Trait pour trait

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Nous sommes rentrer à l'aube, main dans la main, avec Dandy. Cette soirée avait été si romantique ! Nous nous échangions des regards complices et amoureux sur le chemin du retour.
Mais la magie s'envola lorsque je vis Oliver, des cernes sous les yeux et Gabriel dans les bras. Il me lança un regard noir et serra les dents avant d'entrer à une vitesse hallucinante dans ma tente. Je courrus vers lui tandis que Dandy expliquait aux autres, qui me cherchaient partout, que tout allait très bien.
En entrant dans la tente, je vis Oliver déposer Gabriel dans son landeau. Puis il prit sa valise et la jeta violemment sur le sol, et il commença à y fourrer ses vêtements rapidement.

- Oliver ...?

Il continua de jeter violemment ses affaires dans la valise.

- On peut discuter ? tentais-je.

Il ferma sa valise et se retourna, tout en me fusillant du regard :

- Toi, dit-il en me pointant du doigt, tu ne me parles pas !
- Mais Oliver ...
- Tu as gagner, je pars !

Il sortit précipitamment de la tente et commença à marcher. Je pris Gabriel dans les bras et le suivis.

- Non, attends !

Oliver marchait de plus en plus vite. Je déposais Gabriel dans les bras de Jimmy, qui observait la scène, sous le choc.

- Oliver, s'il-te-plaît !
- Je pars, d'accord ? Je me casse ! J'ai tout quitté pour toi, j'ai quitté ma vie, mon travail, tout ! criait le psychiatre. Je déteste être ici, et tout le monde me déteste aussi ! J'ai tout fait pour m'intégrer, j'ai essayé milles façons de me faire apprécier ici, mais rien ne fonctionne ! Et toi qui pars sans me prévenir ! Et s'il te serai arrivé quelque chose ? Tu y as penser à ça ? Ton fils n'a déjà pas de père, mais réveilles toi ! Il aurait été totalement orphelin, je m'en serai occupé, et si Rudolph nous retrouvait ? Qu'est-ce que j'aurai pu faire ? hurlait-il de plus en plus fort.
- Je suis revenue saine et sauve !
- Tu as trahi ma confiance, tu m'as mentis ! Et tu oses encore me regarder dans les yeux ?

Oliver continua de marcher. Ce regard qu'il m'avait lancer était pire que tout. Je lisais une profonde déception dans ses yeux.
Je me mis à lui courir après, je ne voulais pas le laisser partir. Tout le monde était sûrement en train de nous regarder, mais pour l'instant rien ne comptait plus pour moi qu'Oliver.

- Ne me laisses pas, s'il-te-plaît ! dis-je en lui attrapant le bras.

Il se détourna et continua de marcher. Je tombais sur les genoux, en pleurs. Oliver ne pouvait pas partir, pas lui. Mais il s'éloignait, et je ne pouvais rien y faire. J'aurai pu lui courir après des heures entières que ça n'aurait rien changer. Il avait prit sa décision.








Je suis revenue vers le camp et personne ne m'a rien dit. Jimmy avait déposé Gabriel dans son lit tandis que Jeffrey et Andrew m'avaient apporté un thé. Les jours qui suivaient, Tom m'a proposé de garder Gabriel afin que je puisse me reposer. Je n'ai pas accepté tout de suite, mais cela semblait lui tenir vraiment à cœur. Quant à Dandy, il passait ses journées à chercher Oliver, en vain.
Moralement, je ne tenais plus debout. J'aidais à la cuisine et aux champs toute la journée pour me changer les idées, mais comment oublier l'absence d'Oliver ?
En juin, Gabriel a fêter ses quatre mois. Tout le monde était très heureux, il a reçu beaucoup de présents. Ils sont tous au petit soin avec lui.
Mais toujours aucun trace d'Oliver. Depuis deux mois maintenant.
Avec Dandy, on prend notre temps. On fait '' tente à part '' comme ça l'amuse tellement de le dire. Pour être sincère, il n'est jamais là, il passe ses journées à chercher Oliver. Donc nous avons décidé d'interrompre le tout début de notre relation en attendant que ça aille mieux. Dandy ne voulait pas que notre histoire commence par un scandale. Je le comprends, j'ai assez donné avec Michael.
Je suis persuadée que la prochaine personne que je vais perdre est Dandy. Je perd les gens que j'aime. Et c'est horrible.
Il y a bien une bonne nouvelle : nos rapports se sont améliorés avec Jimmy. Il ne boude plus comme un enfant gâté dès que je prononce les noms '' Michael '' ou '' Gabriel '', ce qui est déjà une bonne chose. Et quoiqu'il dise, il aime vraiment mon fils. Il s'en occupe très bien, c'est adorable de les observer tout les deux.
Mais aujourd'hui est un nouveau jour. Nous sommes le 7 juillet et je fête mes dix-neuf ans. Et Dandy n'est toujours pas rentré.








Je regardais mon petit ange dormir paisiblement. J'hallucinais de voir la longueur de ses cheveux alors que je lui avait déjà coupé une fois. De longues boucles dorées encadraient son visage de chérubin. Il ouvrit les yeux et m'observa avec ses immenses yeux bleus avant de sourire. Comme s'il m'avait souhaiter mon anniversaire.
Je sais que c'est faux, bien sûr. Mais ça me fait plaisir de penser cela.
Son calme était consternant. Je n'avais jamais vu un bébé pleurer si peu. J'ai l'impression qu'il rend heureux les personnes qui l'entoure.
Ça a été dur, les quelques jours qui ont suivi le départ d'Oliver. Gabriel n'arrêtait pas de pleurer, mais silencieusement. C'était très perturbant de voir ça. J'avais beau essayer de le promener ou de jouer avec lui, je sentais cette tristesse constante dans son regard, comme s'il s'attendait à le voir surgir à l'entrée de la tente à n'importe quel moment.
Mais il n'est jamais venu.

- Allez mon cœur, on va s'habiller, dis-je en le prenant dans mes bras. Tu es magnifique mon chéri, tu es aussi beau que ton papa.

C'est à ce moment-là que le petit garçon releva la tête, comme en signe d'étonnement.
Curieuse, je décidais de continuer cette discussion :

- Ton papa s'appelait Michael. Je pense que tu peux savoir maintenant, tu es grand. Il a même laissé une lettre, je pourrais te la lire.

Il me sourit sincèrement, je pouvais voir un début de dents de lait pousser, bien que ce soit très tôt pour son âge.

- Il était grand et blond, avec des beaux cheveux comme toi. Vous avez exactement les mêmes yeux. À chaque fois que je pose le regard sur toi, c'est lui que je vois, vous vous ressemblez comme deux gouttes d'eau.

Mon petit Gabriel n'avait jamais été aussi attentif. Il se blotti contre moi, pendant que je continuais :

- Papa a protéger pleins de fois maman, il lui a même sauvé la vie. Eh oui ! Il était très courageux. Tu peux en être fier, mon cœur. Ton papa était un très grand magicien, mais personne ne le comprenait. Il pouvait faire des choses incroyables et j'espère que tu heriteras de son don pour la magie. Il avait un sacré caractère aussi ! Il était très impulsif, presque incontrôlable parfois. Et d'autres fois, il pouvait être très calme. Il s'asseyait sur le sol et il écrivait ou jouait de la guitare. Je t'achèterai une guitare, quand tu seras grand, si tu veux, dis-je en lui embrassant le front.

Le petit garçon fit un petit bruit d'exclamation et se replaça au creux de mon bras :

- Même s'il n'est plus là, ça reste ton papa. Personne ne prendra jamais sa place, même si maman aime quelqu'un d'autre. Je n'aimerai jamais personne comme je l'ai aimer lui. C'était l'homme de ma vie. Et je suis sûre qu'il t'aime énormément, peu importe où il est à présent. Tu le rendras fier, mon chéri.

Les yeux du petit garçon se remplirent de larmes, puis elles coulèrent silencieusement.

C'est à ce moment-là que la porte s'ouvrit. Dandy m'observa avant de se passer la main dans les cheveux.
Il avait tout entendu. Il ressorti aussitôt.

- Dandy... dis-je en le suivant, Gabriel dans mes bras.

Je sortis de la tente et le découvris entouré de toute la troupe. Et à côté de lui, Oliver.

- Bon anniversaire, me dit tristement Dandy.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now