Des fleurs de lys blanches sous un ciel de crystal

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Deux semaines étaient passées depuis notre arrivée au cirque. Dandy n'était pas encore rentré de son expédition, mais cela ne semblait inquiéter personne. Je n'avais plus adresser la parole à Jimmy depuis le dernier soir, et celui-ci m'évitait au maximum. Évidemment, je voyais dans ses yeux qu'il mourrait d'envie de venir me parler, mais je le fusillais du regard dès qu'il tentait quelque chose.
Gabriel, quant à lui, grandissait vite. Il était très malin et ses cheveux poussaient à une vitesse affolante, je serai bientôt obligée de lui couper ses petites boucles dorées.
C'est surtout Oliver qui m'inquiétait. Cela fesait plusieurs jours qu'il ne sortait plus du tout de sa tente, il mangeait à peine et ne me rendait même plus visite. Je me décidais à  aller le voir, ce matin.
J'ouvrais délicatement les portes improvisées de sa tente et entrais. Oliver était assi sur son lit de camp, observant une fourmi qui marchait près de ses chaussures de ville. Il releva la tête en me voyant, la mine triste.
Je m'assis près de lui et posais ma tête sur son épaule :

- Dis moi ce qu'il se passe, Oliver, dis-je doucement.

Le psychiatre soupira.

- Je n'arrive pas à m'y faire. J'ai essayé plusieurs fois de parler aux membres de cette communauté, mais ils m'evitent tous. Je leur ai dit que j'étais psychiatre, que je pouvais les aider s'ils voulaient, ou juste discuter s'ils préféraient. Et ils me fuient comme la peste.
- Ça va aller, c'est le temps de t'adapter et... commençais-je.
- Il n'y a pas que ça, coupa Oliver. Mon métier, mes patients me manquent. J'essaie d'aider comme je peux sur le camp, mais je vois bien les regards qu'on me lance.
- De quoi tu parles ?
- Jimmy par exemple, il se moque de moi parce que je n'ai emporter que des costumes et des chemises.

Je ne pu m'empêcher de sourire, ce qu'Oliver prit très mal :

- Ce n'est vraiment pas drôle, dit-il froidement.
- Excuse-moi, dis-je en riant. Ne changes rien, tu es parfait, ajoutais-je en le prenant dans les bras.

“ Venez, criait quelqu'un dehors, Dandy est rentré ! ”.
Je pris Oliver par la main.

- Aller, viens, c'est Dandy Mott, dis-je en lui souriant.

Oliver regarda par terre sans bouger. Je me rassis à ses côtés.

- Oliver, y a-t-il quelque chose d'autre qui te manque ?
- Non, bien sûr que non, dit-il en se reprenant. Je suis avec Gabriel et toi, je n'ai besoin de rien d'autre.

Il se leva et commença à sortir, je le rejoignis rapidement :

- Promets-moi que ça va, dis-je en le forçant à s'arrêter.
- Ça va, dit-il en m'embrassant sur le front.









Dandy esquissa un sourire lorsque nos regards se croisèrent. Lorsqu'il eu terminé de distribuer son butin, qui comportait des animaux morts ainsi que des boîtes de conserves, possibles produit d'un troque avec un quelconque chasseur ou marchand, il posa ses armes de chasse. Suite à quelques regards appuyés de membres de la troupe, Oliver décida de rentrer pour s'occuper de Gaby. Dandy s'avança vers moi :

- Comment va Gabriel ? me demanda-t-il dans un sourire.

Je lui rendis son sourire.

- Il va très bien, il a bientôt un mois. Il grandit tellement vite, dis-je en baissant mon regard.
- J'ai un cadeau pour lui. Il m'a fallu deux lapins pour le payer.

Je le regardais avec un drôle d'air avant qu'il n'ajoute :

- L'homme a qui j'ai vendu les lapins m'a donner de l'argent en échange, et ensuite, appuya le jeune homme, ensuite j'ai été dans un magasin de jouets.
- Alors viens, dis-je en riant. Il doit être réveillé.

Nous avons marché jusqu'à ma tente. Oliver fût supris de nous voir entrer, lui qui était en train de donner le biberon à Gabriel.

- J'ai l'impression de perdre toute crédibilité, dit-il en se levant pour serré la main à Dandy.
- Pas du tout, répondit-il en souriant. J'ai quelque chose pour toi, dit-il en regardant Gabriel.

Il sortit de son sac un petit ours en peluche, que Gabriel s'empressa de prendre dans ses mains. Dandy sourit en l'observant jouer.

- Vous vous en occupez vraiment bien, dit finalement le jeune homme en s'adressant au psychiatre.
- Je sers à quelque chose ici, au moins, ajouta Oliver en regardant le bébé dans ses bras.

Nous échangions un regard avec Dandy. Celui-ci prit la parole :

- Manon m'a dit que vous vous intéressiez à ma lignée.

Les yeux d'Oliver se remplirent d'étoiles. Il remit Gabriel dans son berceau et se précipita vers un petit carnet dans son sac.

- Oui effectivement, dit-il en feuilletant son carnet. J'ai beaucoup de questions à vous poser...
- Je vous laisse ! dis-je en partant. Amusez-vous bien !









Gabriel fesait la sieste dans mes bras quand Dandy me rejoint.

- La nuit va bientôt tombée, me dit-il. J'ai proposé à Oliver de dîner avec les autres, mais il refuse. Il est obstiné, ajouta-t-il dans un sourire.
- Il n'arrive pas à trouver sa place, surtout.
- Je le comprend. J'ai vécu la même chose, et toi aussi.
- Non, j'ai tout de suite été acceptée. Toi, tu as vécu l'enfer, dis-je en me tournant vers lui.

Dandy sourit ironiquement.

- Oui, dit-il froidement. J'ai vécu l'enfer.
- Il y a quelque chose que j'ai du mal à comprendre, lui dis-je en le regardant. Si tu te sens mal ici, pourquoi est-ce que tu restes ?

Dandy releva la tête vers le ciel. La nuit était tombée très vite et une légère brise agitait ses cheveux rebelles.

- C'est de ma faute, tout ce qu'il s'est passé. Je suis arrivé au cirque, puis j'ai tué ma mère et le massacre s'en est suivi. Je me sens responsable de leur sort. J'essaie de participer, de leur apporter de quoi survivre, mais ça n'efface pas ma culpabilité, ajouta le jeune homme en regardant l'horizon. Le pire, c'est que...

Dandy marqua une pause et il fronça les sourcils en laissant ses doigts jouer dans les hautes herbes.

- C'est que, rien n'aurait pu changer, continua-t-il. Oliver m'a expliqué que selon l'histoire, je suis mort dans un scandale, en 1952. Je suis arrivé un beau jour dans le cirque, après avoir été rejeté et avoir tuer ma mère, et j'ai assassiné de sang froid presque tout ces pauvres gens.

Il posa son regard sur moi. Presque deux ans plus tôt, j'avais connu un jeune homme à l'âme ténébreuse, mais pourtant à l'humeur enjouée. À présent, j'avais devant moi un homme au coeur meurtri. Ses yeux en disaient plus long sur lui que tout les cours d'histoire de l'époque d'Oliver.

- Dandy... Commençais-je.
- Et j'ai toujours détester mon prénom, me coupa le garçon en se forçant à rire. J'envie tellement Jimmy.

Je l'observais avec tristesse. Vu de l'extérieur, on pourrait se demander comment un jeune héritier puisse dégager une aura aussi mélancolique. Mais, au fond, il avait raison. Jimmy était né avec une malformation physique, mais sa mère l'avait aimé, il avait eu des amis et s'était recréé une famille grâce au cirque. Dandy était né avec une toute autre malformation, dont il ne pourrait jamais guérir non plus. Et un énorme mal d'amour.
Le regard de Dandy se posa sur Gabriel.

- Je peux le prendre ?
- Bien sûr, dis-je en lui tendant le bébé.

Dandy prit délicatement le petit dans ses bras. Son regard se fit plus doux lorsque Gabriel se réveilla de sa sieste et l'observa silencieusement.

- Je peux le garder ce soir, si tu veux, proposa Dandy. Si tu souhaites passer du temps avec Oliver, ou aller voir Jimmy.
- Merci, et je t'en pris, ne me parles pas de Jimmy.
- Pardonnes lui. Pas pour lui, mais pour toi. Crois-moi, ça ne vaut pas la peine de garder de la colère inutile pour soi.

Je réfléchis soudain.

- Mais, tu n'as pas de tente ici, non ? Demandais-je au jeune homme.
- Non, répondit-il, je dors plus loin. Mais ne t'inquiètes pas, je garderai Gabriel dans ta tente ou celle d'Oliver. Mais promets-moi de réfléchir pour Jimmy.

Je souris alors.

- C'est promis. Mais laissons-le s'en vouloir encore un petit peu, ajoutais-je en riant.

Angelorum resonareWhere stories live. Discover now