Bloody face

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Kit me réveilla en tapant contre le mur. Il semblait totalement surexcité et voulait à tout prix me dire quelque chose. Je me mis debout difficilement. Ce matelas n'était pas de première qualité, et mon dos en pâtissais.

- Aller, debout ! Vite ! criais Kit.
- Oui, oui. J'arrive, dis-je en plaçant ma main sur mon front.

J'étais brûlante. Ici, l'hygiène était inexistante. Ma plaie n'avait même pas été recousue, j'étais sûrement en train de faire une infection. Et dans ce genre de lieu, la septicémie peut arriver rapidement.

- Bon, que se passe-t-il, Kit ?
- Thredson est là ! Je l'ai vu passer dans le couloir !

Cette pensée me réveilla aussitôt. Les gardiens allaient bientôt nous laisser sortir pour aller déjeuner, je devais trouver le psychiatre pour tout lui expliquer.

- Tu t'es rendormie ?
- Mais non, je réfléchis, lançais-je à Kit.
- Le mardi, il est dans son bureau. Au deuxième étage, troisième porte à droite.
- Tu as l'air de bien connaître.
- Bien obligé, soupira Kit. Je suis forcé à aller aux séances avec le psy. Ils pensent tous que je suis Bloody face.
- Attends, Bloody face !?
- Non, non j'ai tué personne ! Je le jure, recommença le jeune homme.

Alors que Kit continuait son discours habituel, je restais figée sur ce nom. " Bloody face ". Évidemment que je connaissais ce tueur en série. À l'époque, à mon époque, tout le monde parlait de ce nouveau film où un horrible psychopathe tuait sans vergogne des innocents. J'aurai sûrement dû prendre la peine d'aller le voir.

- ... et c'est comme ça que c'est arrivé. Tu vois je suis innocent ! continuait Kit.
- J'ai compris, Kit. Pas besoin de me le répéter à chaque fois que je fais une remarque.

Les gardiens arrivèrent et nous liberèrent de nos cellules, en tout cas pour le temps du petit-déjeuner. Tout allait se jouer maintenant.










- Okey, alors troisième porte à droite, c'est ça ? demandais-je une dernière fois à Kit.
- Oui, mais fait gaffe. Jude traîne souvent au deuxième étage.
- D'accord, merci.

Kit commença à partir, mais je le rattrapais :

- Merci pour tout, lui dis-je en le regardant dans les yeux.

Il sourit et sortit de la pièce.
Je montais quatre à quatre les marches délabrés de l'entrée de l'asile. J'eu l'impression de revenir à l'hôtel Cortez à ce moment-là, avec ces escaliers interminables.
En arrivant devant la dîte porte, j'eu un moment d'arrêt. Devrais-je frapper à la porte ? Entrer sans toquer ? Tandis que je réfléchissais à la manière de faire, hésitant entre politesse et pression, la porte s'ouvrit miraculeusement devant moi, et Oliver, dans un halo lumineux, me fixait avec des yeux noirs.
Il me prit par le bras et m'entraîna rapidement dans son bureau.

- Tu n'aurais pas pu entrer directement ? N'importe qui aurait pu te voir, dit Thredson.
- Je n'ai pas oser.

Je crois que je le désespérais. Il sembla s'attendrir et me proposa de m'asseoir.
Il m'observa, puis s'approcha de moi. Il toucha mon front.

- Mais tu es brûlante ! Et tu n'as même pas été recousue. Je vais m'en occuper, ne bouges surtout pas.
- Non, je dois vous parler. Je sais comment récupérer le médaillon.
- Ne m'explique pas, c'est bon, je suis d'accord. Le plus important est de te soigner. Ma voiture sera garée tout les jours devant l'asile.
- On fait ça aujourd'hui, à 14 heures alors.
- De toute façon, tu as intérêt à le récupérer. March te tuerais sinon.











- C'est interressant ça, dis-je à Oliver. Vous le connaissez d'où James March d'ailleurs ?

Oliver détourna le regard. Si on ne vous a jamais recousu une plaie infectée, vous ne pourrez comprendre ma douleur à ce moment-là quand il tira légèrement trop fort sur le fil.

- Désolé, dit-il. C'est fini.
- Merci, ça me fait un soucis en moins, dis-je en riant.

Il s'assit près de moi et m'observa.

- James tient une sorte de réception tout les ans, et j'y suis convié. C'est comme ça que je l'ai connu.
- Oh, répondais-je en me relevant, je ne savais pas que James était médecin.

Je chancelais et failli tomber. Oliver me rattrapa en vol.

- Tu devrais rester assise encore quelques minutes, me dit-il. Et non, il n'est pas médecin. C'est une réception... Particuliere. Je t'en parlerai, un jour. Mais tu dois préparer tes affaires. Nous partons bientôt.

Oliver me raccompagna jusqu'à ma cellule, puis partit en me souriant.
J'eu alors un flash.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now