le psychiatre ni pour ton petit, donc on a intérêt à courir, dit-il en accélérant le pas.

Nous avons fait le plus vite possible mais Dandy était déjà entré. Nous nous précipitèrent dans l'embrasure de la tente, lorsque nous vîmes Dandy, immobile face au landau de Gabriel. Oliver s'était placé devant.

- Dandy, fit doucement Jim. C'est un ami de Manon.

Je pris mon fils dans les bras tandis qu'Oliver salua le jeune homme.
Gabriel se réveilla.
Dandy s'approcha lentement tout en l'observant. Gabriel le regardait dans les yeux, sans le lâcher du regard.
C'est alors que Gabriel lui fit un immense sourire.
Dandy me regarda du coin de l'œil et se mit à la hauteur du bébé. Il lui prit sa petite main et fit mine de le saluer, déclanchant un éclat de rire du bambin.
Dandy avait la gorge serrée, il tentait de cacher ses émotions mais cela semblait trop difficile et il s'éclipsa.

La nuit était tombée. Je me faufilais dans la tente d'Oliver avec Gabriel qui s'était endormi.
Oliver, couché sur son lit, était en train de lire une revue de psychologie. Il fut surpris de me voir.

- Tout va bien ? me demanda-t-il en se redressant.
- Oui, bien sûr. Ça me fait juste un petit peu bizarre d'être toute seule de l'autre côté du camp.
- Moi aussi. L'hôtel était mouvementé. Ici, c'est vraiment calme, je n'arrive pas à trouver le sommeil, soupira Oliver.
- Je peux te demander un service ?
- Dis moi, dit-il en rangeant son livre.
- Tu veux bien me garder Gaby ? C'est l'histoire d'une ou deux heures tout au plus.
- Oui, tu veux te reposer ? demanda-t-il en prenant Gabriel de mes bras.
- Jimmy m'a proposé de le voir, dis-je en embrassant mon bébé sur le front. Et je lui ai dit que j'étais d'accord.

Oliver tourna les talons sans rien dire.

- Bon, euh... À tout à l'heure, finis-je par dire.
- Il ne ressemble pas vraiment au jeune homme que tu m'avais décrit. J'ai du mal à lui faire confiance, dit alors le psychiatre.
- Oliver, tu vas t'y faire. Tu t'acclimates facilement et ...
- Je parle de Jimmy, me coupa Oliver. Il y a environ trois heures, il est aller dans ta tente, alors je l'ai suivi. Il m'a dit qu'il voulait voir Gabriel et après l'avoir vu, il est parti en nous lançant un regard noir.
- Arrête de t'inquiéter. Je le connais, ça va aller, dis-je en l'embrassant sur le joue avant de quitter sa tente.

J'attendais Jimmy au bord du lac depuis une dizaine de minutes quand je le vis arriver, chancelant. Je me relevais et m'approchais de lui.

- Hey ! cria Jimmy.
- Chut, dis-je en le retenant. Tu as bu ? demandais-je en l'asseyant.
- Mais non ! dit-il encore plus fort.
- Parles moins fort ! Il y a des gens qui dorment ! chuchotais-je.
- J'men fout, dit-il en se couchant dans l'herbe.
- Qu'est-ce que tu as, à la fin ?
- Je l'ai vu, ton gamin. Il va briser des cœurs celui-là.
- Bon aller, je te ramène dans ta tente, dis-je en soupirant.
- Non, je rentrerai pas. Merde, t'as eu un gamin ! Je m'en remets pas.

Je me relevais.

- Quoi ? C'est ça le problème ? demandais-je froidement.
- Évidemment que c'est ça le problème ! cria Jimmy en se levant à son tour. Je t'ai attendu comme un con pendant un an et demi, je savais même pas si tu reviendrais un jour ! Et tu reviens seulement pour avoir un endroit où dormir ?
- C'est pas du tout ça. On est en sécurité ici, mon père veut enlever mon fils, je ne savais pas où aller ! Je suis désolée pour tout ce qu'il t'est arrivé, mais je ne suis pas responsable !
- Tu crois ? Et si tu nous avais pas forcer à garder Dandy au cirque, tu penses que tout ça serait arrivé ? Ouvres les yeux ! On ne vit plus, on survit seulement ! Une chose en entraîne une autre, et t'as peut être changé le cours des choses, ou je sais pas, moi !
- Sûrement et encore une fois, désolée pour toutes les personnes que tu as perdu. je pensais que tu me comprendrais, toi...
- Je comprends surtout que tu as eu un enfant ! Et ce mec, il était comment ? Tu voulais pas de moi parce que je suis un monstre, t'es comme les autres ! hurla le jeune homme.
- Ça n'a rien à voir, tu ne sais pas ce que j'ai vécu non plus ! Je me suis fait torturée, séquestrée ! J'ai vu des gens mourir moi aussi, j'ai appris que j'étais enceinte quand il est mort ! Il est mort seul, je n'étais même pas à ses côtés, et tu oses me dire que c'est toi le monstre ? dis-je en pleurant. Depuis qu'on est arrivé, tu as prit de haut Oliver, tu t'es immiscé dans ma tente pour voir mon fils ! Tu ne sais pas par quoi j'ai dû passer cette année !

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now