Comme le ferait le vent sur tes cheveux défaits, grandir prendra du temps

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Nous étions épuisés. Voilà une heure que nous nous étions remis en route, Michael, MistyDay et moi. Nous marchions dans le silence depuis notre petite discussion. Tandis que Misty marchait en première ligne, transpirante d'angoisse, Michael lui, s'était éloigné. Il gardait un bon rythme de marche, même si son visage semblait plus pâle que celui d'un albinos. Le sang semblait s'être arrêté de couler de son nez mais la fièvre ne l'avait pas quitté. Nous étions en milieu de matinée lorsque nous entendîmes un bruit sourd. En me tournant, je pouvais voir Michael allongé dans les feuilles, inconscient. MistyDay eu le même réflexe que moi : nous nous mîmes à courir vers lui. Alors que Misty lui enlevait le sac et la guitare de son dos, je voulus relever sa tête lorsque quelque chose tira ma manche. L'espace d'un instant, je crus voir une petite créature ailée sur mon bras. Sûrement la déshydratation qui me fesait halluciner.
Je me remettais au travail. Je relevais la tête de Michael et toucha son front. Je retirais aussitôt ma main. Il était si brûlant que je m'en étais fait mal. Misty me regarda d'un air inquiet.

- On est presque arrivé, dit-elle. Il faut qu'on l'emmène.

Misty prit la guitare sur le dos, et moi, son sac en plus du mien. Nous avons prit Michael par les bras pour le relever, et l'avons tenu chacunes d'un côté. C'est alors qu'un papillon noir se posa sur la main gauche du jeune homme. Il semblait nous observer. Puis, il s'envola.

- Misty, comment tu connais cet endroit ? demandais-je à la jeune femme alors que nous marchions difficilement.
- J'habitais dans cette forêt avant que Cordelia ne me trouve. Enfin plutôt Zoé, mais peu importe. J'ai donc eu tout le loisir de la visiter, dit-elle en riant. Et je vous ai trouver l'endroit parfait pour être en sécurité. Je l'avais amenager, je me doutais qu'il servirait un jour. Ton père ne te trouvera jamais, ni les filles.
- Ok, je te fais confiance.

Misty me regarda gravement.

- Je crois que vous n'avez plus d'autres choix que de me faire confiance.












- On est arrivé ! dit fièrement la jeune sorcière blonde.
- Tu te moques de moi ? dis-je en regardant autour de moi.

En effet, il n'y avait que de la végétation. Et très dense.
Misty me fit signe de l'aider à déposer Michael. Elle se précipita alors sur le sol et commença à gratter la terre.
« Nous avons fait confiance à une folle », pensais-je, à bout de nerfs. En plus de ça, Michael était toujours inconscient.
Elle revint alors vers moi, l'air ravi et les mains pleines de terre.

- C'est là, dit-elle en me montrant quelque chose.

Un bunker.

- Je l'ai trouvée lors d'une expédition pour aider un jeune faon. Il doit dater de la seconde guerre mondiale. Tout est propre, ne t'inquiètes pas, dit-elle en reprenant Michael d'un côté.

Je fis de même.

- Vous serez en sécurité, continua-t-elle. J'ai... dit-elle en cherchant quelque chose dans ses poches, j'ai ceci.

Elle me montra une clé noircie.

- C'est la clé du bunker, ajouta Misty. Et si je vous emmène ici, c'est vrai qu'il y a   une autre raison que vous sauver.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? dis-je en posant mon sac.
- Je peux pas laisser la fin du monde se dérouler. Je veux pas voir mourir mes soeurs, dit-elle en pleurant.
- Attend, c'est quoi ton idée Misty ? dis-je en l'attrapant par les épaules.

Elle se mit à pleurer à chaudes larmes puis lâcha :

- Si vous êtes enfermés, dit-elle dans un sanglot, alors plus personne n'aura de soucis à se faire.

J'étais en colère, évidemment. Mais ce n'était pas une si mauvaise idée. Le plus important pour l'instant était de ramener Michael.

- Si Michael est enfermé, ajouta MistyDay, il ne pourra pas provoquer la fin du monde. Mais il sera en vie. Et toi aussi. J'étais forcée de t'emmener aussi. Michael aurait essayer de s'échapper s'il était seul. Là, vous serez deux. Mais je te laisse la clé au cas où, si quelque chose ne va vraiment pas avec Michael. S'il ne revient pas à lui...
- Attend, tu pars maintenant ?
- Je vais t'aider à t'installer et je pars, oui. Elles vont se douter que c'est moi.

Je souris ironiquement. Je ne savais plus quoi penser de Misty.
Je pris les sacs et les rentrèrent dans le bunker.
Il était bien plus grand que je ne le pensais. Dès lors, je pouvais voir un salon et une cuisine. Je posais les sacs sur le canapé en observant cet endroit.

- Je t'avais dit que je l'avais amenager, dit Misty en arrivant derrière moi.

Je la dévisageais et remonta.
Nous prîmes chacunes d'un côté Michael et le descendirent. Misty m'indiqua la chambre.
Nous le déposèrent lourdement sur le lit, à bout de force. Il était toujours aussi brûlant.

- J'y vais, dit-elle d'un air gêné.
- Attend, dis-je en fouillant dans mon sac. Tiens.

Je lui tendis la boîte de chocolat qu'elle nous avait offert.

- Reprend-la.
- Je suis désolée, tu le sais Manon...
- Misty, il fallait être honnête dès le départ. Oui, tu nous sauves la vie. Mais tu nous as clairement menti. Les yeux dans les yeux.

Elle remonta les escaliers en pleurant et referma le bunker. Je fermais à clé derrière elle. Et cachais ensuite précieusement la clé.










- Manon ?

La voix de Michael me réveilla. J'avais dû m'assoupir quelques heures. Au final, je ne savais pas combien de temps exactement puisqu'il nous était impossible de voir la lumière du jour.
Le jeune homme me regardait. Il semblait avoir reprit des couleurs.

- Où est Misty ? Et on est où d'ailleurs ?
- Elle est partie, et on est dans un bunker.
- Quoi ?
- Pour nous protéger. Elle est sûre que tu ne causeras pas l'apocalypse, au moins, dis-je en riant ironiquement.

Michael fronça les sourcils.

- Donc on est enfermés ?
- Pas vraiment. J'ai la possibilité d'ouvrir ces portes mais je pense que la meilleure chose à faire est de rester ici pour l'instant. Les sorcières nous cherchent et mon père aussi.
- Je veux pas que tu sois bloqué ici par ma faute, dit-il alors.
- Je ne suis pas plus en sécurité que toi dehors, alors ne t'inquiètes pas.

Le jeune homme aquiesça.

- J'ai visité, c'est sympa, dit-il enfin. On est en sécurité, on a plus besoin de fuir ici. Première fois de ma vie.

Il se mit à rire. Je me relevais et lui toucha le front. Ça allait mieux. Nous étions alors face à face. Ce moment sembla durer une éternité. Je passais ma main dans ses cheveux.

- C'est fou comme tes cheveux poussent vite, dis-je en souriant. Je peux te les couper, si tu veux.
- Non, non, dit-il en repoussant sa frange. J'aime bien, comme ça.
- Tu as l'air d'un petit prince.
- Un prince des ténèbres, alors, dit Michael en explosant de rire.
- Dis pas ça, dis-je en lui tapant l'épaule. Vas donc te débarbouiller.

Il se leva et soupira.

- Je dois ranger ma chambre aussi ?
- Michael ! dis-je en riant.

Il se mit à rire à son tour. Il commença à partir puis revint sur ses pas. Il se pencha alors vers moi et m'embrassa sur la joue. Puis, il repartit.
Je devais sûrement être écarlate à ce moment-là.
Il y avait même des armoires dans la chambre. Je deballais nos bagages. Le stress redescendait, même si j'étais extrêmement déçue du comportement de Misty.
Tout était à sa place. Une bonne demi-heure de rangement et on avait l'impression d'être chez nous.
Michael arriva dans la chambre, tout propre et s'ebouriffant les cheveux avec une serviette.

- Tu vas être surprise, dit-il. Il y a même des produits douche.
- Bon, à moi dans ces cas-là, dis-je alors.

On était à la maison. Enfin.

Angelorum resonareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant