Deux points de mesure

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Jimmy s'assit sur le lit, je m'installais près de lui. Oliver endormait Gabriel. Jim nous regarda tour à tour :

- Il peut rester, dis-je en rassurant Jimmy.
- Ok, dit le jeune homme. Je vais vous expliquer. Environ un mois après ton départ, il y a eu un massacre. Tu te souviens que Dandy avait tuer sa mère ?
- Oui, je m'en rappelle, répondais-je.
- Vous parlez de Dandy Mott ? Le descendant d'Edward Mott ? déclara Oliver.
- Oui, pourquoi ? demandais-je en me tournant vers lui.
- Vous avez dit qu'on était en 1954 ? continua le psychiatre.
- Oui, et alors ? fit Jimmy.

Oliver marqua une pause.

- C'est impossible, souffla Oliver.
- Quoi ? dit Jimmy, qui commençait à perdre patience.
- J'ai étudié la famille Mott pendant mes études. Le dernier descendant était Dandy Mott. Il est mort en 1952, assassiné. En février, je crois.

Nous nous regardèrent intensément avec Jimmy.

- Tu crois que tu as changer le cours des choses en lui donnant une chance au cirque ? me questionna Jimmy.
- C'est possible, dis-je en réfléchissant. Mais alors, tu es aussi concerné Oliver puisque tu es ici.

Je me tournais vers Jimmy.

- Oliver vient des années soixante. 1964 plus précisément, lui dis-je.

Jimmy aquiesça.

- Bon, je t'explique, dit-il. On était en février et Dandy continuait de se cacher parmi nous suite au meurtre. Mais un jour, des dizaines de ploucs de la ville à côté sont venus. Ils étaient armés, ils voulaient venger Gloria, sa mère. Ils ont commencé à tirer de partout, il y en avait de plus en plus. On s'est défendu comme on pouvait mais... Plusieurs d'entre nous ont péris. Paul, Suzie, Regina, Bonnie... Et ma mère.
- Je suis désolée Jimmy, dis-je en le serrant dans les bras. Quel est le rapport avec Dandy ?
- En entendant le raffut, il est arrivé avec un fusil et il a tiré dans le tas. Un gars était en train d'égorger Amazon et il lui a tirer dessus. Le problème c'est que ...

Jimmy marqua une pause.

- La fille du gars l'avait suivi. La balle a traverser son père et a finit sa course dans la poitrine de la petite. Elle avait neuf ans. Elle voulait juste venir au cirque.

Mon souffle se coupa.

- Après ça, quelques gars nous ont rejoint. Ils ont vu qu'on était pas les méchants. Jeffrey, Andrew et Tom par exemple. Enfin, Tom n'avait rien à voir la dedans, il a été blessé dans l'action alors qu'il venait simplement chercher de l'eau dans la rivière à côté pour ses chevaux. Bref. Dandy a disparu pendant vingt jours suite à ça. Quand il est revenu, il était plus comme avant. Il a offert son manoir, son seul héritage, aux villageois, pour qu'ils promettent de ne plus jamais venir nous déranger.

Jimmy avait du mal à parler de tout ça, sa gorge était serrée.

- Voilà. Maintenant, dès qu'il voit des gosses, il part pendant deux, cinq, dix jours des fois. On sait pas où il va ni ce qu'il fait. Je crois qu'il a peter un câble. Mais c'est notre meilleur chasseur, on crève de faim. On a arrêter la troupe, on survit seulement. Grâce à la terre et la chasse, par exemple. Et c'est mon ami. J'essaie de faire attention à lui.
- Je suis vraiment désolée pour tout ce qui vous est arrivé. Mais Elsa, où est-elle ?
- Elsa, dit-il en souriant ironiquement. Elle s'est barrée, même pas deux semaines après ton départ. Avec un agent de cinéma, ou je sais pas trop quoi. Elle a embarqué Pepper.
- Je sais, dis-je tristement.
- Pour Dandy, continua Jim, il aime être seul. Essayez de pas trop l'embêter, il a besoin de solitude. Il est plus comme avant.







Jimmy venait de me livrer un an et demi de problèmes sur un plateau. Je ne savais même pas quoi lui répondre.

- Et toi ? Tu as eu un gamin, alors ? demanda Jimmy, sur la défensive.
- Oui, il s'appelle Gabriel, répondais-je. Il a bientôt un mois.

Jimmy aquiesça silencieusement.

- Et le père ?
- Il est mort, dis-je aussitôt. Il est tombé malade, en quelques sortes.
- Je suis désolé, dit-il à son tour.

Oliver ne me lâchait pas du regard. “Non, je ne vais pas dire que le père de mon fils était l'Antéchrist”, pensais-je.

- Tu crois qu'on peut rester un petit moment ? demandais-je finalement à Jimmy.
- Ouais, bien sûr. Je dirige tout ce petit groupe depuis le départ d'Elsa et la mort de ma mère. Enfin, j'ai pas voulu le diriger. Ça c'est fait tout seul. Un petit coup de main nous fera pas de mal, dit-il en regardant Oliver.
- Évidemment, répondit le psychiatre.
- Je vais vous présenter les autres, dit Jim. Ensuite, on préparera vos tentes. Oliver, vous pouvez garder celle-ci. Manon, on avait trouver un couffin il y a pas longtemps, on l'avait garder au cas où. Ta tente n'a pas bougée, ajouta Jimmy en me fesant un clin d'œil.
- Je ne suis pas trop pour le fait que nos tentes soient éloignées, finit par dire Oliver. Je dois protéger Manon et le petit.
- Vous êtes en sécurité ici, dit Jimmy en se retournant. Je vous montrerai où est sa tente.

Oliver soupira.

- Je garde Gabriel le temps que vous fassiez les présentations.
- Non, Oliver, viens... commençais-je.
- Je reste là, dit-il froidement.

Nous sortîmes de la tente avec Jimmy. Nous avons marcher jusqu'au champs, sans rien dire. C'est là que Jimmy décida de rompre le silence.

- On pourrait peut être se voir ce soir, pour discuter, non ? tenta Jimmy.
- Oui, au lac ?
- C'est d'accord, dit-il en souriant.









- Tiens, voici Jeffrey et Andrew, dit Jimmy en leur serrant la main.

Jeffrey était un homme robuste d'une cinquantaine d'années. Il portait les cheveux très courts. Ceux-ci étaient grisonnant aux tempes, mais cela lui donnait un charme. Il arborait une barbe bien taillée et un large sourire. Andrew, quant à lui, était plus mince et légèrement plus petit. Il avait une barbe de trois jours et les cheveux mi-longs, qui bouclaient à leur extrémité. Ses yeux bleus perçants semblaient lire en moi comme dans un livre ouvert. Il devait avoir environ cinq ans de moins que Jeffrey. Ils m'accueillerent avec joie.

- Enchanté, dirent-ils en coeur.
- Également, dis-je en leur serrant la main.
- Jeffrey et Andrew m'aident au champs. Tom est avec Dandy, on y va ? demanda Jim.
- D'accord, dis-je en saluant les deux hommes.

Nous avons marcher jusqu'à la cuisine, qui s'était également transformer en forge. Dandy me sourit lorsqu'il me vit arriver, puis il s'éclipsa.
Un homme d'une soixantaine d'années était assi à la table. Il avait de large lunettes et les cheveux blancs, dont il semblait prendre soin. Il semblait réellement sympathique.

- Bonjour, dit-il en se levant, très chaleureux.
- Attention à ta hanche Tom, dit Jimmy en se précipitant pour le rasseoir.
- Oh, ça va Jimmy, je t'assure ! Présente moi plutôt la demoiselle qui t'accompagne, dit-il en me souriant.
- C'est Manon, une amie.
- Ravi de te rencontrer ! dit-il d'une voix forte.
- Moi aussi, dis-je en lui rendant son sourire.
- Ma hanche, c'est là que j'ai reçu ma balle, lors de la Guerre du Manoir, dit-il, fier de lui.

Jimmy soupira :

- Arrête de l'appeler comme ça, Tom, dit Jimmy en levant les yeux au ciel. On s'est juste défendu.
- Et vous m'avez sauver ! Oh, je leur ai dit “ mon temps est venu, les jeunes, j'ai bien vécu. Laissez-moi mourir ici.”, mais Dandy, il a sorti la balle de la-dedans, dit-il en montrant sa hanche à nouveau. Ah ! Il a du sang froid, ce gaillard !
- Je vous aimes déjà, dis-je en riant à la vue du visage désespéré de Jimmy.

Tom s'approcha de moi :

- J'en ai des anecdotes sur ce petit, dit-il en montrant Jimmy. Sacré gamin, fit-il en me fesant un clin d'œil.

Je ris de plus belle, declanchant le rire de Jimmy.

- Et j'adore les enfants, finit par dire Tom. Si tu veux être peinarde un coup, emmène moi ton p'tiot, dit-il avant de s'atteler de nouveau à sa tâche.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now