Toutes les étoiles qui brillent dans tes yeux

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Oliver était sûrement la personne qui m'était le plus fidèle. Nous avons une relation si complice, si spéciale. Il supportait mes humeurs, mes colères, mes nuits à pleurer. Et il restait là, assis sur une chaise à me tenir la main des heures durant. Oliver ne m'avait jamais abandonné, et il donnait le maximum de sa personne pour rattraper le temps perdu entre nous, ces années volées que nous aurions pu passer ensemble.
Peut-être que ma vie aurait été différente. J'aurai sûrement été dans les meilleures écoles du pays, j'aurai eu un père aimant, même envahissant ; je n'aurai jamais manqué de rien. Non pas que j'ai déjà manqué de quelque chose, je ne me suis juste jamais sentie à ma place.
Oliver donnerait sa vie pour moi. Ces choses se ressentent, ça se voit dans ses yeux. Et je l'aime du plus profond de mon âme.
C'est pour ça que je dois me ressaisir. C'est compliqué, mais je dois aussi penser à lui et à Gaby. Je ne peux pas être éternellement triste, Oliver à raison.
C'est à sa grande surprise qu'il me découvrit ce matin avec mon sac sur le dos.

- Qu'est-ce que tu fais ? me demanda-t-il, confus.
- Je vais aller m'excuser auprès de Dandy, dis-je spontanément.
- Attends qu'il revienne, tu vas pas partir toute seule.
- Si, bien sûr que si.
- Et je te dis que non, tu n'y vas pas seule.
- Alors maintenant tu t'inquiètes pour moi ? Lorsque vous m'envoyiez dans les bras du fils de Satan, personne ne s'inquiète, par contre je vais marcher dans la forêt et c'est l'Apocalypse ?
- Parle-moi sur un autre ton, s'il-te-plaît. Et ensuite, j'ai encore le droit de dire ce que je pense. Je me suis inquiété pour toi chaque secondes depuis ton départ, l'année dernière. Et là, je m'inquiète également.

Je soupire.

- Ok. Mais j'ai besoin de prendre l'air, alors laisse moi au moins une heure.
- Bien sûr, ma puce. Je garde Gabriel.

Je souris et sortis de la tente. Oliver pouvait bien rêver, j'allais chercher Dandy et ne reviendrai pas avant de l'avoir retrouver.









La nuit tombait et je n'avais toujours pas retrouvé Dandy. Oliver devait être en train de me chercher en paniquant. Je vais prendre un sacré savon en revenant. Et je commence vraiment à ne plus être à l'aise, toute seule dans la forêt.

- Sasha.

C'était juste un murmure, presque un soupir, mais cette voix me glaça le sang. J'étais persuadée de l'avoir entendu, mais il n'y avait personne. Mon esprit me jouait-il des tours ? Je n'étais plus sûre de rien.

Ça y est, il fait totalement nuit. Je suis tombée sur une immense bâtisse abandonnée et j'ai décider de dormir dedans. En entrant, j'ai été stupéfaite. Tout était magnifique. Je me serai cru au palais de Versailles, sauf que toutes les dorures étaient recouvertes d'une végétation luxuriante. C'était incroyable à voir, l'atmosphère était magique.
En traversant le long couloir de marbre, j'observais l'intérieur des pièces. L'une d'elle me marqua particulièrement : un arbre avait poussé à l'intérieur, tout près d'un magnifique piano à queue. La lune éclairait cette pièce et se reflétait sur les vitraux, illuminant de milliers de  couleurs les murs délabrés.
C'était apaisant.
Jusqu'à ce qu'une main se pose sur ma bouche. J'ai eu la peur de ma vie. C'était Dandy. Il me fit signe de me taire.
Mon coeur battait à mille à l'heure.

- Pas très discrète, me dit-il. Je te suis depuis une heure déjà. Je vois que tu as trouvé ma cachette.
- Ça fait des heures que je te cherche, au moins la prochaine fois je saurai où tu es, dis-je en souriant.
- Et pourquoi est-ce que tu me cherches ? demanda Dandy d'un ton nonchalant.
- Je voulais m'excuser...
- Écoute, là j'ai pas vraiment le temps, tu dois partir, me coupa-t-il.
- Quoi ? Pourquoi ?
- Tu dois rentrer, s'il-te-plaît.

C'est là que j'entendis du bruit. Ça venait de dehors.

- Je vois, tu attends quelqu'un ?
- Ça n'a rien à voir, dit-il froidement. Si tu veux rester, tais-toi.

Je le regardais avec étonnement.

- Regarde dehors, dit-il. Ça commence.








Je vis la chose la plus spectaculaire de ma vie. Des créatures horrifiques s'étaient réunies autour d'un feu. Ils étaient peut-être une quinzaine.
Ces choses n'avaient pas de visage. Leur corps était long et fin, d'une couleur d'écorce. Leurs doigts étaient semblables à des branches fourchues. Sur le haut de leur têtes de dressaient d'immenses bois de cerf.
Ils se mirent à tourner autour du feu, tout en murmurant des choses.
Ce spectacle m'effraya. Je regardais Dandy du coin de l'œil. Il était passionné. Je reculais légèrement.

- Qu'est-ce qu'il se passe là ? demandais-je doucement.
- Ça fait longtemps que je les observe. Je venais déjà ici, petit. Mais personne m'a jamais cru lorsque je racontais ce que je voyais. Alors, je n'ai plus rien dit.
- Mais c'est quoi ces choses ?
- J'ai entendu des histoires de Wendigos, et d'autres trucs dans ce genre. Mais je pense que c'est autre chose. C'est des créatures fantastiques, dit-il en souriant.
- Ça me fait peur, Dandy.

Il m'observa d'un air contrarié :

- Ils sont juste différents.

Nous avons continué à observer leur rituel en silence. Je pouvais sentir le souffle de Dandy dans mon cou, nous étions si proches.
Les créatures continuaient leur ronde étrange. Ça me donnait des frissons. Leurs murmures s'étaient transformés en étrange cri. Puis l'un d'eux apporta une biche. Ils l'egorgerent et burent son sang, fesant m'échapper un petit cri d'effroi.
Dandy essaya de me rassurer mais c'était trop pour moi :

- Qu'est-ce que tu cherches à la fin ? demandais-je, excédée.
- Je trouve ça fascinant.
- C'est horrible Dandy !

Mais quelque chose attira mon attention. Les créatures disaient quelque chose. Elles criaient presque. Je pouvais entendre ce mot répété des centaines de fois. Je demandais à Dandy ce qu'il entendait également :

- C'est la fin de leur rituel, m'expliqua le jeune homme. Ils terminent toujours avec ce mot, “ Mékaïl ”.









Je cru défaillir. Dandy m'attrapa juste à temps. Nous étions face à face. J'étais plongé dans son regard, lui non plus n'osait rien dire.

- Reviens au camp, s'il-te-plaît.

Dandy réfléchi.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, dit-il alors.
- J'ai besoin de toi, dis-je en passant ma main dans ses cheveux.

Il ne lâchait pas mon regard, c'était comme un duel. Le premier de nous deux qui baisserait les yeux. Ou qui céderai.

- Tu sais, je comprends que ça puisse être douloureux de perdre quelqu'un, me dit-il. Mais c'est pas pour ça que tu dois l'oublier. Je suis sûr qu'il est toujours là, qu'il veille sur Gabriel et toi. Finalement, c'est peut-être réellement devenu un ange. Votre ange gardien.

Je me mis à pleurer. Dandy me prit dans ses bras.

- Je connais un endroit magnifique, me dit-il. J'adorerai t'y emmener. Tu veux bien ?
- Avec plaisir, dis-je en essuyant mes larmes. On a toute la nuit devant nous.
- Tu ne veux pas rentrer ?
- Si, bien sûr. Mais pas maintenant, dis-je en m'approchant.

C'est comme s'il n'y avait plus aucun bruit, plus rien autour. Et que nos coeurs battaient à l'unisson.

- Pas ici, s'il-te-plaît, dit le jeune homme. Je me refugiais ici quand mon père... Enfin, tu sais.

Je lui souris de façon rassurante.

- Emmène moi dans ce si bel endroit alors.

Oui, c'était magnifique. Il s'agissait d'un petit lac dans une clairière. Les herbes étaient si hautes qu'on avait du mal à voir par dessus. Mais le plus beau restait à venir. Dandy m'emmena sur le ponton.
Un ballet de luciole dansait au dessus du lac, leur lumière se reflétait telles des petites fées qui s'affairaient.
La lune était magnifique et le ciel clair. Une légère brise balayait l'air chaud du printemps.
C'est à ce moment-là que Dandy me prit la main. Avec douceur, comme s'il aurait pu me casser.

- Je ne suis pas en porcelaine, dis-je en riant.

Dandy aquiesça :

- Au fond, si. Mais tu es trop fière pour l'admettre.

Cette phrase me fit sourire.
Puis, nous nous embrassèrent, enfin.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now